mercredi 9 juillet 2025

Wilson Bigaud : un maître de l'art naïf haitien

 

J'ai eu l'occasion, lors de mon récent séjour à New York, de découvrir et d'admirer au MoMA (Museum of Modern Art), une toile de Wilson Bigaud, intitulée "Murder in the Jungle" (1950).

 

Murder in the Jungle

Wilson Bigaud est un maître de l'Art Naïf haïtien, une figure emblématique reconnue internationalement pour ses peintures vibrantes qui reflètent la vie, la foi et la culture de Haïti. Voir ici.

Wilson Bigaud (1931-2010)

 Ses thèmes principaux sont la vie quotidienne en Haïti, la culture vaudou, les festivals, les carnavals, les scènes de marché, les veillées funéraires,...

 

Combat de coqs

 Il utilise dans son travail des couleurs subtiles, une perspective et des volumes accentués, et une palette lumineuse. 

Couple
 

Ses tableaux témoignent d'un profond attachement à son pays, à ses traditions, à sa spiritualité et à sa vitalité.

Rites vaudou

 

Son œuvre majeure, la fresque "Les Noces de Cana" (1950) mêle éléments de la vie quotidienne haïtienne, la jungle, les rites vaudou, les mystères, la pauvreté, des scènes bibliques et la musique, incarnant l'essence de son art. 

Les noces de Cana

Wilson Bigaud, après sa mort à 85 ans laisse derrière lui un héritage artistique empreint d'une humanité profonde, continuant d'inspirer et de fasciner. Voir ici.


lundi 7 juillet 2025

Hyuro, street-artiste argentine, à Paris 11° : des portraits sans visages, mais criants d'humanité

 

Nous pouvons admirer à Paris, dans le 11°, très précisément 7 rue Desargues, non loin de Belleville, une œuvre posthume de la street-artiste argentine Hyuro (Tamara Djurovic, 1974-2020). Voir ici.

Il s'agit d'un superbe mural représentant une cheffe d'orchestre vue de dos.

A Paris XI°
Sa fresque a été réalisée d'après une esquisse originale choisie dans le cadre du budget participatif de Paris, dans le but d'embellir un logement social, puis exécutée en 2021 par ses amis et confrères street-artistes Escif et Axel Void, après son décès, en hommage à son travail.

L’œuvre figure parmi les 100 plus belles fresques de street art au monde, selon "Street Art Cities".

Hyuro souhaitait que cette cheffe d'orchestre symbolise la musique intérieure de chacun, nous encourageant à "composer la mélodie parfaite de nos vies"...un beau programme!

Ses fresques monumentales sont disséminées à travers le monde de l'Espagne, à Paris, aux Pays-Bas, au Brésil...

Vila-Real, Espagne

 
Heerlen, Pays-Bas

Cotignola, Italie

Tout est suggéré, dans ses œuvres, avec une sensibilité surréaliste : on y admire souvent des portraits sans visages, mais criants d'humanité. Voir son site ici

Le sujet qui lui tenait le plus à cœur : la cause féminine.

 

Yves Brouqui Quartet au Duc des Lombards, à Paris

 

J'ai eu le grand plaisir d'aller écouter, il y a quelques jours, Yves Brouqui et son Quartet au Duc des Lombards à Paris.


 


 

Yves Brouqui est un guitariste français réputé, aux influences swing, blues, bop. Voir ici.

Sa carrière s'étale sur plus de 40 ans, avec des années new-yorkaises marquantes. 

Yves Brouqui

 

Il était accompagné de Spike Wilner au piano, musicien américain bien ancré dans la scène new-yorkaise, Paul Gill à la contrebasse, un sideman recherché à New York, et Joe Strasser à la batterie.

Spike Wilner

 

Cet ensemble explore habilement un répertoire mêlant compositions originales, arrangements personnels de standards, et hommages à d'autres musiciens.

