Valery Arzoumanov : un compositeur puissant et original

 

Valery Arzoumanov est né en 1944 en Russie à Kotchmes, près de Vorkuta, ville minière dans le nord ouest de la Russie, au nord du cercle polaire arctique.

Valery Arzoumanov
St Petersbourg 2017

Il est actuellement professeur honoraire au Conservatoire National de Région à Rouen.

Ses parents avaient été déportés en 1936 près de Vorkuta comme "ennemis du peuple".

Il a vécu dans ce goulag jusqu'à l'âge de 14 ans.

à Vorkuta 1955

à Leningrad en 1964

Il a pu ensuite étudier le violon et la composition à l'Ecole spéciale de Musique de Leningrad où il obtient son Prix de Composition en 1968 et il commence à enseigner la composition au Conservatoire de Leningrad.

à Leningrad en 1973

Ayant émigré en France, de 1974 à 1978 il parachève sa formation auprès d'Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris.

Valery Arzoumanov est officiellement réintégré en 1991, avec la perestroïka, dans l'Union des Compositeurs de Russie et sa musique est de nouveau régulièrement jouée dans son pays d'origine par de nombreuses formations et dans les salles les plus prestigieuses.

Valery Arzoumanov est à la tête d'un catalogue de plus de 270 oeuvres, allant de l'opéra à la musique de cinéma.

Les oeuvres de ces dernières années révèlent une prédilection pour la musique de chambre et les pièces pour piano, violon, violoncelle, voix, choeurs.

Le compositeur Anthony Girard a écrit :"Valery Arzoumanov a construit, en marge des courants de la seconde moitié du XX° siècle, une oeuvre puissante et originale, dans l'héritage de Moussorgski et de Chostakovitch, l'influence de Messiaen et des musiques traditionnelles de l'Inde. 

Profondément imaginative, nourrie par la nostalgie de la Russie, sa musique parcourt la multitude des émotions humaines et témoigne d'une âme profonde."

Sa musique, souvent intense et dramatique est habitée par le souvenir de ses années d'enfance, et l'ombre de la terreur stalinienne.

Ecoutez ici Op. 125 : "Musique romantique pour alto, orchestre à corde et cloche d'église".

Ecoutez ici Op. 114 "Sermon sur la Montagne"pour Choeur mixte et violon.

Ecoutez ici "Quintet in memory of my homeland" pour deux violons, viole, violoncelle et piano.

Ecoutez ici Op. 15 a "Trois valses nostalgiques"pour violon et piano.

Arzoumanov à Biarritz en 1980

Valery Arzoumanov, un compositeur puissant et original, créateur d'une musique intense et dramatique, à découvrir absolument : voir son site ici.

Olive Edis, portraitiste et première femme photographe de guerre

 

Olive Edis, pionnière de la photographie de portraits en Grande Bretagne, a acquis une grande notoriété pour avoir laissé un témoignage essentiel sur le rôle joué par les femmes sur le front de l'Ouest peu après la première guerre mondiale: ici.

Olive Edis
1976-1955
Autoportrait autochrome

Olive Edis est née à Londres dans une famille qui comptait plusieurs photographes.

Sa mère lui offre son premier appareil photo en 1900, et c'est son père médecin qui lui transmet son admiration et son respect pour les travailleuses.

Olive Edis devint une femme d'affaires prospère qui posséda plusieurs studios photographiques à Londres. et dans le Norfolk.

Olive Edis

Olive Edis fut l'une des premières femmes photographes à utiliser le procédé des autochromes développé par les Frères Lumière en 1903 : ici.

Elle devint membre de la Royal Photographic Society en 1914.

Elle a photographié des personnalités influentes du début du XX° siècle : Thomas Hardy, George Bernard Shaw, David Loyd George, le futur roi George VI, etc,...

Le futur George VI

George Bernard Shaw

Mais en plus de ses modèles célèbres, elle a réalisé de magnifiques portraits de pêcheurs, que j'apprécie particulièrement.

"On n'est un vrai photographe

que si l'on parvient à montrer

l'intérieur de la personne

et pas seulement ce qui l'entoure"

Pendant la première Guerre Mondiale, Edis défend la cause des femmes britanniques qui participent à l'effort de guerre, les photographiant dans des usines d'armement.

La permission de se rendre sur le front de l'Ouest ne lui est accordée qu'en 1919, ce qui a amené Edis à s'intéresser aux conséquences de la guerre et à la pandémie de grippe espagnole.

Elle a été la première femme reconnue comme photographe de guerre et nombre de ses clichés font partie des collections de l'Imperial War Museum : ici (en anglais).

Olive Edis, une pionnière fascinante de la photographie dans les années de guerre.

Christian Boltanski : un artiste remarquable qui a "fait son temps"

 Christian Boltanski, l'artiste plasticien hanté par la mémoire et la mort, vient de nous quitter, à 76 ans: ici .

Christian Boltanski
6/9/1944-14/7/2021

Il a "fait son temps", comme on dit.

Mais, "Faire son temps" était également l'intitulé d'une exposition qui lui était récemment consacrée par le Centre Pompidou (13 novembre 2019-16 mars 2020) : ici .

Boltanski, photographe, sculpteur, cinéaste et avant tout connu pour ses "installations",  était en effet une des grandes figures de la création de notre temps, et en ce sens, il aura marqué notre époque, et "fait" son temps, notre temps.

