Suite à ma note (ici) rendant hommage au légendaire danseur de tango Juan Carlos Copes, qui nous a quittés le 16 janvier 2021, je ne pouvais pas ne pas évoquer un autre mythe argentin, le chanteur-compositeur Carlos Gardel.
Carlos Gardel serait né en 1890 à Toulouse, ... ou en Uruguay, et est mort en 1935, à 44 ans, au sommet de sa gloire, en Colombie, près de Medellin, dans l'accident d'un avion où il avait pris place.
Carlos Gardel 1890-1935 Photographie colorisée de 1933 |
Carlos Gardel, déjà une légende de son vivant, est devenu un mythe après sa mort : il est en effet considéré comme la figure la plus importante du tango de la première moitié du XX° siècle.
Son oeuvre et sa voix sont d'ailleurs classés "Mémoire du Monde de l'Unesco" depuis 2003, qui présente officiellement l'artiste comme "un chanteur argentin né en France".
Quoiqu'il en soit, Carlos Gardel appartient désormais au monde entier.
La qualité de sa voix et sa mort prématurée sont les éléments qui feront de lui un Mythe populaire.
Sa voix a attiré tous les publics, et son charme et sa prestance ont fasciné les femmes, tant il était chaleureux et séduisant.
Carlos Gardel incarne désormais le Tango!
Certaines de ses chansons ont été composées pour des films dans lesquels il chantait ou jouait.
Certains titres comportent des changements de tempo en fonction des sentiments qui se dégagent.
Mais le tango argentin garde une liberté de rythme qui lui est propre et qui fait son charme et sa sensualité.
Les musiques et les danses de la communauté noire issue de l'esclavage dans la région du Rio de la Plata constituent l'un des piliers fondamentaux de la genèse du tango, le nom lui même étant d'origine afro-américaine.
Le négrier appelait "tango" le lieu où il parquait les esclaves avant l'embarquement.
Quand les esclaves noirs avaient fini de travailler, ils criaient "Tango!" et se mettaient à danser.
Les rythmes et les pas viennent également des figures du candombe, un genre musical qui s'est développé dans la région de l'Uruguay, et qui trouverait son origine dans les rythmes de l'Afrique Bantoue.
Scène de candombe a Montevideo dans les années 1870 |
Les argentins ont repris cette danse.
A l'aube du XX° siècle, en période d'immigration massive, les femmes étaient rares, et ce sont surtout les hommes qui dansaient le tango entre eux, le tout sur fond de nostalgie du pays éloigné, de pauvreté, du désir inassouvi.
Hommes s'entrainant à danser le tango dans une rue de Buenos Aires avant d'aller au bal |
L'ethnomusicologue Michel Plisson s'amuse à résumer le résultat de ce métissage qu'est le tango :"Une rythmique afro, des musiciens italiens jouant sur des instruments allemands, des mélodies d'Europe de l'Est, avec des paroles qui viennent des zarzuelas espagnoles."
Quoiqu'il en soit, on peut dire que l'alchimie du tango s'est produite dans les bas-fonds et les bordels de Montevideo et de Buenos Aires.
A noter que l'une des plus belles salles de danse à Paris, le Bal à Jo, rue de Lappe, dans le 11°, fut décoré en mode kitsch et dédié à la mémoire de Carlos Gardel, en 1936.
Cette salle est toujours fréquentée et a gardé sa décoration d'origine.
L'entrée du Bal à Jo |
On y danse encore le tango argentin.
Ecouter ici "Volver" ("Le Retour", 1935).
Ici : "Por una cabeza" (1935).
Ici : "La Cumparsita".
Ici : "Adios Muchachos".
Ici : "Mi noche triste".
Et là, dans le film "Cuesta Abajo" de 1934.
Statue de Carlos Gardel à Toulouse |