La Décapole était l'alliance de dix Villes Libres d'Empire alsaciennes au sein du Saint Empire Romain Germanique en une Ligue fondée en 1354 et dissoute en 1679.
Haguenau, Colmar, Wissembourg, Turckheim, Obernai, Kaysersberg, Rosheim, Munster, Selestat.
A ces villes, il faut rajouter :
- Mulhouse, de facto jusqu'en 1466 et officiellement et uniquement jusqu'en 1515, date de son alliance "à perpétuité" avec la Confédération Suisse,
- Seltz entre 1358 et 1418,
- Landau, qui rejoint la Décapole alsacienne à partir de 1521.
A noter que Strasbourg ne fait pas partie de la Décapole.
Charle IV 1316-1378 |
C'est le 28 Aout 1354 que Charles IV ratifie le texte suivant
" Nous Charles par la grâce de Dieu, roi des Romains, et roi de Bohême faisons savoir, qu'ayant constaté les maux, discordes, et révoltes troublant actuellement le pays, les villes, et les gens qui en Alsace nous appartiennent, à nous et au Saint Empire, nous avons ordonné par la présente Charte aux Schultheissen (prévôts), Bourgmestres, Conseils, Bourgeois, et Communautés des villes d'Haguenau, Wissembourg, Colmar, Sélestat, Obernai, Rosheim, Mulhouse, Kaysersberg, Turckheim, et Munster de s'unir par serment prêté à nous et à l'Empire pour se porter aide et conseil réciproque contre qui que ce soit, à l'exception toutefois de nous, de l'Empire, de notre Grand Bailli, et de nos autres fonctionnaires en exercice. "
La Décapole a pour vocation de favoriser une coopération entre ces villes.
Cette alliance va marquer le paysage politique de l'Alsace jusqu'à son annexion à la France par Louis XIV en 1679.
Face à l'instabilité féodale et au brigandage qui menacent le commerce, la Décapole assure à ses membres aide et conseil, assistance militaire, défense des privilèges accordés par l'Empereur et également, ce qui est remarquable, une entraide financière en cas de banqueroute.
La Décapole affirme et protège la liberté des villes membres de cette Ligue face aux Seigneurs et Princes.
Durant trois siècles, la Ligue des "villes libres" d'Alsace a constitué un véritable laboratoire de solidarité régionale.
Aujourd'hui, l'esprit de la Décapole rayonne encore dans bien des expériences croisées de coopération et de solidarité menées dans la Région.
Voir ici un article détaillé et intéressant sur ce que représente encore pour tout alsacien le "mythe" de la Décapole.
Cette Ligue de la Décapole a été efficace pendant les trois siècles de son existence, pour structurer la vie urbaine, assurer la sécurité des routes commerciales, et ... résister aux péages institués par l'évêque de Strasbourg.
A noter que la République de Mulhouse (ici et là), qui s'estimait mal protégée a préféré entrer en 1515 dans l'alliance avec la Confédération des 13 Cantons Suisses révoltés contre les Habsbourg, ce qui lui a valu d'être reconnue comme ville suisse protestante par les traités de Westphalie en 1648 et de le rester jusqu'en 1798.
Mulhouse en 1642 |
Au XVI° siècle, la Décapole a réussi à surmonter les crises provoquées par la Réforme, qui aurait pu briser l'alliance défensive entre des villes aux options religieuses différentes : la tolérance l'a emporté.
Depuis l'ouvrage de Lucien Sittler "La Décapole alsacienne" publié en 1955, centré sur la fin du Moyen-Âge, ce sujet n'a pas beaucoup intéressé les historiens.
Fort heureusement un ouvrage, publié en 2009 sous la direction de Bernard Vogler par La Nuée Bleue est venu combler ce vide : "La Décapole, Dix Ville d'Alsace alliées pour leurs libertés 1354-1679".
Cet ouvrage passionnant est réalisé sous la forme d'une série de monographies de chacune des onze villes en présentant leurs spécificités et leurs liens avec la Décapole.
Ce livre sans équivalent restitue cette riche page d'histoire de l'Alsace dans sa polyphonie.
La Décapole : un laboratoire de solidarité régionale en Alsace dont l'esprit rayonne encore dans bien des expériences de coopération et de solidarités menées dans la Région.
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