vendredi 8 novembre 2024

Cinéma : Nomadland, un drame américain

 

J'ai vraiment aimé le film Nomadland, drame américain réalisé par Chloé Zhao (ici) et qui est sorti en 2020. 

 

Les acteurs principaux sont Frances McDormand (Fern), et David Strathairn (David).

J'ai apprécié particulièrement Frances McDormand dans les films des frères Coen (Sang pour Sang, Fargo, The Barber, Burn after reading) et dans Three Billboards deMartin McDonagh .Sa filmographie est impressionnante.

Ce très beau film sincère, magnifiquement interprété par Frances McDormand,  a obtenu le Lion d'Or à la Mostra de Venise 2020, le Golden Globe du meilleur film dramatique et l'Oscar du meilleur film en 2021.

En 2011, Fern perd son emploi après l'effondrement économique de l'usine américaine de plâtres à Empire, cité ouvrière du Nevada (ici) où elle travaillait pendant des années avec son mari, récemment décédé.

Empire, Nevada, désormais ville fantôme

 

Un visage marqué par une vie qui s'en est allée

Elle décide alors de vendre la plupart de ses biens, achète un van aménagé pour y vivre en nomade, en rupture avec les standards de la société américaine et parcourir l'Ouest américain  à la recherche d'un emploi. 

Elle accepte d'ailleurs un emploi saisonnier dans les grands entrepôts d'Amazon pour la période hivernale.

Au cours de son road trip, elle rencontre d'autres nomades américains des temps modernes, qui sont dans sa situation, qui lui apprennent les techniques de base de survie et d'autosuffisance pour la route et l'accompagnent dans sa découverte des vastes étendues de l'Ouest américain.


L'action se déroule dans les grands espaces du Nevada et de l'Arizona, que je connais bien et où j'ai vécu mes propres road trips.

C'est la vision sombre d'une crise économique que l'Amérique propose bien souvent à ses travailleurs. 

Un déclassement pour Fern, mais elle s'aperçoit qu'elle n'est pas seule dans cet espace infini : la solidarité, l'entr'aide et les regards bienveillants des autres déclassés sont là.

Un film à la fois triste, émouvant et magnifique!

Voir la Bande annonce ici.

Frances McDormand

David Strathairn


mercredi 30 octobre 2024

En Albanie : Onufri, le visionnaire peintre d'icônes

 

Lors de mon récent voyage en Albanie, j'ai pu visiter le plus beau musée du pays, dans la citadelle de Berat, dans le sud du pays : le Musée Onufri.

Ce musée, créé sous la période communiste, est consacré aux grands peintres d'icônes orthodoxes de la Berat ottomane, à commencer par le plus célèbre d'entre eux, le visionnaire Onufri. Voir ici.

Il est aménagé dans l'Eglise de la Dormition de la Vierge, simple église datant du XIII° siècle, remaniée en 1797, devenant alors cathédrale.

Eglise de la Dormition de la Vierge

Berat, au sud de l'Albanie

Iconostase, "Le sommeil de Ste Marie" 1807


Onufri était un archiprêtre d'Elbasan, en Albanie, vivant au XVI° siècle au début de l'ère ottomane (1481-1912, voir ici pour l'histoire de l'Albanie).

Statue d'Onufri à Berat

C'est le plus important peintre de peintures murales et d'icônes orthodoxes de son époque dans la région.

 Formé à Venise, il a imprégné la peinture d'icônes albanaises du climat artistique de la Renaissance italienne.


 

Ses œuvres visionnaires sont d'une grande originalité et combinent des éléments post-byzantins et gothiques.


 


Onufri a introduit plus de réalisme et d'individualité dans les expressions faciales de ses peintures, rompant ainsi avec les conventions strictes de l'époque.


 

Son travail se distingue par l'utilisation intenses des couleurs et l'emploi de colorants naturels.


 

En particulier, le rouge est bien présent dans ses œuvres, comme couleur traditionnelle albanaise.


