jeudi 24 novembre 2016

Randonnée en Forêt Noire, à Pfaffenweiler, un village chargé d'histoire(s)


Il y a un mois, profitant d'une belle journée ensoleillée, nous sommes partis randonner en Forêt Noire, au sud de Freiburg, à partir de Pfaffenweiler.

Pfaffenweiler



Pfaffenweiler est situé à à peu près 10km au sud de Freiburg, à la limite nord du Markgräflerland, petite région très agréable située à l'extrême SO de l'Allemagne, bordée à l'ouest par la France, et au sud par la Suisse. Voir ici, en allemand.

En rouge, le Markgräflerland
Ce charmant village viticole, fondé vers l'an mille, niché dans la Schneckental (Vallée des Escargots) est internationalement connu depuis plus de 35 ans, justement,  pour la Fête de l'Escargot (Schnecke-Fescht), qui se tient le premier week-end de septembre, à laquelle participent de nombreux visiteurs venant de toute l'Allemagne, des Pays-Bas, du Royaume-Uni,...


La dégustation des escargots va bien entendu de pair avec celle de l'excellent vin local, lors de ce week-end festif.




Le Müller-Thurgau de Pfaffenweiler
Lors de notre randonnée, dans la forêt, nous avons d'ailleurs pu jeter un coup d'oeil sur un curieux et intéressant "musée" de tailleurs de pierres, situé au pied d'une carrière,  en accès libre (Pfaffenweiler Historische Steinbrüche) :

Accès du petit musée en pleine forêt
Notre randonnée d'une dizaine de km nous a pris 3h30, tant il y avait à voir : de somptueux paysages viticoles et forestiers et plusieurs monuments, à commencer par l'Eglise Sankt Columba du XVI° siècle et la fontaine, non loin, du même nom, sur laquelle veille Heilige Nepomuk (St Jean Népomucène).

Sankt Columba à Pfaffenweiler
Deux monuments, au cours de cette randonnée ont attiré notre attention sur une période douloureuse de l'histoire de Pfaffenweiler.

En effet, au milieu du XIX° siècle, de nombreux villageois, de par les mauvaises récoltes, une grande pauvreté et des conditions d'existence très difficiles sur place,  ont fait le choix douloureux de s'expatrier aux USA et en Afrique du Nord, afin de pouvoir démarrer une nouvelle vie à l'étranger dans de meilleures conditions.

En 1847, 85 habitants de Pfeiffenweiler sont partis s'installer en Indiana, aux USA.

A nouveau, en 1853, 132 habitants du village s'expatrièrent en Afrique du Nord.
D'ailleurs l'un des sentiers de cette randonnée s'appelle Unterer AfriKaWeg.



Un monument en souvenir de ces exils forcés se trouve au bord du sentier :
Monument en souvenir des 132 expatriés en 1853
en Afrique du Nord 
La perte a été très dure pour le village et a généré déchirements, amertume et pleurs, on s'en doute...

Le voyage de 52 jours vers les USA fut particulièrement éprouvant et les villageois de Pfaffenweiler restèrent très proches les uns des autres, une fois arrivés en Indiana, où ils contribuèrent à fonder la ville de Jasper.
Jasper, Indiana

Les habitants actuels de Jasper s'appellent d'ailleurs Baumann, Beck, Brucker, Eckerle, Kiefer, Schuble, Schmidt,...

Le jumelage entre Jasper (Voir ici) et Pfaffenweiler a été établi officiellement en 1985, et des voyages d'échanges ont lieu régulièrement. 

En 2015, pour l'anniversaire des 30 ans de ce jumelage, les visiteurs de Pfaffenweiler venus à Jasper ont chanté en anglais, sur l'air de "Oh Suzanna" un chant d'amitié qui a reçu une standing ovation de la part de la population de Jasper, et fait couler beaucoup de larmes :

We come from Pfaffenweiler 
with famous good old friends
we say Hello and Guten Tag
weˋre glad to shake your hands. 

Oh oh oh . . .
Refrain -                
           Jasper forever 
           the friendship never ends
           to celebrate the partnership 
           we always stay good friends.

We took the plane across the sea
to spend some time with you
letˋs meet and greet and dance and laugh
for that we say Thank you

Oh oh oh ...refrain

The mayors weˋve had in 30 years 
were Fritz and Dieter Hahn
Jerome and Bill, now Terry Seitz,
oh how the time has gone. 

Oh oh oh ...refrain

The Gutgsell, Baumann, Kiefer, 
Scherle, Eckert, Eckerle,
theyˋre names we have that you have too
what a lovely history.

Oh oh oh ...refrain

Matthias came to Jasper 
as a young and single man
he worked and met a pretty girl
the endless love began.

Oh oh oh ...refrain

Saint Joseph and the Eckert Mill 
remind us of the start, 
we wish good health and lots of luck
from the bottom of our heart. 

Oh oh oh ...refrain

Ein Danke Schön and thanks a lot
for your warm hospitality
weˋre glad to have such lovely friends
you and he and she.

