vendredi 24 mai 2019

A Berlin, un Musée exceptionnel : le Deutsches Historisches Museum


Lors de notre récent séjour à Berlin, nous avons passé un long moment dans le "Musée Historique Allemand" (Deutsches Historisches Museum) : vraiment exceptionnel!

Tout d'abord, ce Musée est situé  dans le plus ancien bâtiment de Unter den Linden, le superbe Zeughaus (L'Arsenal), de style baroque, édifié sous Frederic Ier, roi de Prusse, mais que nous n'avons pas pu admirer de l'extérieur, car il était entouré d'échafaudages.

Le Zeughaus (L'Arsenal)
Façade de l'Arsenal
En 1875, le Zeughaus fut reconverti en "Temple de la Gloire pour l'Armée Prussienne", doté d'un musée des armes et de la guerre.

Blason de la Prusse
(Gott mit Uns ...)

Il a été utilisé par les nazis comme musée de l'armée.

Dès 1952, après les aléas de lourds bombardements, la RDA y installa le "Musée de l'Histoire Allemande".

Après la réunification de l'Allemagne, en 1990, il a accueilli le "Musée Historique Allemand" actuel.

Le Zeughaus, souvent victime des ruptures et des vicissitudes de l'histoire allemande était prédestiné à accueillir ce musée magnifique: c'est d'ailleurs l'un des musées les plus visités de Berlin.

La cour intérieure et sa verrière

Ce Musée occupe également un nouvel ensemble réalisé par l'architecte de la Pyramide du Louvre, Ieoh Ming Pei, que nous n'avons pas eu le temps de visiter.

L'oeuvre de Ieoh Ming Pei

L'exposition permanente au Zeughaus propose un vaste tour d'horizon de 1500 ans d'histoire.

Pour démarrer l'exposition :
le portrait idéalisé de Charlemagne
par Albrecht Dürer (1514)

Sur deux niveaux, l'exposition nous guide à travers les diverses époques de l'histoire allemande, insérée dans un contexte européen.

Le visiteur est conduit du Moyen-Âge à la Première Guerre Mondiale, en passant par la Réforme, la Guerre de Trente ans et l'Empire allemand.

Il se poursuit par la République de Weimar, le régime nazi, l'histoire des deux Etats allemands jusqu'à la chute du Mur et la réunification : très vaste programme qui nécessitera une autre visite!

Le fil rouge de cette exposition permanente passionnante : l'histoire politique façonnée par les souverains, les acteurs politiques et les communautés. 

Et ci-dessous, parmi les quelques 7000 objets historiques remarquables évoquant des individus, des idées, des évènements et des processus historiques...

Le sens du salut hitlérien
Petit homme demande de gros cadeaux

L'Allemagne choisit la liste Hitler ...

Après l'incendie du Reichstag par Hitler

La jeunesse sert le Führer
(1939)
Le III° Reich ? Non!

On peut voir la fameuse machine de codage (de chiffrement électromécanique) Enigma (1937) : voir ici.

Son utilisation la plus célèbre fut celle faite par les nazis et leurs alliés lors de la seconde guerre mondiale.
Les cryptanalystes britanniques, dont Alan Turing (ici) furent capables de déchiffrer les messages transmis via Enigma, permettant ainsi d'écourter le conflit d'au moins deux ans.

ENIGMA

Guide de visite de Paris
pour les soldats allemands

Pétain :
"Conformez vous aux demandes faites
par les autorités militaires
de la puissance occupante!"

L'Appel du 19 Juin 1940 :
"Rien n'est perdu!"

Le Bien Etre par le travail en Allemagne
Un faire-part parodique de la mort d'Hitler :

"...le service de la voirie est chargé des obsèques ..."
L'attentat contre Hitler :

Le Comte von Stauffenberg
qui a transporté en 1944 la bombe
de l'attentat contre Hitler, qui a échoué

L'annonce de la mort d'Hitler :




Un Musée étonnant, saisissant, émouvant, exceptionnel... et, ce qui ne gâte rien, un  café-restaurant sympathique et calme, qui est accessible depuis le Musée même, nous attend à l'intérieur du Zeughaus!


Café restaurant du Musée

lundi 20 mai 2019

Opéra : à Covent Garden, Madama Butterfly de Puccini : bouleversant!


Hier, retransmission sur Mezzo, depuis Covent Garden (Royal Opera House à Londres), de l'opéra de Puccini, Madama Butterfly : bouleversant!

Giacomo Puccini
1858-1924


Madama Butterfly

Sous la direction magistrale et inspirée d'Antonio Pappano, que nous avons apprécié à de multiples reprises, le Royal Opera House Orchestra a mis en valeur toute la subtilité, la richesse et l'émotion de la partition de Puccini : magnifique!