 

Onufri a fondé une école à Berat et ses œuvres ont joué un rôle décisif dans le développement postérieur de l'art albanais, jusqu'au XIX° siècle.



dimanche 27 octobre 2024

A Turin : visite de l'extraordinaire Museo Egizio (Musée des antiquités égyptiennes)

 

Lors de mon récent séjour à Turin, en septembre dernier, je ne pouvais pas manquer de visiter l'exceptionnel Museo Egizio (Via Accademia delle Scienze, 6) : un must pour les passionnés d'égyptologie!


 Ce Musée est incontournable et vaut le déplacement à Turin!

 

Après celle du Caire, c'est la plus grande, la plus belle et la plus fabuleuse collection d'objets égyptiens au monde, mise en valeur dans une muséographie moderne, des vidéos en 3D et avec des explications pointues et complètes.

Cette mise en scène est spectaculaire, imaginée par le décorateur Dante Ferretti, qui a travaillé avec les plus grands cinéastes (Burton, Scorcese,...).

 

Pour moi cela dépasse  tout ce que j'ai pu voir au Louvre, au Neues Museum à Berlin et au Metropolitan Museum à New York : c'est tout dire!

 

Après 5 ans de travaux, ce site prestigieux, dont le bâtiment date du XVII° siècle, nous offre 12000 m2  d'expositions sur 4 niveaux.

La civilisation du Nil y est illustrée dans tous ses aspects : momies, temples reconstitués, tombes de dignitaires, statues de pharaons (Ramsès II, Toutankhamon, Sethi II, ...), objets du quotidien.


 

Le Musée couvre une période allant de 4000 ans avant J.-C. à 700 ans après J.-C. Soit au total 15000 pièces exposées sur les 40 000 œuvres entreposées ... époustouflant : une immense collection de toute beauté.

A noter l'exceptionnelle et unique collection des papyrus.



Voir ici pour l'histoire de ce Musée exceptionnel.

C'est l'un des musées les plus fréquentés d'Italie.

Voir ici à propos du Museo Egizio.

Voir ici une visite guidée et commentée.


vendredi 25 octobre 2024

Au Musée Maritime de Hambourg : une plongée fascinante dans l'histoire de la ville hanséatique

 

J'étais en juillet dernier dans le Nord de l'Allemagne, à la découverte des Villes Hanséatiques (cherchant également la fraicheur !). Voir ici.

 J'ai été totalement séduit par Hambourg, Lübeck et Brême.

Hambourg

 
Hambourg est une Ville-Etat (Stadtstaat), située à 100 km de la Mer du Nord, au confluent de l'Elbe, de l'Alster et de la Bille. C'est le plus grand port d'Allemagne et l'un des plus grands ports au monde, et la 2° agglomération après Berlin. 

Hambourg a été membre fondateur de la "Ligue Hanséatique". D'ailleurs, le code de la ville sur les plaques d'immatriculation est HH, soit "Hansestadt Hamburg". Voir ici.

Hamburg

Lübeck, le "Joyau de la Hanse", posé sur une île, entre la Trave et la Wakenitz, fait partie du Land du Schleswig-Holstein et est un port de la Mer Baltique. Voir ici.

Lübeck

Brême (Bremen), également Ville-Etat, est enclavée dans le Land de Basse-Saxe (Niedersachsen) et située sur la Weser ; c'est le second port commercial d'Allemagne, avec son extension, Bremerhaven. C'était la capitale de la "Ligue Hanséatique" Voir ici.

Bremen

Hambourg, ville natale de Johannes Brahms, Felix Mendelssohn, Karl Lagerfeld et Angela Merkel ne se dévoile pas d'emblée!

Il m'a fallu plus que quelques heures pour percevoir son grand intérêt, son caractère et son charme indéniable : bref, j'ai été conquis!

Cette ville opulente, vibrante, dynamique, à l'identité forte et aussi cosmopolite est une ville où il fait bon vivre : espaces verts, lacs, 64 km de canaux et 2500 ponts ...


Le lac de l'Alster
 

Hambourg, au passé exceptionnellement riche et tournée vers l'extérieur, mérite la visite. 

En particulier, il ne faut absolument pas manquer de se rendre là où bat le coeur maritime de Hambourg : le "Maritimes Museum" ou "Musée Maritime International de Hambourg".