Yves Brouqui a une approche toute en nuances, où chaque note compte, dans l'esprit des grands guitaristes modernes. 

On note une complicité palpable et une alchimie entre Brouqui et Wilner, profondément enracinée dans leur collaboration new-yorkaise.

Un formidable concert, une guitare inspirée, de belles improvisations : un quartet qui nous a offert un jazz raffiné et mur, dans le cadre mythique du Duc des Lombards, avec son excellente acoustique, et son ambiance intimiste! 

Ecouter ici Yves Brouqui Quartet au Sunset, un autre fameux Jazz Club, à deux pas du Duc des Lombards..

lundi 30 juin 2025

"L'Injuste" au Théâtre de la Renaissance avec Jacques Weber : une joute verbale fascinante

 

J'ai eu le plaisir d'assister à la pièce d'Alexandre AmielL'Injuste, au Théâtre de la Renaissance, à Paris, avec Jacques Weber et Zineb Triki : un thriller et une joute verbal fascinante!

 

En 1993, dans un bunker perdu dans une forêt suisse, François Genoud, le détenteur des droits d'auteur de Hitler et Goebbels vit ses dernières heures. Voir ici.

Pour son dernier baroud d'honneur, il reçoit une jeune journaliste d'un quotidien israélien. 

 

Mais pourquoi elle ? Que cherche-t-il? Et que cherche-t-elle?

Un duel tendu, un thriller haletant, où le destin des deux âmes se joue dans l'ombre, avec l'immense Jacques Weber.


 On assiste à des dialogues tranchants comme des couteaux et à un suspense qui accroche le spectateur de bout en bout.

Le texte ciselé, inspiré de faits réels, autour du banquier nazi François Genoud , instille un malaise certain et incite à la réflexion.

Jacques Weber incarne avec brio le rôle d'un être glaçant, roublard et pour tout dire, fascinant.

Il allie froideur et cynisme à une surprenant légèreté.


 Le dialogue entre ces deux êtres si opposés. est un duel moral et intellectuel, bouillonnant d'émotions et de contrastes.

La tension entre ces deux magnifiques acteurs compense pleinement une mise en scène sobre et un décor froid d'intérieur de bunker. 

Une soirée électrisante, une sorte d'"uppercut théâtral"!


mardi 24 juin 2025

"Le Mythe de Sisyphe" d'Albert Camus, incarné magistralement par Pierre Martot

 

Je viens d'assister il y a quelques jours, au Théâtre Essaïon à Paris à une représentation du "Mythe de Sisyphe" d'Albert Camus par Pierre Martot : magistral! 


Pierre Martot  (ici) signe la première adaptation théâtrale intégrale de cet essai philosophique, saluée comme un "défi réussi".

Pierre Martot
 

Sur un plateau quasi-nu, Pierre Martot incarne tour à tour l'acteur, l'"homme révolté" et l'écrivain, donnant chair à la pensée de l'absurde de Camus. 

Sa présence physique, voix grave et mesurée, captive. Il distille avec une juste gourmandise ce texte magnifique au style implacable. Voir ici.

 

Il fait vibrer chaque mot et nous met en immersion avec un texte difficile et essentiel et nous aide à recentrer notre attention sur ce qui est en jeu : la tension entre l'homme et l'absurdité du monde.

 

Cette adaptation, trouve un écho dans notre époque troublée : l'artiste suscite une interrogation sur notre capacité à lutter contre le nihilisme et à "imaginer Sisyphe heureux" malgré tout, selon le mot final de Camus.

 

Marlot a réussi le tour de force de nous faire entendre l'élan vital de Camus, la "fureur de vivre", sans renoncer à la notion tragique de l'existence.

Formé en psychologie, l'acteur incarne un voyage intérieur entre fureur et désespoir, sans jamais tomber dans le pathos ni dans le didactisme.

