Le 10 mai 1933, souvenons nous, il y a 88 ans, à Berlin, les ouvrages des plus grandes figures intellectuelles germanophones du XX° siècle partaient en fumée.
Ces autodafés marquaient la "décapitation intellectuelle" de l'Allemagne.
Le 10 mai 1933 au soir, des étudiants nazis escortent, en brandissant des flambeaux, deux camions de livres, de la Porte de Brandebourg à la Place de l'Opéra (actuellement Bebelplatz), face à l'Université de Berlin.
Sur cette place, face à l'une des plus prestigieuses Universités allemandes, l'Université Humboldt, 20 000 livres furent brûlés.
Là, des personnalités et des étudiants nazis déchargent le contenu des camions et organisent un "autodafé rituel des écrits juifs nuisibles".
Crédit photographique Mémorial de la Shoah |
Parmi les auteurs voués au feu : Heinrich Heine, Karl Marx, Sigmund Freud, Albert Einstein, Franz Kafka, Stefan Zweig, Felix Mendelssohn-Bartholdi,...
Présent sur place, Joseph Goebbels, ministre de la propagande du Reich dénonce, dans un discours radiodiffusé, le "mauvais esprit du passé", et appelle les étudiants à lutter "pour que l'esprit allemand triomphe définitivement dans une Allemagne à jamais réveillée".
Ces autodafés de livres se répétèrent dans 20 autres villes du pays.
La campagne d'épuration avait commencé les semaines précédentes dans les universités, contre les enseignants juifs.
En même temps, les oeuvres des "artistes dégénérés" étaient bannies des musées : Van Gogh, Picasso, Matisse, Cézanne, Chagall,...
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Lors de notre séjour à Berlin, en 2019, nous nous sommes recueillis Place Bebel, devant les imposants bâtiments de l'Université Humboldt (Humboldt Universität zu Berlin : ici) .
Université Humboldt |
Au milieu de la place, au sol, se trouve un discret mais puissant mémorial de ce sinistre évènement : une plaque de verre , qui laisse entrevoir une bibliothèque aux rayonnages vides sous le niveau du sol.
Une bibliothèque aux rayonnages vides |
Plaque commémorative incrustée dans le pavé de la Bebelplatz |
Le 10 Mai 1933 : une sinistre date pour l'Humanité, qui en préfigurait, hélas, de bien pires!
On ne peut que se souvenir des vers prémonitoires de l'écrivain Heinrich Heine (1797-1856) :
"Là où on brûle des livres, on finit aussi par brûler des hommes".
Voir ici l'Archive 'British Pathé' sur cet évènement.
1 commentaire:
Remarquable article sur une journée qu'il convient de bien garder en mémoire. Passionnant !
Mai est décidément le mois des "anniversaires"
Merci et amitiès de JC
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