vendredi 29 mars 2019

Au Sultanat d'Oman, un système d'irrigation vital : le falaj



Lors de notre récent séjour au Sultanat d'Oman (Voir ma note précédente ici) nous avons pu admirer le magnifique - et vital - système d'irrigation appelé falaj (le pluriel étant aflaj).

Un falaj


Le Sultanat d'Oman est un pays aride (80% du pays est désertique) et le développement des oasis, des palmiers dattiers et de la culture repose uniquement sur cet astucieux réseau d'irrigation qui fonctionne depuis 4500 ans, mais les plus anciennes ruines ne datent "que" de 500 ans après J.C.

Aridité ...

... et oasis.

Falaj signifie "diviser en parts", en arabe classique. 

Ce système d'irrigation permet de répartir efficacement l'eau entre les habitants.



Captée à la sortie des massifs montagneux ou des wadis, l'eau de source est acheminée en pente douce, par gravité, par des galeries souterraines et des canaux sur des centaines de km vers les villages, les oasis et les habitants.



On utilise des cadrans solaires pour calculer la part d'eau revenant à chaque parcelle.

La gestion et le partage équitable et efficace de la précieuse eau sont toujours sous-tendus par des notions de dépendance mutuelle et de collectivité.

De nombreuses tours de guet permettent de défendre et de surveiller ce système d'adduction d'eau : elles reflètent la dépendance des communautés aux aflaj.


Les cinq aflaj d'Al-Khatmeen (à Nizwa), d'Al-Malki, de Daris, d'Al-Mayassar, et d'Al-Jeela sont classés sur la liste du Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO depuis 2006.

On comptabilise encore plus de 3000 aflaj.

Des responsables des aflaj sont chargés de leur entretien, de leur nettoyage et de veiller au respect de la répartition de l'eau aux différentes parcelles de terrain.

C'est ainsi que la richesse des oasis d'Oman, les palmiers dattiers, continue à croître et à embellir.

Pollinisation manuelle dans un palmier dattier

Voir ici un court reportage de l'UNESCO sur les afflaj (en anglais).

Voir ici un article de Slate sur le Sultanat d'Oman.




mardi 26 mars 2019

Randonnée en Alsace : à Saint-Hippolyte, histoires et légendes


Samedi dernier, une belle journée printanière ensoleillée nous a incités à nous lancer sur le beau sentier de randonnée, dit 'de la tombe de l'Ermite", au départ de Saint-Hippolyte (En Alsace, Haut-Rhin).

L'histoire de Saint-Hippolyte est complexe et particulièrement intéressante, mais impossible à résumer en quelques mots : voir donc ici!

Il s'agit là d'une randonnée tout à fait agréable de 10 km, 400 m de dénivelé, soit 3h de marche, bien indiquée pour reprendre nos activités pédestres, après une (trop) longue période de relative inactivité hivernale.

Le départ a lieu du parking de la salle des fêtes de Saint-Hippolyte.

Nous grimpons tout d'abord par le Vallon des Moulins : jusqu'à la fin du XIX° siècle, il y avait encore par ici une vie traditionnelle.

Cette promenade nous fait en effet découvrir quelques vestiges avec des restes de moulins à huile de noix : tout d'abord le Moulin du Bas, et une meule à écraser les noix  ...


Meule à écraser les noix

... une ancienne station de filtrage d'eau potable...

Station de filtrage d'eau potable
... puis des restes du Moulin du Haut.


Ces deux moulins ont disparu vers 1880 après la destruction par le froid de tous les noyers de la région.

Nous poursuivons notre exploration par un sentier qui grimpe, puis redescend vers les restes d'un Ermitage : là se trouve, au pied d'un superbe érable, la Tombe de l'Ermite (1721)




Poursuivant notre chemin, nous passons devant la Roche des Fées, dont on dit qu'elle fut une pierre à sacrifices celtique. Quels sacrifices ? Mystère!

On trouve souvent lors de randonnées dans les Vosges de nombreuses traces des origines celtes de la région :



Nous découvrons, au lieu-dit Teufelsloch (426 m), le Château du Haut Koenigsbourg qui nous domine de son imposante masse.


Le Haut Koenigsbourg

Le Teufelsloch, ou "Trou du Diable", a certainement un lien avec des croyances anciennes.

Quoiqu'il en soit, en dessous du lieu-dit Teufelsloch se trouve une ancienne mine d'uranium peu signalée, si ce n'est par un panneau de la Cogema ...

... autre version moderne d'une présence "diabolique" 
Reprenant notre grimpée par un joli sentier forestier, nous passons près de nouvelles roches celtiques, pour arriver à une belle gloriette érigée en 1908 par le Club Vosgien de Saint-Hippolyte, puis à la "Fontaine du chevreuil".

Gloriette (1908)

Fontaine du chevreuil
La descente s'amorce, pour rejoindre le vignoble,



puis Saint-Hippolyte, en longeant les anciens remparts :

Saint Hippolyte et ses remparts

Et là, encore un petit clin d'oeil historique, avant de rejoindre le parking :

Le Banc de l'Impératrice Eugénie (1874)...
...modérément confortable!

En résumé : une randonnée tranquille, particulièrement agréable, marquée par des témoins d'histoires plus ou moins anciennes, et de légendes qui font rêver le promeneur.



vendredi 22 mars 2019

Au Sultanat d'Oman : la Grande Mosquée du Sultan Qaboos, une merveille!



A peine débarqués à Mascate de l'avion d'Oman Air en provenance de Paris, notre petit groupe (8 personnes) s'est précipité, dès 8h, avant la chaleur, pour admirer la merveille extraordinaire qu'est la Grande Mosquée du Sultan Qaboos, située à l'ouest de Mascate, près de Bawshar.


