vendredi 29 septembre 2023

Ernest L. Blumenschein, un artiste américain passionné par le Nouveau Mexique et les Amérindiens

 

Ernest Leonard Blumenschein (ici) est un artiste américain, fondateur de la Taos Society of Artists (ici), reconnu pour ses portraits d'Amérindiens, ses tableaux du Nouveau Mexique, et plus généralement du Sud-Ouest des Etats-Unis.



Ernest L. Blumenschein
né à Pittsburgh, Pennsylvanie en 1874
mort à Albuquerque, Nouveau-Mexique en 1960

Lors de mes voyages dans le Sud Ouest des Etat-Unis, j'ai été moi-même impressionné par les paysages du Nouveau Mexique et par les villes et villages que j'ai pu parcourir : Las Cruces, Alamogordo, Albuquerque, Santa Fé, Taos, et le Taos Pueblo, ainsi que par l'extraordinaire White Sands National Monument (ici).

Taos Pueblo

White Sands National Monument

Blumenschein était attiré par les vastes paysages naturels du Sud Ouest, ses ciels exceptionnels, ses rudes plateaux entaillés de gorges profondes à l'histoire géologique complexe : tectonique des plaques, passé volcanique et érosion au cours de millions d'années.

Il a su représenter magnifiquement le caractère unique de ces paysages tourmentés, en particulier dans le tableau intitulé "Taos Valley"que nous avons pu admirer en mai dernier au Met, à New-York.


Taos Valley
(New Mexico)






Ses tableaux ont influencé de façon décisive la perception qu'a pu avoir le monde entier de cette région et des Native Americans (Navajos et habitants des pueblos).



Son style a tout d'abord été qualifié de post-impressioniste, et plus tard de moderniste.





Nous pouvons admirer ses oeuvres dans les collections des principaux musées des Etats-Unis, dont le MoMA, le Met, le Smithsonian Institution.



"Je ne peux pas expliquer pourquoi je peins et je dessine. C'est aussi nécessaire pour moi que pour un pommier de produire des pommes. C'est juste un travail que j'aime faire. Mais mon pommier a produit aussi pas mal de mauvaises pommes, que j'ai du détruire."


vendredi 22 septembre 2023

Quand l'Américain Henry Inman réalisait de remarquables portraits d'amérindiens

 

Henry Inman, né le 20 octobre 1801 à Utica (Etat de New-York) et mort le 17 janvier 1846  est un peintre américain renommé : ici (en anglais).

Henry Inman
Portrait visible au MET

Il a peint des peintures de genre et des paysages, mais il fut surtout un excellent portraitiste et ce sont ses portrait qui l'ont rendu célèbre.

Il a notamment réalisé plus de 30 portraits d'amérindiens parmi lesquels une douzaine font partie des collections de la Maison Blanche.

Nous avons pu admirer deux de ces magnifiques portraits au MET à New-York en mai 2023.

Portrait du Chef Pawnee
Pes-Ke-Le-Cha-Ko
Un chef fort, déterminé et excellent chasseur

Portrait de Hayne Hudjihini
épouse du chef des Otoe-Missouria
Le petit tatouage bleu sur son front
témoigne de son statut royal

Ces portraits représentent des chefs amérindiens venus à Washington au début du XIX° siècle afin de rencontrer les Présidents et membres du Congrès et se faire les avocats de leurs communautés dans une période où leurs territoires et leur existence même étaient plus que menacés.

Julcee Mathla
(Seminole)

Kish-Kallo-Wo
(Shawnee)

No-Tin (Vent)
(Chippewa)

Henry Inman s'est inspiré d'originaux peints par Charles Bird King (1785-1862), dont la plupart ont été perdus lors de l'incendie de 1865 qui a détruit l'ancien château du Smithsonian : ici.


Qua-Ta-Wa-Pea
(Shawnee)

Selocta (Ruisseau)
Creek

Tai-O-Mah (Renard)

Les délégués venaient des tribus Ojibwa, Chippewa, Iowa, Shawnee, Winnebago, Sauk, Wichita, Menominee, Pawnee, Seminole, Creek et Ottawa.

Tenswatawa

Yoholo-Micco (Ruisseau)
(Creek)

Ces portraits ont servi de modèles pour les lithographies colorées à la main qui ont illustré la publication des trois volumes The History of the Indian Tribes of North America : ici.

Cette magistrale publication est devenue l'une des plus importantes  du siècle au niveau anthropologique.



La plupart des portraits peints à l'huile par Henry Inman ont leur équivalent lithographique dans cet ouvrage unique.

Cette publication a été réalisée sous la direction de Thomas McKenney, alors Superintendant pour les Affaires Indiennes de 1824 à 1830 : ici.



McKenney était persuadé que les Amérindiens étaient menacés "en tant que race", et voués à disparaître, et il  souhaitait conserver un enregistrement des portraits de leurs chefs à la fois pour les archives du gouvernement et pour l'information du Peuple américain.

Mc Kenney
1785-1859

A noter que le Président Andrew Jackson (devenu, beaucoup plus tard, le modèle et l'idole d'un certain Donald Trump) a démis Mc Kenney de son poste en 1830, lui reprochant d'avoir déclaré que " l'Indien est, dans sa structure intellectuelle et morale, notre égal".

A partir de 1837, la santé de Henry Inman se détériore, mais il part cependant en 1844 en Angleterre, accompagné de sa fille, où il restera un an au cours duquel il réalisera de nombreux portraits de célébrités.

Daguerréotype par Matthew Brady
vers 1844

En 1845, il retourne à New York mais après deux mois d'hospitalisation, il meurt en 1846.