Oh oh oh ...refrain


Que d'histoires dramatiques et émouvantes évoquées à l'occasion d'une simple randonnée!



vendredi 18 novembre 2016

Albert Bierstadt, peintre romantique de l'Ouest américain


Début septembre, nous étions dans les environs de Phoenix (Arizona) pour quelques jours, et nous ne pouvions pas ne pas retourner au Phoenix Art Museum, que nous avions déjà apprécié en 2015.


J'aime m'attarder dans ce beau musée, non seulement pour apprécier à nouveau les oeuvres d'artistes européens connus, mais aussi pour découvrir nombre d'artistes américains, amérindiens en particulier.

Mon attention a été attirée par les magnifiques paysages romantiques de l'Ouest américain du peintre Albert Bierstadt.

Il ne s'agit pas là du style de peinture qui m'attire habituellement, mais la lumière si particulière qui nimbe ces tableaux d'un grand Ouest idéalisé et le témoignage important qu'ils nous donnent d'une époque où la nation américaine se constituait ne m'ont pas laissé indifférent.

Albert Bierstadt

Albert Bierstadt, né à Solingen, en Prusse Orientale en 1830, est décédé en 1902 aux USA.

Suite à son intérêt manifesté pour les paysages de montagnes, un sommet et un lac du Colorado furent nommés en son honneur : Mount Bierstadt et Bierstadt Lake, où nous sommes d'ailleurs allés randonner fin Août.

Bierstadt Lake, Colorado

Au milieu du XIX° siècle, les peintures de paysages ont fortement contribué à formuler et à articuler l'identité d'une nation américaine en devenir.

Looking down Yosemite Valley, 1865
A storm in the Rocky Mountains, 1866

Ces vues panoramiques, monumentales, de l'Ouest apportaient avec elles la promesse d'un avenir lumineux et radieux pour le peuple américain.

California Spring, 1875
Mount Adams, Washington, 1875

Albert Bierstadt fut le premier peintre américain à rendre compte pleinement du pouvoir symbolique des Rocky Mountains, de la Sierra Nevada, et de la Yosemite Valley.

Il étudia la peinture avec des membres de l'école de peinture de Düsseldorf de 1853 à 1857.

En Amérique, il enseigna un temps le dessin avant de se consacrer entièrement à la peinture.
En 1859, il entreprend un voyage dans l'Ouest américain en compagnie d'un arpenteur du gouvernement.

The Rocky Mountains, Lander's Peak, 1863
(Tableau acheté 25000$ en 1865...)
Lake Tahoe, 1868

Pendant sa longue carrière, Bierstadt a produit plus de 500 toiles dont un grand nombre sont exposées dans les plus grands musées américains.

Light in the forest
De 1860 à 1867 il a voyagé et exposé ses oeuvres en Europe, et a organisé une exposition privée à Londres pour la Reine Victoria. De nombreux prix lui ont été décernés en Autriche, en Belgique, en Allemagne...

Malgré un incroyable succès populaire, les critiques de ses contemporains n'ont pas manqué de pointer le romantisme exacerbé  de ses oeuvres, ainsi que son utilisation jugée excessive des effets de lumière.
Les critiques n'ont pas manqué de souligner également les campagnes de promotion et les opérations publicitaires jugées excessives, lors des expositions de ses oeuvres.

Il est vrai que la grandiloquence de ses sujets et de leur traitement pictural passe difficilement actuellement...c'est un euphémisme.

Mais les visiteurs qui comme nous ont été touchés, séduits, interpelés par les paysages du grand Ouest américain, retrouvent à nouveau quelque chose de ces émotions dans les tableaux d' Albert Bierstadt.

samedi 5 novembre 2016

En Arizona : visite à l'Observatoire de Kitt Peak, en territoire indien Tohono O'odham


En Septembre dernier, lors de notre séjour en Arizona, nous ne pouvions pas ne pas visiter l'Observatoire Astronomique de Kitt Peak, situé à 88 km au SO de Tucson, non loin de la frontière mexicaine.





Le KPNO (Kitt Peak National Observatory) est un observatoire américain situé à 2000 m d'altitude sur le sommet "Kitt Peak" des Quinlan Mountains situées dans le désert de Sonora , la plus grande zone désertique de l'Amérique du Nord (voir ici),  sur le territoire d'une nation amérindienne : la Tohono O'odham Nation.




Mais parlons d'abord de cet Observatoire administré par la NOAO (National Optical Astronomy Observatory), dans le cadre d'un agrément avec la NSF (National Science Foundation).

Voir ici pour les programmes scientifiques de la NOAO.

Le projet fut initié en 1958, et désormais cet observatoire dispose de 22 télescopes optiques et de 2 radiotélescopes. 
Voir ici, ici et  pour plus de détails. 




Cet Observatoire est géré par une association d'une vingtaine d'Universités américaines :








La visite guidée d'une petite partie des installations fut absolument passionnante et m'a replongé dans des souvenirs déjà anciens...

