vendredi 20 décembre 2019

Spectaculaire Lake Louise, dans les Rocheuses Canadiennes !



Lake Louise est un hameau et un lac situé dans le Parc National de Banff, en Alberta (Canada), où nous nous sommes aventurés en juillet dernier.

Lake Louise


Lake Louise au coeur
du Parc National De Banff

Il est situé au bord de la "Route transcanadienne", à 180 km à l'ouest de Calgary.

La Route trans-canadienne, à l'ouest,
passe par Calgary et Banff

Ce Lake Louise est un lac spectaculaire aux eaux turquoise, situé à 1600 m d'altitude, et entouré de sommets enneigés tout au long de l'année : le Mont Temple (3543 m), le Mont Whyte (2983 m), et le Mont Niblock (2976 m).

Il est fréquenté non seulement par les amateurs de spectacles naturels exceptionnels, mais aussi par les ours. Les rangers y veillent à ce que la cohabitation se passe au mieux...


Ce lac magnifique est particulièrement couru en été, et les places de parking appartiennent à ceux qui se lèvent (très) tôt!

En 1882, des guides autochtones y conduisent Tom Wilson, un ouvrier du Canadian Pacific, qui le nomme Emerald.


En 1884, il prit le nom de Lake Louise, en référence à la Princesse Louise, duchesse d'Argyll, quatrième fille de la Reine Victoria (ici) : elle est en effet la première des membres de la famille royale à visiter la Colombie Britannique.

Princesse Louise

Le peuple originaire de la région, les Assiniboines (ici) continue cependant de l'appeler "Le Lac des petits poissons".

Enfants Assiniboines
La couleur de ses eaux turquoise provient des "farines de roches" générées par le meulage mécanique du substrat rocheux par les glaciers alentours.

Sa température ne dépasse jamais quelques degrés au dessus de zéro.

On ne peut rater au bord du Lake Louise, un complexe hôtelier aux allures de château : le "Fairmont Château Lake Louise" (ici).

L'Hôtel vu depuis
la berge opposée du Lac

Le château d'origine fut construit à la fin du XIX° siècle par la Canadian Pacific Railways, comme pendant occidental du Château Frontenac de Québec.

Je ne peux manquer de citer deux personnalités liées à Lake Louise.

Tout d'abord Georgia Engelhard Cromwell, qui montra que les femmes pouvaient devenir d'habiles alpinistes! (ici).

Georgia Engelhard par Alfred Stieglitz (son oncle)
1906-1986
Lors d'un séjour dans les Alpes, Georgia Engelhard, alors adolescente, jugea que l'alpinisme était un "sport ridicule".

Mais en 1925, elle changea d'avis lors d'un séjour à Lake Louise.

Elle y retourna en 1929 et escalada 9 sommets en 9 jours.


En 1931 elle y fit 38 ascensions et au cours de ses séjours à Lake Louise, elle gravit le Mont Victoria à 13 reprises.

Elle fut également photographe et peintre de talent, suivant en cela les traces de sa tante Geogia O'Keefe.


Deuxième personnalité liée à Lake Louise : le peintre Walter J. Phillips.

Walter J. Phillips
1884-1963

Les Rocheuses canadiennes devinrent rapidement un lieu de prédilection pour les artistes, depuis les premiers paysagistes en 1887.

Walter Phillips succomba devant cette beauté alpine, lors de son premier voyage en 1923 dans cette région des Rocheuses canadiennes.

Il déménagea d'ailleurs à Banff en 1940 et y passa vingt ans à travailler.


Ses gravures sur bois et ses aquarelles dépeignent les sommets bleus, les courants alimentés par les glaciers et les rives des lacs entourées d'arbres, avec un talent jamais égalé!



Magnifiques Rocheuses canadiennes!

lundi 16 décembre 2019

En Colombie Britannique : les mâts totémiques



En séjournant en Colombie Britannique, à l'Ouest du Canada, comme nous l'avons fait cet été, nous apercevons un peu partout, dans les villages, dans les parcs, de magnifiques mâts totémiques sculptés dans de grands cèdres rouges.

A Jasper
dans les Montagnes Rocheuses canadiennes


 Ils sont l'oeuvre de quelques artistes amérindiens, qui font encore perdurer cette tradition ancestrale.

Il est possible d'admirer de splendides totems anciens dans les musées, à Calgary (Alberta) et à Vancouver, qui nous montrent une très grande variété d'inscriptions, des personnages, d'animaux symboliques.

Les emblèmes les plus répandus chez les autochtones sont l'aigle, le corbeau, l'oiseau-tonnerre, l'ours, le castor, le loup, l'épaulard et la grenouille.





Ce sont essentiellement les premières nations établies dans l'actuelle province de la Colombie Britannique et jusque dans le sud de l'actuel Alaska qui sont à l'origine de ces mâts totémiques emblématiques.

A Victoria, capitale
de l'Ile de Vancouver


Ces totems, de plusieurs mètres de haut, et peints de couleurs vives, ne revêtent pas de signification religieuse particulière, mais sont porteurs de messages, ou servent d'emblèmes dans les villages.


Totems au Parc Stanley
Vancouver


Ils peuvent servir d'enseigne, de monument commémoratif, raconter une histoire généalogique.

Ils racontent l'histoire d'une nation, d'une famille ou d'un individu.