 Son interprétation a réussi magistralement à restituer l'intensité de la réflexion philosophique de Camus, de façon vivante et sensible, nous invitant par là même à une réflexion essentielle sur l'absurde.

 



lundi 23 juin 2025

Concert Candlelight à Brooklyn : "Tribute to Lauryn Hill" à St Ann & the Holy Trinity Church

 

Le 2 juin 2025, j'ai assisté à un concert Candlelight donné dans l'église St Ann & the Holy Trinity Church dans le quartier de Brooklyn Heights, à New York, célèbre pour ses vitraux et sa belle acoustique.




 

Ce concert était donné en hommage à Lauryn Hill (ici) et à son influence primordiale sur le hip-hop, le R&B et la soul.

 

Le Highline String Quartet (ici) nous a interprété plusieurs de ses célèbres tubes, entre autres :

  • “Doo Wop (That Thing)”
  • “Ex-Factor”
  • “Everything Is Everything”
  • “To Zion”
  • “Nothing Even Matters”

L'influence musicale de Lauryn Hill est importante : elle a inspiré de nombreux artistes, au delà des genres musicaux, de Adèle et Béyoncé à Kendrick Lamar et The Weeknd.


 

"The Miseducation of Lauryn Hill", publié en 1998 est le seul album solo de la chanteuse. Elle y conte sa vie dans le genre neo-soul. Voir ici.

Neo-soul est un genre musical qui fusionne soul, R&B contemporain et éléments de hip-hop, avec une approche moderne, des messages profonds et une sonorité authentique influencée par le jazz, la funk et la musique électronique.

 

L'album atteint la première place du classement Billboard 200, se vendant aux USA à plus de 8 millions d'exemplaires.


 

Ecouter ici "The Miseducation of Lauryn Hill" (Doo Wop) 

Ce fut une très belle soirée de découverte, dans un cadre magique!

 

samedi 21 juin 2025

"Le Livre de l'Intranquillité" de Fernando Pessoa, interprété avec profondeur et sensibilité par François Marthouret

 

J'ai assisté avec grand plaisir vendredi 20 Juin au Théâtre du Petit Saint-Martin, à Paris, a une restitution du "Livre de l'Intranquillité", de Fernando Pessoa (ici), interprétée magnifiquement par François Marthouret (ici).

Christian Bourgois Editeur

 
Fernando Pessoa (1888-1935)

François Marthouret

18 ans après l'avoir créé au Théâtre des Bouffes du Nord, François Marthuret fait renaître Bernardo Soares dans une mise en scène d'Anne Kessler.

A la fois chronique du quotidien et méditation sur fond de philosophie, "Le Livre de l'Intranquillité" est un journal intime que Fernando Pessoa a tenu pendant presque toute sa vie, en l'attribuant à un modeste employé de bureau à Lisbonne, Bernardo Soares.

François Marthouret restitue les réflexions et états d'âme de Pessoa dans une approche psychanalytique et existentielle de l'oeuvre.

Nous côtoyons sans cesse, par le jeu subtil de l’interprète la lucidité et le désespoir de Pessoa-Soares : l'intranquillité comme mode d'être.


 

François Marthouret met en avant avec profondeur et sensibilité la manière dont "Le Livre de l'Intranquillité" explore le dédoublement de l'être, l'instabilité de l'identité et la fragmentation du moi.

Il souligne combien le texte de Pessoa exprime un rapport profondément ambivalent au monde, marqué par l'angoisse, la mélancolie et le retrait. Il met en valeur avec brio le vide existentiel qui habite le narrateur et son incapacité à se saisir de lui-même.

François Marthouret a su, tout au long de cette soirée, nous proposer une lecture magnifique et cohérente qui a éclairé "Le Livre de l'Intranquillité" dans sa dimension la plus intime et tourmentée, en résonance avec les grandes questions universelles de l'identité, du vide et du rapport à soi.

Bannière du Théâtre du Petit Saint-Martin pour le spectacle