Voir ici une video (en anglais) présentant le programme d'ouverture au public.

Donc cet Observatoire est implanté sur le territoire de la Nation Tohono O'odham pour laquelle Kitt Peak est une montagne sacrée.

Lorsque le Conseil tribal a été contacté par les initiateurs du projet, celui-ci a tout d'abord opposé un veto.
Mais les Tohono O'odham, comme tous les amérindiens, ont une relation privilégiée avec les étoiles.

Les astronomes ont alors invité les membres du Conseil Tribal à visiter l'Observatoire Steward de l'Université d'Arizona afin d'y observer les étoiles.


Impressionnés, les amérindiens ont aussitôt donné leur accord à leur projet sur la montagne Kitt Peak, pour autant qu'il s'agissait exclusivement de recherche astronomique.

Le sommet de Kitt Peak est ainsi loué à la Nation amérindienne, qui fournit également l'électricité aux installations; des jobs ont été créés pour les membres de la tribu, qui peuvent venir proposer leur artisanat aux visiteurs.

Drapeau de la Nation Tohono O'odham

Les Tohono O'odham ( Peuple du Désert) sont des amérindiens habitant actuellement dans le désert de Sonora, à la fois en Arizona et au Mexique. Voir ici et .

Femme Tohono O'odham vers 1905

Les Tohono O'odham partagent des racines linguistiques et culturelles avec les Akimel O'odham ou Pima (Peuple de la Rivière) dont le territoire se situe au sud de Phoenix, le long de la rivière Gila.

Leurs ancêtres communs étaient les membres du peuple Hohokam, qui a occupé ce désert de Sonora dès les années 300.
Nous avons eu l'occasion  de nous renseigner sur les Hohokam lors de plusieurs visites de Musées en Arizona, et d'admirer poteries et vanneries anciennes toutes plus belles les unes que les autres.

Territoire du peuple Hohokam en Arizona
L'histoire des peuples amérindiens d'Arizona est absolument passionnante et d'une richesse exceptionnelle. 

Leur situation actuelle, dans les réserves qui leur ont été allouées n'est pas, on le sait, des plus brillantes économiquement, mais leurs traditions et leur magnifiques créations artistiques leur permettent de survivre et de maintenir, dans des conditions difficiles, une identité forte.

Ce fut pour nous une visite plus qu'intéressante, où nous avons été surpris et passionnés de voir cohabiter des recherches scientifiques de pointe avec les traditions et la culture amérindienne.


vendredi 4 novembre 2016

Visite étonnante à Tent Rocks, au Nouveau Mexique


Il s'agit plus précisément de Kasha-Katuwe Tent Rocks National Monument, qui est une merveille géologique moins connue que les grands Parcs de l'Ouest américain, située à 64 km au SO de Santa Fe, au Nouveau Mexique, près du Pueblo de Cochiti et sous sa juridiction.

Vaut le détour, absolument, si vous passez par Santa Fe!

Entrée du Pueblo de Cochiti

Le site de Tent Rocks est le petit rectangle
au NO de Cochiti Lake

Kasha-Katuwe signifie "falaises blanches" en langue pueblo Keresan, langue encore parlée dans le Pueblo de Cochiti mais par seulement 500 amérindiens.

Ce site, situé sur le "Pajarito Plateau" (à 1950 m d'altitude) a été établi en tant que National Monument par le Président Bill Clinton en janvier 2001, peu de temps avant de quitter la Maison Blanche.



Ce site doit ses formations géologiques si particulières à un phénomène rare : la superposition de différentes couches de roches volcaniques et de cendres, sur une épaisseur de l'ordre de 300 m, suite à des explosions et des coulées pyroclastiques (nuées ardentes)  il y a 7 millions d'années provenant du volcan Jemez (Voir ici).




L'érosion a ensuite sculpté des canyons (dont le Slot Canyon) et ces Tent Rocks, sortes de cheminées de fées constituées de pumice (genre de pierres ponces, voir ici) et de tuff supportant des chapeaux plus durs, le tout pouvant constituer de curieux "monuments" pouvant s'élever jusqu'à 30m de haut.


Nous avons pu nous aventurer dans ce Slot Canyon, absolument magnifique, qui nous offre des formations proches de celles d'Antilope Canyon (Voir ici) en moins colorées, le tout sur un sentier de 4 km qui permet ensuite de monter sur le plateau Pajarito et d'avoir une vue panoramique sur le site.

Le Slot Canyon





Il est vivement conseillé lorsqu'on aborde le site de Tent Rocks, de se munir d'un chapeau et d'une réserve d'eau, la chaleur pouvant y être suffocante.

C'est aussi un site de prédilection pour les Rattle Snakes (serpents à sonnettes). Donc, ne pas s'aventurer hors des sentiers balisés!



Nous avons eu beaucoup de plaisir à nous aventurer dans Tent Rocks : encore une merveille géologique incroyable du Grand Ouest Américain!