Ils peuvent aussi être mis en place lors de rites funéraires.

Ils sont représentatifs de la culture autochtone côtière et de l'art des Premières Nations de la côte du nord ouest du Canada.



Parmi les artistes renommés en tant que sculpteurs de mâts totémiques, on peut citer Mungo Martin (ici).

Mungo Martin
1879-1962


On peut citer également Charles Edenshaw (ici), et bien d'autres ...

Charles Edenshaw
1839-1920
A savoir : seulement 6 Premières Nations de la côte Ouest du Canada s'adonnent à cet art : les Haïdas, les Nuxalk, les Kwakwaka'wakw, les Tlingit, les Tsimshian et les Salish.

Voir ici un artiste actuel au travail.

Voir ici : "Les totems et l'histoire qu'ils racontent".

Voir ici "Les totems de la Nation Haïda".


vendredi 6 décembre 2019

Les camps d'internement au Canada : une histoire peu connue


Nous sommes partis, en juillet dernier, à la découverte du grand ouest canadien : en Alberta et Colombie Britannique.

Nous étions attirés par les Rocheuses canadiennes (ici), situées à cheval entre l'Alberta et la Colombie Britannique, ayant déjà parcouru auparavant les Rocky Mountains aux USA, au Colorado et au Montana.


Les Rocheuses canadiennes, à partir de Calgary, ce sont des Parcs Nationaux formidables et spectaculaires.


Tout d'abord le Parc National de Banff, le plus renommé des parcs canadiens et le plus connu des Rocheuses : montagnes, canyons, lacs turquoise, forêts et vastes prairies.



Lake Louise

Le Mont Edith Cavell


Il y a aussi le Parc National Yoho : sommets enneigés, rivières impétueuses et forêts silencieuses.




En poursuivant notre chemin vers le Nord-Ouest, par la route fabuleuse de la Icefield Parkway nous avons découvert le Columbia Icefield, un groupe de glaciers qui couvre une surface de 325 km2, en particulier le glacier Athabasca.

Columbia Icefield

Et pour terminer notre exploration des Rocheuses, nous sommes arrivés au Parc National de Jasper, l'un des derniers écosystèmes des Rocheuses canadiennes : ours, wapitis, mouflons, chèvres des montagnes (mountain goats), cerfs-mulets (mule-deers).



Parc de Jasper

Mais parallèlement à la découverte de ces splendeurs naturelles, nous avons découvert une face plus sombre de l'histoire du Canada : celle des camps d'internement.

Parcourant le Parc National de Banff, à peu près à mi-chemin entre Banff et Lake Louise, au pied de Castle Mountain, notre attention a été attirée par un petit mémorial à peine visible au bord de la route, à la lisière de la forêt.

Castle Mountain

En souvenir des internés
de Castle mountain

Pourquoi ?



Pourquoi ?

Pendant la Première Guerre Mondiale et dans le cadre des opérations d'internement menées au niveau national du Canada, des milliers d'immigrés provenant de l'Empire Austro-Hongrois, pour la plupart d'origine ukrainienne, certains étant même citoyens canadiens, ont étés emprisonnés, en tant qu'"étrangers ennemis".

Internés au Camp
de Castle Mountain

Ces opérations d'internement se sont déroulées entre 1914 et 1920.


Ce mémorial évoque le souvenir de tous ceux qui ont étés internés au camp de Castle Mountain entre le 14 Juillet 1914 et le 15 juillet 1917.


Il y a eu 24 camps de ce type au Canada pendant cette période.

Dans l'ouest du Canada, 4 de ces camps, entourés de barbelés,  étaient situés dans des Parcs Nationaux.

Le camp de Castle Mountain était situé, lui, au bout de la route, non encore terminée, qui devait relier Banff à Lake Louise. Voir ici (en anglais).

Le Camp de Castle Mountain

Le travail forcé de ces centaines de prisonniers (13h de travail quotidien, 6 jours par semaine), particulièrement dur, compte tenu aussi du climat, consistait à défricher le terrain avec haches, pioches, pelles et brouettes afin de prolonger la route et de bâtir des ponts.

Logement sous tentes

La brutalité de certains gardiens aggrave leurs conditions.

Les demandes liées à l'effort de guerre et l'éloignement du camp rend l'approvisionnement des prisonniers encore plus problématique.

Castle Mountain Prisoners

L'objectif était de pouvoir donner accès aux beautés de l'Ouest canadien aux touristes potentiels, dont le gouvernement pensait, avec raison, qu'ils allaient pouvoir ainsi arriver en masse ...
...ces touristes que nous étions, nous, cent ans après...

C'est une page de l'histoire du Canada que peu de personnes connaissent, même au Canada :

Les autorités canadiennes ont emprisonné des milliers d'immigrés, hommes, femmes et enfants.
Leur crime : avoir été ressortissants de l'Empire Austro-Hongrois, ennemi du Canada et de ses alliés.

Extrait du Calgary Daily Herald
1915
Cette histoire témoigne des indignités et des souffrances imposées à de nouveaux immigrants par le gouvernement canadien.

Pour beaucoup de prisonniers, cet épisode de leur passé est demeuré secret, certains ne s'en sont jamais remis, d'autres sont rentrés dans leur pays d'origine, mais la plupart, cependant, ont surmonté ces épreuves pour construire au Canada une nouvelle vie.