samedi 20 avril 2024

Ahmet Altan : "Madame Hayat", un hymne à la liberté

 

Né en 1950, Ahmet Altan est un des journalistes les plus renommés de Turquie. Son œuvre de romancier est traduite en plusieurs langues. Ici.

Ahmet Atlan
 

Accusé pour implication présumée dans la tentative de putsch manqué du 15 juillet 2016, Ahmet Atlan a été emprisonné plus de quatre ans à Istanbul avant d'être libéré le 14 avril 2021 sur ordre de la Cour de Cassation de Turquie. 

La veille, la Cour Européenne des Droits de l'Homme avait condamné l’État Turc pour la détention arbitraire du journaliste.

Après Comme une blessure de sabre (Actes Sud 2000), et L'Amour au temps des révoltes (Actes Sud 2008), ses textes de prison ont fait l'objet d'un recueil intitulé Je ne reverrai plus le monde (Actes Sud 2019), couronné par le prix André Malraux. Voir ici.

Madame Hayat (Actes Sud 2021), un roman flamboyant,  a été écrit lors de sa détention arbitraire dans la prison de haute sécurité de Silivri, à l'ouest d'Istanbul. Voir son interview par le Monde des Livres ici.

 Jusqu'à ce jour, Ahmet Altan vit en résidence surveillée dans son appartement d'Istanbul, sans autorisation de quitter le territoire turc.

Ce livre a été couronné par le Prix Femina étranger et rencontre un magnifique succès dans la presse et en librairie, mais il n'a pas pu être publié en Turquie. Voir ici et .

"C'est en marchant dans la cour de ma cellule, pendant des heures, que j'ai créé le personnage de Madame Hayat. Je suis amoureux d'elle. C'est quelqu'un qui a conscience de l'absurdité de l'existence mais ne renonce pas à en jouir: une sorte de sage sensuelle.

C'est une femme concrète, réelle. Avec sa sensualité, son ironie, sa manière de s'assoir, de marcher, de rire, de danser. Elle aime les hommes, et en même temps se moque de leurs ambitions mondaines, au sens de "temporelles", de "séculières"."

Ahmet Altan signe, avec "Madame Hayat" son plus beau roman : un hymne à la liberté. 


Voir une vidéo ici à propos de ce livre.


"La force qui ravage tout", la nouvelle comédie musicale tout feu tout flame de David Lescot

 

"La force qui ravage tout", que j'ai pu voir au TNN à Nice (Salle de La Cuisine), est une comédie musicale sur l'art et la place qu'il occupe dans nos vies, produite par la Compagnie du Kaïros (ici)

 


Le texte, la musique et la mise en scène sont de David Lescot : ici.

David Lescot

"La force qui ravage tout" est une comédie musicale explosive portée par la même équipe de comédiens-chanteurs et de musiciens qui avait présenté au TNN en 2022 "Une femme se déplace".

"A la sortie d'une représentation de l'Orontea de Cesti, opéra italien du XVII° siècle, les spectateurs se mettent à se comporter de manière de plus en plus étrange et imprévisible.


 

Ils rebattent les cartes de leur vie sentimentale et se mettent à soumettre tous les autres aspects de leur existence au règne de l'amour.


 C'est l'amour désormais qui régit leurs comportements, leur mode de vie ou leurs choix professionnels.

 

Selon une construction chorale, nous les suivons les uns et les autres durant cette première nuit (blanche pour tous), puis au cours de la journée qui suit et jusqu'à la nuit d'après.


 

Au fil de ce temps continu se déroulent leurs histoires et leurs bouleversements, les relations qu'ils nouent, celles qu'ils brisent, celles entre eux resurgies du passé ...




 

... situations absurdes, renversantes, drôles ou tragiques, mais qui laisseront leurs vies sens dessus dessous. (David Lescot)


 "Un LaLaLand contemporain aux allures de chamboule-tout étonnant et drôle." (Elle)

"Une frénésie émotionnelle, ravageuse et euphorique" (Théâtre de la Ville)

"Un spectacle enflammé, drôle et profond, chanté et dansé, qui pose aussi la question de la place qu'occupe l'art dans nos vies." (H. Le Tanneur)

 Présentation du début de la comédie musicale : ici.

Et même : écouter ici l'Orontea de Cesti.

Un grand bravo à toute l'équipe pour cette étonnante et magnifique prestation !

 


vendredi 12 avril 2024

Théâtre : le Cid, magnifiquement adapté et mis en scène par Frédérique Lazarini

 

Frédérique Lazarini nous a offert une mise en scène vibrante, claire, à la fois austère et énergique du Cid de Pierre Corneille, au Théâtre Artistic Athévains, Paris 11°. 

Ce spectacle y est donné jusqu'au 28 avril. Courez-y vite! Voir ici.


Le Cid est une pièce écrite par Corneille en 1637, à l'époque de Louis XIII, qui raconte une histoire d'amour et de guerre située longtemps auparavant, au 11° siècle, en Espagne. Voir ici.