Depuis 2008, la Kaispeicher B, aux portes de Speicherstadt, est un imposant entrepôt en briques, classé monument historique, et construit en 1879, qui abrite la Collection Peter Tamm. Voir ici.

Peter Tamm

C'est la plus grande et plus imposante collection maritime privée au monde et qui est présentée au public sur 9 ponts d'exposition : maquettes, marine marchande, histoire navale, recherche marine. 

En bref : de précieuses pièces d'exposition provenant du monde entier et qui racontent l'histoire vibrante de 3000 ans de navigation. Voir ici.


Moi qui ne suis pas à priori fan des choses de la mer j'ai été conquis par les collections présentées dans une muséographie très moderne avec un matériel multimedia abondant.

 

On y trouve tout sur la navigation (cartes anciennes, compas et sextants), la marine à voile, les guerres sur les mers, la piraterie, les naufrages, les sous-marins, l'exploration sous-marine, la marine dans l'art,...

 

Impossible d'être plus complet!

Après plusieurs heures de découvertes plus enthousiasmantes les unes que les autres, une pause, et une bière locale à la cafétéria du Musée s'imposait.


 

vendredi 18 octobre 2024

En Albanie : Ismaël Kadaré et la loi impitoyable du Kanoun

 

Ismaïl Kadaré (ou Ismail Kadare), le grand écrivain albanais, est né le 28 janvier 1936 à Gjirokaster (Albanie) et est mort le 1° Juillet 2024 à Tirana. Voir ici.


Nous avons pu visiter la très belle ville de Gjirokaster, dans le sud du pays, lors de notre découverte récente de l'Albanie. Voir ici.

 


 


Gjirokaster a été rendue célèbre non seulement par Ismail Kadare, mais aussi par le dictateur  Enver Hoxha, qui y est né, dont la dictature a été considérée comme l'une des plus répressives et des plus sanglantes de l'histoire contemporaine de l'Europe. Voir ici.

Enver Hoxha et Staline

L'Albanie a été de ce fait totalement isolée de 1950 à 1985.

Mais tout a bien changé, et l'Albanie est le joyau le mieux caché de l'Adriatique, où le tourisme est encore confidentiel, un joyau accueillant, ouvert sur l'extérieur, un tout petit pays (grand comme la Bretagne, avec 3 millions d'habitants) qui est un véritable concentré de richesses culturelles, archéologiques, historiques, naturelles et gastronomiques. Voir ici.

Albanais du Nord (début XX° siècle)

 

Mais une des particularités historiques, et qui semble encore vivante dans certains clans des territoires albanais du nord, du Kosovo, du Montenegro oriental et de la Macédoine occidentale, c'est le Kanoun.

Il s'agit d'un code de droit coutumier médiéval, qui inclut des règles impitoyables qui avaient pour but de contenir les luttes intestines entre les clans, en encadrant les règlements de comptes. Voir ici.

C'est de ce sujet que traite le livre d'Ismail Kadare : "Avril Brisé" (Fayard, 4° édition, 2023).


L'Albanie au début du XX° siècle : sur le Plateau de la mort sévit le Kanoun, ou droit coutumier, recueil de lois ancestrales qui régit toute la vie des montagnards.

En vertu de ces lois, Gjorg Berisha a "repris le sang" de Zef Kryeqyqe, quarante-quatrième victime d'une vendetta qui dure depuis soixante-dix ans.

Après son crime, il a obtenue la "grande trève", trente jours avant d'être tué à son tour ou d'aller s'enfermer dans une des "tours de claustration" qui rappellent, sur le Plateau, la pérennité des lois du sang.

Tour de claustration

Dans une prose dense excluant l'image gratuite, Ismail Kadare décrit le mécanisme du Kanoun, ses fondements idéologiques et économiques et sa répercussion sur ceux qu'il frappe, directement ou indirectement.

"Avril brisé" est une histoire lente, intense, impitoyable, étrange et funeste et cependant très belle, et magnifiquement écrite!

Voir ici ma précédente note sur "Le général de l'Armée morte".