Les "installations" de Boltanski explorent la disparition et l'absence.

Christian Boltanski, hanté par la mémoire et la mort, a su faire converser le monde des vivants et celui des disparus.

Fruit de son histoire personnelle et de son rapport à l'Histoire et à la Shoah, son oeuvre interroge le public et le met souvent mal à l'aise.

Son ombre intelligente, subtile, grave mais aussi pleine d'humour ne nous quittera pas.

Christian Boltanski était considéré comme l'une des figures majeures de l'art contemporain.

Christian Boltanski devant son installation
Monumenta "Personnes"
au Grand Palais en 2010

Lors de notre visite en Sarre sur le site historique de l'usine sidérurgique de Völklingen, nous avions été saisis par une installation de Christian Boltanski.  Voir à la fin de ma note du 21 octobre 2019, ici .

Ecoutez ici Christian Boltanski parler de l'importance et de la fragilité des existences humaines, dans l'émission de France Culture "L'Art et la Mémoire" (14 nov 2019).

Hommage à Axel Kahn, un homme vivant

 

Axel Kahn est décédé mardi 6 Juillet, à l'âge de 76 ans, deux mois après l'annonce de sa maladie : ici.

Axel Kahn
Scientifique, médecin généticien et essayiste
1944-2021

Axel Kahn préférait considérer la mort comme une expérience, un ultime moyen de se définir.

"C'est intéressant, comme expérience : on ne vit qu'une fois, et ensuite on est mort. Je me demandais quelle serait mon attitude en m'approchant de la mort ; voilà, je m'en approche et je le vis.

Je ne le fais pas en chantant, j'aime la vie, mais je ne le fais pas non plus dans la terreur, je le fais avec détermination.

C'est une période très importante de ma vie."

Cinq jours après la mort de son frère Axel Kahn, Jean-François Kahn, le fondateur du journal Marianne,  lui a rendu hommage sur LCI : il a décrit un homme serein et prêt à mourir et son attitude se rapprochait du stoïcisme.

"C'était extraordinaire, à une semaine de la mort, le plaisir qui se lisait dans ses yeux à la vue d'un bon Bourgogne et d'un bon Comté.

"Finalement, il n'a jamais dit "je meurs",  il disait "j'ai vécu". "Je meurs", c'est un arrêt, mais ce qui est formidable, c'est qu'on a vécu! Si on meurt, c'est qu'on a vécu!"

Mercredi 23 Juin 2021, Axel Kahn était l'invité de "La Grande Librairie", pour présenter son dernier livre: "Et le Bien dans tout ça ?" (Stock).

Voir ici "Le dernier message d'Axel Kahn".

Axel Kahn : un homme vivant!

Werner Strub : un stupéfiant créateur de masques théâtraux

 

Werner Strub, né à Bâle,  était un sculpteur de visages, un créateur de masques stupéfiants pour le théâtre.

Werner Strub
1935-2012

La Fondation Bodmer, à Cologny, près de Genève, présente, en prolongations jusqu'au 8 Août 2021, les créations étonnantes de Werner Strub pour Gozzi, Euripide, Jarry, Brecht, Musset,...

La Fondation Martin Bodmer, que nous nous promettons de visiter, est une bibliothèque patrimoniale exceptionnelle, inscrite au Patrimoine mondial de l'Unesco, un lieu de recherches et un musée privé prestigieux qui abrite une grande collection de manuscrits autographes et d'imprimés : 150 000 pièces: voir ici et là.

La Fondation Bodmer

Cette fondation fait partie des magnifiques Fondations et Musées suisses, tels que la Fondation Beyeler à Bâle, la Fondation Gianadda à Martigny, la Fondation de l'Hermitage et le Musée de l'Elysée à Lausanne, le Centre Paul Klee à Berne, le Musée Jenisch à Vevey, le Musée Barbier-Mueller à Genève, et j'en passe: voir ici.

Le Masque pour L'Illusion Comique
de Pierre Corneille

Le Masque du Père Ubu
d'Alfred Jarry

Le Masque de l'Oiseau Vert
de Gozzi

Werner Strub s'établit à Genève à l'âge de vingt ans.

Il découvre à la fin des années cinquante les masques en cuir d'Amleto Sartori, point de départ de sa vocation.

Amleto Sartori
1915-1962

Un masque d'Amleto Sartori

Strub débute alors un patient apprentissage de l'art d'en fabriquer.

Il réalise ses premiers masques pour Rosaura de Goldoni que met en scène Marc Fayolle en 1966.

Il imagine des masques complets englobant toute la tête de l'acteur et révélant les caractéristiques psychologiques et sociales des personnages.

A Berlin, au Deutsches Theater, il prend conscience du rôle déterminant que peut jouer le matériau sur le pouvoir d'expression du masque : cuir, tissus, herbes, paille, fleurs séchées,...

Il conçoit aussi des masques translucides, en fil et en ficelle ou en tissus très légers où les yeux et la bouche sont peints.

De nombreuses expositions lui ont été consacrées en particulier au Centre Culturel Suisse de Paris (2002), ainsi, donc, qu'à la Fondation Martin Bodmer.

Les masques stupéfiants, extraordinaires de Werner Strub auront enchanté les scènes européennes.

Voir ici la visite de l'atelier de Werner Strub.

Werner Strub dans son atelier