vendredi 28 janvier 2022

Françoise Ferreux à Colmar : De la Présence de la Nature

 

Françoise Ferreux expose, au rez-de-chaussée de l'Espace d'Art Contemporain André Malraux de Colmar, un singulier ensemble de travaux faits de brins de fils de lin patiemment cousus entre eux et assemblés à l'aiguille: ici.

(photo Françoise Ferreux)

Françoise Ferreux

Au rez-de-chaussée de l'Espace Malraux

On se laisse volontiers mystifier par ces formes aux contours à la fois familiers et déroutants.

(photo Françoise Ferreux)

Il pourrait s'agir de trouvailles faites par un naturaliste au sein d'une forêt profonde ou au bord d'une plage reculée ...

(photo Françoise Ferreux)

(photo Françoise Ferreux)

Françoise Ferreux met en place de façon géniale dans ses créations des courbes et des cercles, des plis et des ombres, des contrastes et de mystérieux filaments ...




Ces sculptures nous apparaissent naturelles tant elles semblent imiter le rythme, la hiérarchisation, la similarité et le hasard, le chaos et la diversité des formes de la Nature.




Le choix du matériau, naturel, aux couleurs sobres, permet à Françoise Ferreux de se focaliser sur l'essence des formes, sur l'expression pure de la poésie de la Nature.








A l'étage de l'Espace Malraux, Françoise Ferreux présente une série de dessins extrêmement minutieux réalisés au feutre fin sur papier aquarelle .



Il s'agit de la répétition systématique de gestes graphiques, un maillage complexe de boucles qui permet l'apparition de formes évocatrices : écorce d'un vieil arbre, cours d'eau, vaguelettes tracées sur le sable par le vent : un travail absolument magnifique!

(photo Françoise Ferreux)

On retrouve dans ses dessins à la fois son intérêt pour le fil - ici mué en trait - et pour les formes inspirées de la nature.
(photo Françoise Ferreux)

Comme elle coud, Françoise Ferreux dessine : par l'accumulation précautionneuse et attentive de multitudes de brins - de traits.

(photo Françoise Ferreux)

Voir ici .

Le temps considérable passé à réaliser ces oeuvres extraordinaires nous impressionne à l'échelle du temps humain, mais nous apparait aussi comme infinitésimal confronté au Temps infini de la Nature.

Nous sommes alors confrontés en admirant ces oeuvres, à notre mortalité, comme le dit le philosophe Marcel Conche, que Françoise Ferreux évoque volontiers :

"L'évidence de la Nature et l'évidence de la mort ne sont qu'une seule et même évidence". (in Présence de la nature, Paris, PUF, 2001).

(photo Françoise Ferreux)

Courrez vite voir cette surprenante et très belle Exposition à l'Espace d'Art Contemporain André Malraux de Colmar (4, rue Rapp), jusqu'au 13 Mars 2022.


vendredi 21 janvier 2022

Sainte-Agnès, le village littoral le plus haut d'Europe

 

Sainte-Agnès, dans le Département des Alpes-Maritimes, est le village littoral le plus haut d'Europe, et également l'un des plus beaux villages médiévaux de France.

Nous nous y sommes rendus il y a quelques mois, afin de le visiter, de grimper aux ruines du château, et de déjeuner sur la terrasse panoramique du restaurant réputé du lieu (Le Righi, ici).

 

De par son époustouflant panorama, ce village perché au dessus de Menton mérite bien son nom de "Balcon de la Côte d'Azur". Sa position stratégique en a fait depuis longtemps un site convoité par les militaires.

Sainte-Agnès, au dessus de Menton

En effet, perchée à 800 m d'altitude, sur un piton rocheux, la cité médiévale de Sainte-Agnès offre le point de vue le plus impressionnant de la Côte d'Azur : la Méditerranée en face, Menton en contrebas, le littoral à perte de vue, tant du côté français que du côté italien, et le commencement de l'arc alpin.

Vue sur Menton et Roquebrune-Cap-Martin
  

En direction de la frontière italienne

Sainte-Agnès, c'est le climat méditerranéen en altitude : on y trouve résineux, herbes aromatiques et lavande sauvage.

Ses voûtes et ses ruelles pavées de galets, ses maisons du XV° et XVIII° siècles, empilées les unes sur les autres, tout en hauteur, contribuent au charme indéniable de Sainte-Agnès.

Le village date du XI° siècle

 

Le village perché et les ruines du Château, au sommet du piton.