Dans cette pièce, bien connue des collégiens et des lycéens, s'affrontent les élans de l'amour et les exigences de l'honneur guidé par le pouvoir des pères.

 


L'élégante mise en scène de Frédérique Lazarini (ici)  exprime le coeur d'un éternel tragique qui emporte les personnages dans un cycle de vengeances liées à l'honneur et aux liens du sang.

Frédérique Lazarini

Ce Cid resserré, sans l'infante et sa suite, ni les gentilshommes castillans, joué souvent l'épée à la main,  condense l'affrontement entre les élans de la passion amoureuse et le sens du devoir, de manière limpide et implacable.

 



Deux jeunes comédiens incarnent Rodrigue (Arthur Guézennec) et Chimène (Lara Tavella), ces deux héros confrontés au défi effrayant de naître à eux-mêmes et de se faire reconnaitre par leur communauté, pris entre des figures paternelles très fortes.


 

"L'une des trames du Cid est celle de cet affront, cette humiliation exigeant réparation, cette gifle qui blesse l'orgueil, bafoue l'honneur et appelle la vengeance.


Un soufflet qui, aussi dramatique que symbolique, déclenche un processus de vengeance chez les aînés et plonge la jeunesse dans un dilemme qu'elle devra traverser, entre les mailles d'un système patriarcal et archaïque, dans la souffrance et le déchirement creusés par leur passion juvénile." (Frédérique Lazarini)

Le Cid fait partie de nous et de notre inconscient collectif. Nous ne cessons de vibrer pour ses répliques!

"Notre compagnie en propose une version baroque, poignante et profondément méditerranéeenne qui fait la part belle aux rites et à l'action, à un personnage féminin, Chimène, affirmé et audacieux, à l'initiation de ces jeunes héros qui embrassent leurs fonctions, conjurant la mort, choisissant l'honneur, défiant l'autorité de l'Etat et appelant l'amour sans en pouvoir jamais contrôler toute la dimension passionnelle." (Frédérique Lazarini)

Ce chef d'oeuvre, magnifiquement interprété, nous a offert 1h30 de vrai plaisir théâtral : du coeur, de l'audace et du souffle.

Un grand bravo à toute l'équipe de Frédérique Lazarini!

Voir ici le teaser du spectacle.

samedi 6 avril 2024

Théâtre : "Les Fourberies de Scapin" de ...Muriel Mayette-Holtz

 

Au Théâtre National de Nice, Muriel Mayette-Holtz nous a donné une mise en scène originale, vivante et fort réjouissante, en mode punk-rock déjanté, de cette célèbre farce de Molière.

Au plateau, une station-service en plein désert, une 2CV, une éolienne rouillée ...
 

Ruses et quiproquos emmèneront la troupe dans des querelles de haut vol.


"Cette farce de Molière est intemporelle car elle met en scène la bonté des gens de peu, la fourberie naturelle des humains, bon vivants mais malins, généreux mais brutaux.

Cette fable est rocambolesque et l'on peine à croire à tant de hasards.

Mais la beauté de cette pièce est justement dans la capacité des protagonistes à imaginer leur vie plus folle et mouvementée que la misérable réalité de leur existence".(Muriel Mayette-Holtz).

Muriel Mayette-Holtz

Muriel Mayette-Holtz est comédienne, metteure en scène, a dirigé la Comédie Française, l'Académie de France à Rome à la Villa Médicis. Elle est directrice du Théâtre National de Nice depuis novembre 2019 et dirige également la Villa Ephrussi de Rothschild à Saint-Jean Cap Ferrat depuis janvier 2023 : ici.

 "Muriel Mayette-Holtz s'est surpassée dans cette version punk-rock de Scapin. Elle s'amuse des mots, des situations burlesques et signe une comédie survoltée définitivement contemporaine" (Olivier Frégaville-Gratian d'Amore)

"Tous sont épatants, et le public, ravi de rire autant, les applaudit à tout rompre" (Caroline Boudet-Lefort)

Les acteurs, tous extraordinaires : Bénédicte Allard, Augustin Bouchacourt, Cyril Cotinaut, Alexandre Diot-Tchéou, Félicien Juttner, Roméo Mariani, Eve Pereur, Laurent Prévot.

 



 Voir ici un aperçu de cette mise en scène sympathique, déjantée, originale et fidèle en tous points au texte de Molière.

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At the Théâtre National de Nice, Muriel Mayette-Holtz gave 
us an original, lively and very enjoyable 
staging, in crazy punk-rock mode, 
of this famous Molière farce.

On the plateau, a gas station in the middle of the desert, 
a 2CV, a rusty wind turbine...
 

Ruses and misunderstandings will lead the troop 
into high-level quarrels.

“This farce by Molière is timeless because it depicts 
the goodness of lowly people, the natural deceitfulness of humans, 
good-natured but clever, generous but brutal.

This fable is incredible and it is hard to believe in such coincidences.

But the beauty of this play lies precisely in the ability 
of the protagonists to imagine their lives crazier and 
more eventful than the miserable reality 
of their existence” (Muriel Mayette-Holtz).


