dimanche 17 avril 2016

Opéra : un "Roberto Devereux" extraordinaire


Depuis le Met à New York, ce samedi 16 avril 2016, nous avons assisté à une retransmission Live de Roberto Devereux de Gaetano Donizetti.

Donizetti, toujours romantique, a certes mêlé réalité et fiction dans cet Opéra "Roberto Devereux", qui décrit la liaison tragique entre la Reine Elsabeth I et Roberto Devereux, Comte d'Essex, mais c'était pour aboutir à une exacerbation des sentiments, ce qui nous donne en fin de compte un opéra extraordinaire.

Roberto Devereux fut créé le 28 octobre 1837 au Teatro San Carlo à Naples.

Roberto Devereux s'inscrit dans la "Trilogie des Tudors", les deux autres opéras étant Maria Stuarda et Anna Bolena (Voir ici ma note sur Anna Bolena avec une Anna Netrebko bouleversante).

Gaetano Donizetti
1797-1848
Héritier de Rossini, précurseur de Verdi, Donizetti est l'un des principaux compositeurs italiens du XIX°.

Il marque la naissance de la musique romantique italienne, illustrée par le chef d'oeuvre du bel canto : Lucia di Lamermoor (Voir ici ma note sur cet opéra, interprété par Natalie Dessay), sans oublier L'Elixir d'Amour (ici), Don Pasquale (ici, avec Anna Netrebko, Matthew Polenzani et Mariusz Kwiecien), et j'en passe...

La mise en scène de Roberto Devereux était de Sir David McVicar : brillante, inventive, fastueuse.
L' orchestre fut mené de main de maître par Maurizio Benini, qui a su nous transmettre tous les élans et l'émotion de la splendide musique de Donizetti...

...mais par dessus tout : la prestation fantastique, tant au niveau vocal (Ah, ce bel canto de Donizetti!), qu'au niveau expressif et scénique, de Sondra Radvanovsky, dans le rôle difficile entre tous d'Elisabeth I.

C'est un des plus beaux opéras qu'il m'ait été donné de voir ces dernières années!

Sondra Radvanovsky


J'avais déjà fort apprécié Sondra Radvanovsky dans "Le Trouvère", le 8 mai 2011: iciet dans "Un bal masqué" de Verdi le 20/12/2012 : voir ici.


Matthew Polenzani et Mariusz Kwiecien, des "anciens" du Met nous ont donné chacun une prestation de très haut niveau, forte, engagée et convaincante.

Nottingham (Mariusz Kwiecien)
Roberto Devereux (Matthew Polenzani)
Nous les avions vus il y a peu dans "Les pécheurs de Perles" de Bizet (Voir ici).



Très belle prestation vocale et scénique d'Elina Garanca dans le rôle de Sara, duchesse de Nottingham.

Elina Garanca


Mais à nouveau, sans conteste, c'est Sondra Radvanovsky qui crève la scène et l'écran, passant de manifestations de tendresse pour Roberto Devereux au rejet, de l'affliction à la furie vengeresse, de l'espoir amoureux à l'effondrement final, d'une reine toute puissante à une vieille femme effondrée sur le sol...

D'où vient à cette interprète magnifique et bouleversante tant d'incroyable talent et d'énergie? 


Le triomphe final fut plus que mérité, pour une soirée lyrique époustouflante!

Voir ici dans l'Acte I, Sondra Radvanovsky et Matthew Polenzani dans "Nascondi, freina i palpiti".

Egalement ici, dans l'Acte I : "Ah Ritorna qual ti spero".

Et voir , dans la scène finale "vivi, ingrato, a lei accanto".




lundi 4 avril 2016

Opéra : une superbe Madame Butterfly au Met



Superbe et émouvante Kristine Opolais en Madame Butterfly, pour la retransmission en direct du Met de ce magnifique opéra de Puccini!
Son interprétation de l'héroïne était éblouissante!
C'est l'une des "Butterfly" actuelles les plus convoitées.

Puccini dresse le portrait renversant d'un amour sans limites qui saisit la jeune geisha, dont le coeur sera brisé par un officier naval inconscient de ses actes.
Voir ici l'argument de cet opéra.

Kristine Opolais

La production, belle et dramatique, est à couper le souffle. 

Elle était signée du cinéaste britannique Anthony Minghella (Le patient anglais), décédé prématurément en 2008.
Il s'était essayé pour la première (et dernière) fois à une mise en scène d'opéra pour Madame Butterfly, en 2009.

Cette magnifique production, que nous avons pu admirer samedi dernier, retransmise depuis le Met, n'a pas pris une ride!

Chorégraphie lors du Prologue
Le décor est minimaliste, constitué de panneaux coulissants qui, habilement, délimitent les différents lieux où se déroule l'action.

Maria Zifchak interprète magnifiquement une Suzuki soumise et réservée, qui affiche selon le déroulement de l'action une expression parfaitement en accord avec les différents éléments du drame.

Maria Zifchak


Quant à Roberto Alagna, il incarne avec panache, et de façon tout à fait convaincante un Pinkerton insouciant, amoureux, puis troublé et rempli de remords.



A noter la présence, tous vêtus de noir, de marionnettistes, à peine visibles dans l'obscurité, qui donnent vie à une poupée Bunkaru, qui représente l'enfant de Madame Butterfly.

Des tableaux animés de lanternes lumineuses créent par moments des effets d'une grande poésie...

Ecouter ici la scène finale "con onor muore".

Une magnifique soirée lyrique, toute remplie d'émotion!