Un mois plus tard, une exposition commémorative inhabituelle de 126 de ses peintures rapportera près de 2000 dollars à sa veuve et à ses six enfants.


samedi 9 septembre 2023

Au Périgord vert, sur les pas de Brantôme, abbé, militaire, courtisan et écrivain "léger"

 

Brantôme est surtout connu pour ses écrits "légers"relatant sa vie de courtisan et de soldat et celle des personnages illustres qu'il a côtoyés.

Son véritable nom est Pierre de Bourdeilles

Lors de notre récent séjour au Périgord vert, nous sommes allés lui rendre visite, aussi bien en son Château de Bourdeilles qu'en sa ville de Brantôme, dont il porte le nom.

Pierre de Bourdeilles, dit "Brantôme"
1537-1614 (mort à 74 ans)

On l'a nommé "le valet de chambre de l'histoire"à cause des détails intimes qu'il a donnés sur certains de ses personnages.

Pierre de Bourdeilles est un personnage étonnant à plusieurs facettes et un aventurier hors du commun.

Gentilhomme, courtisan modèle, participant à la vie de Cour, il côtoie les plus grands du Royaume.

Militaire de carrière, c'est un jeune noble en quête de batailles et d'aventures : il participe aux guerres de religion (Il est lié au clan catholique des Guise) et s'engage dans des conflits en Italie, Espagne, Maroc,...

Gravure au Château de Bourdeilles

Il assiste au sacre de Charles IX, il accompagne en Ecosse Marie Stuart, venue prendre possession de son Royaume.

Il passe plusieurs mois à Malte avec les Chevaliers de St Jean.

Il était proche de Catherine de Médicis.

Catherine de Médicis
1519-1589

En 1556, Pierre de Bourdeilles reçoit du Roi Henri II la commande de l'Abbaye de Brantôme et en 1558, il devient Abbé (commanditaire) et Seigneur de Brantôme.

La ville de Brantôme et son curieux
pont à angle droit

Aujourd'hui, Brantôme est moins connu pour ses faits d'armes que pour ses manuscrits.

Son buste, à Brantôme

En 1544, à 44 ans, une chute de cheval le contraint à l'immobilité dans sa propriété et il se retire de la Cour; il "songe à ses amours et aventures de guerre, pour autant se contenter" et décide alors d'écrire ses mémoires.

Pendant les trente dernières années de sa vie, il partage son temps entre son château de Bourdeilles (ici), l'Abbaye de Brantôme (ici), et sa dernière demeure, le Château de Richemont (ici).

Château de Bourdeilles

Abbaye de Brantôme

Château de Richemont

Il se consacre à l'écriture, se remémorant une vie passablement agitée, vagabonde et amoureuse: ses Mémoires, souvent légers plaisent par leur style sans artifices.

Il laissa deux chefs-d'oeuvre de la littérature : "Vie des Hommes illustres et des grands Capitaines" et surtout "Vie des Dames galantes", qui lui apportèrent une certaine gloire posthume.

Son oeuvre est délicieusement amorale, au style enlevé, haut en couleur, témoignage unique sur cette époque.





Il faudra attendre le XVIII° siècle avant que sa réputation ne s'étende.

Edition actuelle

"Toute belle femme s'estant une fois essayée au jeu d'amour ne le désapprend jamais". La Vie des femmes galantes.

"Si tous les cocus et leurs femmes qui les font se tenoyent tous par la main et qu'ils s'en pust faire un cerne, je croy qu'il seroit assez bastant pour entourer et circuire la moitié de la terre." La vie des femmes galantes.


jeudi 7 septembre 2023

Photographie : Mary Ellen Mark, porte-voix des laissés-pour-compte

 

Mary Ellen Mark est une icône de la photographie américaine.


Elle est née le 20 Mars 1940 à Philadelphie et morte le 25 Mai 2015 à New York.

Elle est surtout connue pour ses reportages au travers des Etats-Unis, dans lesquels les portraits, souvent centrés sur des jeunes filles et des femmes, tiennent une place essentielle.

Le personnage le plus récurrent chez elle est peut-être Tiny (Erin Blackwell Charles), qui apparait pour la première fois en 1983 dans Life Magazine.

C'est en suivant un groupe d'enfants et d'adolescents des rues de Seattle - des petits escrocs, des mendiants, des voleurs, des proxénètes et des prostituées - que Mark rencontre Tiny, alors âgée de treize ans.



Durant trente ans, la photographe va suivre son parcours et celui de ses dix enfants.

Tiny, de la prostitution à la maternité





Mary Ellen Mark photographie également à plusieurs reprises les Damm, produisant en 1987 l'une de ses images les plus iconiques à l'époque où la famille vit dans sa voiture.



Elle s'attache à rendre compte de l'autre visage de l'Amérique, celui des plus vulnérables, des oubliés de la société, comme le montrent les images qu'elle prend, au milieu des années 1970 dans le quartier de haute sécurité réservé aux femmes dans un hôpital psychiatrique, l'Oregon State Mental Institution.






Toute sa carrière, elle a cherché l'icône, l'image qui tient seule, qui raconte une histoire.

Les images sont fortes, crues.








En dehors des Etats-Unis, Mark s'est souvent rendue en Inde et au Mexique, pays qui l'ont bouleversée par leur beauté et leur forte charge émotionnelle.

En Inde, elle réussit à gagner la confiance de prostituées de Bombay.



Elle suit Mère Teresa.


Elle s'intéresse encore au cirque au Mexique, dans les années 1990 et 2000.






Sans jamais juger ni privilégier l'exotisme, Mary Ellen Mark a contribué à donner une voix aux marginaux et aux laissés-pour-compte.
Immigrants
Istanbul 1965


"J'ai toujours fait en sorte que mes photos soient le porte-voix des personnes qui ont moins d'occasions de se faire entendre".

Voir ici.