Muriel Mayette-Holtz is an actress, director, directed 
the Comédie Française, the French Academy in Rome 
at the Villa Medici. She has been director of 
the Théâtre National de Nice since November 2019 
and also directs the Villa Ephrussi de Rothschild in 
Saint-Jean Cap Ferrat since January 2023.
“Muriel Mayette-Holtz has outdone herself in 
this punk-rock version of Scapin. She has fun with words, 
burlesque situations and creates a definitely 
contemporary high-energy comedy” 
(Olivier Frégaville-Gratian d'Amore)
 
 “Everyone is amazing, and the audience, delighted 
to laugh so much, applauds them wildly” 
(Caroline Boudet-Lefort)
 
The actors, all extraordinary: Bénédicte Allard, Augustin Bouchacourt, 
Cyril Cotinaut, Alexandre Diot-Tchéou, Félicien Juttner, 
Roméo Mariani, Eve Pereur, Laurent Prévot.

 


vendredi 5 avril 2024

Photographie : Henri Dauman, The Manhattan Darkroom

 

Cette nouvelle exposition au Musée de la Photographie Charles Nègre de Nice ravive le New -York des sixties (Jusqu'au 26 mai 2024 : courez-y si vous êtes à Nice!).

Portrait de Jane Fonda, New-York, 1963
 
 

"The Manhattan Darkroom" est la rétrospective du travail inédit du photographe français  Henri Dauman, créée en 2014 au Palais d'Iéna à Paris et au Musée Nicéphore Niepce de Chalon-sur-Saône.

Henri Dauman, 1933-2023

 

Cette rétrospective niçoise marque la dernière collaboration avec le photographe, décédé le 13 septembre 2023 à New York.

Henri Dauman est né à Montmartre et décédé à Long Island. Voir ici sa biographie.

Près de 170 photographies emmènent le public dans un voyage à travers l'histoire récente des Etats-Unis.

Henri Dauman se fait l'écho de toutes les transformations qui prennent forme sur la scène dynamique et conquérante de New-York, tant au niveau artistique (Andy Warhol, Merce Cunningham, Philip Glass,...) que politique (J. F. Kennedy).

Andy Warhol, The Brillo Box, New-York, 1964



JFK et Jackie

Tout s'accélère dans les années 1960 : les femmes, les afro-américains et les minorités manifestent.

La guerre froide, 1961

"The Manhattan Darkroom" est plus qu'une simple exposition photographique, elle est un mémorial de l'Amérique moderne.


Le chômage des jeunes, 1963


Miles Davis, 1960

L'Amérique est une fascination, mieux, même, une sidération pour le jeune photographe.

Les premières images attestent de l'étonnement du jeune homme devant la puissance et l'élégance architecturale de la ville.


Cette sidération et cette effervescence, je les ai ressenties lors de mon premier voyage à New York, alors étudiant, en 1963.

Funérailles de JFK, 1963

Ses portraits féminins sont emprunts d'une tendresse toute particulière :


Ce sentiment de proximité on le retrouve parfois chez des personnages masculins pour lesquels on ne s'y attendrait guère.



L'oeuvre photographique et la vision d'Henri Dauman apportent un nouveau regard sur l'Amérique.


 

Par la justesse de son regard, il nous raconte le visage contrasté du doute, de la lutte et de l'espoir.


 

Henri Dauman nous livre des images magnifiques et inédites.

Henri Dauman, New-York, 2022 par Roland Smith

 Voir ici la vidéo de présentation de cette très belle exposition.

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This new exhibition at the Musée de la Photographie Charles Nègre in Nice revives 

the New York of the sixties (until May 26, 2024: go there if you are in Nice!).


"The Manhattan Darkroom" is the retrospective of the unpublished work 
of French photographer Henri Dauman, created in 2014 
at the Palais d'Iéna in Paris and at the Nicéphore Niepce 
Museum in Chalon-sur-Saône.


This Nice retrospective marks the last collaboration 
with the photographer, 
who died on September 13, 2023 in New York.

Henri Dauman was born in Montmartre and died on Long Island. 

Nearly 170 photographs take the public on a journey 
through recent American history.

Henri Dauman echoes all the transformations that are taking shape 
on the dynamic and conquering scene of New York, 
both artistically (Andy Warhol, Merce Cunningham, 
Philip Glass,...) and politically (J. F. Kennedy).

Everything accelerated in the 1960s: women, African-Americans 
and minorities demonstrated.


“The Manhattan Darkroom” is more than just a photographic exhibition, 
it is a memorial to modern America.


America is a fascination, even better, 
a stunner for the young photographer.

The first images attest to the young man's astonishment 
at the power and architectural elegance of the city.

I felt this astonishment and excitement during my first trip 
to New York as a student in 1963.


His female portraits are imbued with a very particular tenderness:

This feeling of closeness is sometimes found in male characters 
for whom we would hardly expect it.


The photographic work and vision of Henri Dauman provide 
a new look at America.


 Through the accuracy of his gaze, he tells us the contrasting 
face of doubt, struggle and hope.


Henri Dauman gives us magnificent and unique images.