Cette imposante mosquée (ouverte aux non musulmans le matin), dont les travaux ont débuté en 1994, a été inaugurée en 2001.

C'est un cadeau splendide et unique fait par le Sultan Qaboos à son peuple. Voir ici.

Le Sultan Qaboos, à la tête
du Sultanat d'Oman depuis 1970

C'est l'une des plus vastes et des plus belles du Golfe.

Elle a été réalisée par un architecte omanais et le Cabinet londonien Quad Design.


L'extérieur  a été conçu dans un style islamique minimaliste tout à fait contemporain, associant marbres blanc et brun-rouge.
Les pierres furent importées d'Inde et taillées à Mascate.

L'entrée principale est au sud et débouche sur un très beau jardin fleuri orné de bassins et de frangipaniers.




Entrées de la Mosquée


L'intérieur de la grande salle de prière, réservée aux hommes, peut abriter 20 000 fidèles.

La salle réservée aux femmes se situe plus loin et est plus petite.

Un minaret de 45 m se dresse à chaque angle de l'édifice.

Ces 4 minarets, faisant écho au minaret principal, rappellent les 5 piliers de l'Islam.

La richesse de la grande salle de prière est absolument stupéfiante, offrant un contraste saisissant avec la sobriété de la façade.



Créé par les Etablissements Swarovski, le lustre en cristal est haut de 14 m.



Le tapis étendu au sol est lui aussi exceptionnel : 4200 m2 !

Il a fallu 4 ans à 600 ouvrières iraniennes pour réaliser près de 2 milliards de noeuds qui le composent.

Les fils de laine et de coton sont teintés en 28 couleurs végétales, qui donnent à cette oeuvre d'art une douceur et des nuances dégradées fascinantes.

Ce tapis persan de 60 x 70 m
pèse 21 tonnes
A noter que les vitraux ont étés réalisés selon la technique traditionnelle (verres antiques, sertissage au plomb, etc,...) par une entreprise française, France Vitrail International. Voir ici.


Voir ici pour une visite à 360° de la salle principale de cette mosquée.

Tous les détails de ce bâtiment exceptionnel nécessiteraient des heures de contemplation, en particulier les mosaïques créées par des artistes de différents pays.




Sans oublier les ouvertures sculptées ...



... et les innombrables couloirs ou règnent le calme et la fraîcheur.



Cette grande Mosquée est surprenante car elle est à la fois discrète et imposante, grandiose.

Elle cache ses trésors intérieurs pour ses fidèles, mais s'ouvre aux visiteurs.

Elle allie des éléments architecturaux et décoratifs sunnites et chiites.

On retrouve certainement dans cette réalisation exceptionnelle l'essence de l'Islam ibadite du Sultanat d'Oman, et le sens de la conciliation et de l'ouverture du Sultan Qaboos, qui a su, en plus 40 ans de règne développer son pays de façon surprenante et l'ouvrir au monde tout en conservant ses traditions.

L'Islam ibadite, un Islam érudit et raffiné, est en effet propre au Sultanat d'Oman, et représente ce qu'on appelle "La Troisième Voie de l'Islam" (Voir ici et )

Ce premier contact avec le Sultanat d'Oman et avec Mascate, sa capitale, fut tout à fait impressionnant, mais nous n'étions pas au bout de nos découvertes et de nos surprises!...



samedi 2 mars 2019

Photographie : William Daniels à Paris, au Pavillon Carré de Baudoin



Le Pavillon Carré de Baudoin est un édifice du XVIII° siècle situé 121 Rue de Ménilmontant dans le XX° arrondissement, à Paris, qui a été converti en espace culturel ouvert au public en juin 2007.


Ce lieu est géré par la Ville de Paris et la Mairie du XX° et l'entrée y est gratuite.
Voir ici.

Cet élégant pavillon, construit en 1770 pour Nicolas Carré de Baudoin, dans un style monumental, évoque les célèbres villas de l'architecte italien Palladio (1508-1580).


C'est un témoin superbe des maisons de campagne - ou Folies - édifiées au XVIII° siècle pour le repos des aristocrates et bourgeois enrichis : voir par exemple la Folie-Régnault et la Folie-Méricourt, qui n'existent plus, sauf leur mémoire dans le nom des rues.

Cette Folie abrita, au XIX° siècle un pensionnat de jeunes filles, puis un orphelinat destiné aux enfants des victimes du choléra.

L'exposition que nous y avons admirée, d'oeuvres photographiques de William Daniels, était intitulée "Wilting Point": voir ici.

William Daniels
Photographe humaniste des
tragédies du monde

En botanique, le Wilting Point, ou "point de flétrissement" est le seuil au delà duquel une plante, par manque d'eau, ne pourra plus survivre.







Dans notre monde, il existe bien d'autres points de rupture qui maintiennent un lien fébrile entre vie et mort.



Cette exposition inédite (25 janvier au 11 avril 2019) vise à présenter les photographies de William Daniels, photographe documentaire soucieux des questions sociales et humaines.





Son regard est personnel, percutant et intimiste sur des territoires aux identités confuses, qui semblent voués à une instabilité chronique : Centrafrique, Lybie, Kirghizistan, ou la frontière Bangladesh-Myanmar,...



Dans la photographie de William Daniels, deux approches se font face : celle directe, incisive, narrative, du reportage documentaire, et celle, émotionnelle, qui exprime le sentiment personnel de l'auteur.

Une exposition magnifique, émouvante, troublante, qui nous saisit au plus profond de nous mêmes.