Selon la légende, une princesse romaine, convertie au christianisme, alors en voyage, Agnès, fuyant un violent orage, aurait trouvé refuge dans une grotte du village. Elle décida alors d'ériger une chapelle en l'honneur de sa sainte patronne, et le village se serait développé autour de la chapelle.

Morte martyre à Rome vers 304

En 1388, comme tout le Comté de Nice, le village se rallia au Comte Amédée VII de Savoie.

Amédée VII de Savoie (1360-1391)
 

En 1691,  Louis XIV ordonna de  détruire le Château, qui ne le fut que partiellement, et la forteresse joua de nouveau un rôle dans la Guerre de Succession d'Autriche de 1744 à 1749.

Ruines du Château datant de 1180

 

Dépendant du Royaume de Piémont-Sardaigne, Sainte-Agnès fut définitivement rattachée à la France en 1860.

A l'intérieur des remparts du château fort, on découvre un petit jardin médiéval à la vue plongeante : jardin des vertus, des délices et des vices.


En 1932 débute la construction de l'Ouvrage de Sainte-Agnès, creusé dans le rocher et doté d'une redoutable artillerie : c'était un véritable village souterrain construit sous plus de 55 m de roche.

Il pouvait héberger 300 à 400 hommes en totale autarcie pendant 3 mois.

Cet ouvrage était un élément de la Ligne Maginot des Alpes.

La Ligne Maginot des Alpes


Le Bloc 2 de l'ouvrage, qui aligne 6 tubes d'artillerie


Ultime maillon de la Ligne Maginot, sa force de feu permit de stopper les troupes italiennes pendant les combats de juin 1940.

 




Voir ici l'article détaillé sur cet imposant ouvrage défensif.

Voir ici une visite aérienne par drone de Sainte-Agnès.

La visite de Sainte-Agnès fut une nouvelle découverte, dans l'arrière pays de la Côte d'Azur, qui, décidément, ne manque pas de sites préservés, au caractère et à l'histoire souvent exceptionnels.

lundi 17 janvier 2022

Marie Bashkirtseff, une météorite dans le ciel des arts et des lettres

 

Marie Bashkirtseff est née en 1858 en Ukraine (Alors dans l'Empire Russe) dans une famille noble et fortunée, et est morte à Paris en 1884, à 25 ans :ici.


Elle a voyagé en Europe avec sa mère, qui l'adorait. Elle parlait couramment ukrainien, français, anglais, italien et russe.

Autoportrait à la palette

Sa soif de connaissance lui a fait étudier les auteurs classiques et contemporains, la musique, la peinture, le dessin.

"L'Orientale"



Elle a vécu à Paris, Nice, Rome et dans la propriété familiale au fond de l'Ukraine.



Notre attention a été attirée par les oeuvres de Marie Bashkirtseff lors de visites au Musée des Beaux-Arts Jules Chéret à Nice, où sont exposées quelques-uns de ses tableaux.

"Un meeting"

"L'Atelier des Femmes"

Elle a produit une oeuvre picturale importante, en regard de sa vie brève.



Morte de tuberculose à 25 ans, elle a eu le temps de laisser sa marque sur le Paris des années 1880, en particulier de par ses prises de position féministes.





A 12 ans, elle commence à tenir son Journal en français : elle lui doit beaucoup de sa célébrité.

Journal, Musée Chéret, Nice



Quelques mois avant sa mort, entrevoyant qu'elle était condamnée, elle rajoute, en mai 1884 une Introduction à son Journal:

« Si j'allais mourir, comme cela, subitement, je ne saurais peut-être pas si je suis en danger, on me le cachera... Il ne restera bientôt plus rien de moi... rien... rien ! C'est ce qui m'a toujours épouvantée. Vivre, avoir tant d'ambition, souffrir, pleurer, combattre, et, au bout, l'oubli !... comme si je n'avais jamais existé... Si je ne vis pas assez pour être illustre, ce journal intéressera toujours : c'est curieux, la vie d'une femme, jour par jour, comme si personne au monde ne devait la lire, et, en même temps, avec l'intention d'être lue. »

Elle meurt au mois d'octobre suivant et est enterrée au Cimetière de Passy : sa tombe, un studio d'artiste en taille réelle, a été déclarée Monument Historique.

Au Cimetière de Passy

"Il faut que ce que vous voyez et entendez soit assez grand pour occuper tout votre être, alors, c'est tout-puissant!".


Michel de Tarnowsky, 1914
Projet de Monument à Marie Bashkirtseff
Musée Chéret, Nice


Marie Bashkirtseff : une météorite dans le ciel des arts et des lettres!