Antonio Pappano,
le maestro de Covent Garden

Si Puccini glisse dans sa musique de discrètes allusions aux coutumes et au folklore japonais, il brosse surtout un portrait féminin bouleversant de justesse et de sensibilité.

Ce drame de l'amour et de l'attente reste, cent ans après sa naissance, l'un des opéras les plus populaires du répertoire, arrachant toujours les mêmes larmes aux spectateurs!

"Ma Butterfly reste l'opéra le plus sincère et le plus expressif que j'aie jamais conçu." déclara un jour Puccini, ce qui n'est pas peu dire!

La soprano albanaise Ermonela Jaho (ici), que nous découvrions, dans le rôle titre de Madama Butterfly (Cio-Cio-San, qui signifie 'papillon' en japonais), a su nous transmettre les sentiments d'amour, de violence, de déchirement de son héroïne de façon magistrale.

Ermonela Jaho
Marcelo Puente, le ténor argentin, dans le rôle de Pinkerton, nous offre une voie puissante et colorée, dans sa prestation de la première partie de l'opéra.

Marcello Puente
(Pinkerton)

A noter également Elisabeth DeShong, dans le rôle de la suivante Suzuki : discrétion et présence.

Suzuki
(Elisabeth DeShong)
Cet Opéra de Puccini fut représenté pour la première fois en février 1904 à la Scala de Milan.


Il s'agit du 6° opéra le plus joué au monde après Tosca de Puccini. Voir ici.

Ecoutez ici "Vogliatemi bene".
Ecoutez ici "Un bel di vedremo"!

Une soirée bouleversante!

J'ai un enregistrement de cet opéra avec La Callas et Nicolai Gedda, dirigé par Karajan à La Scala (1955), magnifique également!


vendredi 17 mai 2019

A Berlin, les vicissitudes de l'Histoire : du Château des Hohenzollern au Humboldt Forum


Lors de notre récent séjour à Berlin, j'ai été fort surpris de constater l'avancement des travaux du Humboldt Forum, situé au bout de Unter den Linden, en face du Berliner Dom (la Cathédrale), sur la Spreeinsel.

Le Berliner Dom

Lors de mon précédent séjour, en 2011, il n'y avait en effet à cet emplacement qu'une immense excavation et un terrain vague.

L'Histoire, ancienne et récente, s'est aussi déroulée à cet emplacement, comme partout à Berlin, ce qui rend d'ailleurs cette ville si intéressante, attachante, passionnante, voire surprenante.

Là se trouvait en effet le Château de Berlin (Berliner Stadtschloss), un édifice monumental, qui était la résidence principale des Hohenzollern jusqu'à la chute de l'Empire Allemand, à la fin de la Première Guerre Mondiale.

Le Stadtschloss en 1920
Vue aérienne, vers 1900

En rosé, l'emplacement du Château
sur la Spreeinsel, face au Dom

Le premier Château a été construit vers 1450, sous le règne du prince-électeur Frederic II de Brandebourg, puis remanié et agrandi au cours des 250 ans qui ont suivi.

Frederic II de Brandebourg
1437-1470

Le premier Roi de Prusse, Frédéric Ier décide alors la construction d'un nouvel édifice à cet emplacement, qui symbolisera la monarchie absolue et le redressement de la Prusse après la Guerre de Trente ans.

Frederic Ier de Prusse
1657-1713
C'est un édifice dans le style baroque, qui est construit entre 1699 et 1706 par Andreas Schlüter.

La dynastie des Hohenzollern occupa ce Château pendant plus de deux siècles. 

La cathédrale, relativement modeste, située à l'emplacement du Dom actuel était alors l'Eglise de cour des Hohenzollern et elle fut inaugurée en 1750 par Frederic II.

Frederic II de Prusse, le Grand
1712-1786

L'Empereur Guillaume II, gouverneur suprême de l'Eglise Evangélique en Prusse, lança une nouvelle construction plus grande et plus majestueuse, qui devait être l'"Eglise principale du Protestantisme", digne de la grandeur de la capitale impériale, réplique berlinoise de Saint Pierre de Rome.

La construction s'étala entre 1894 et 1905.

Guillaume II
dernier Roi de Prusse
1859-1941

Le nouveau Dom fut inauguré en 1905...et il fut fortement endommagé durant la Seconde Guerre Mondiale.


En 1975 la RDA a commencé la rénovation du Dom, qui fut terminée en 1993, 4 ans après la chute du Mur. Voir ici.

Mais revenons au Château!

Le 9 novembre 1918, c'est depuis un balcon de l'un des portails du Château que Karl Liebknecht proclame la République Socialiste libre (Freie Socialistische Republik), deux heures après que Philipp Scheidemann a proclamé la République depuis un balcon du Reichstag.

Karl Liebknecht (1871-1919)

Le Château a été lui aussi fortement endommagé durant les bombardements et Walter Ulbricht décide en 1950 la destruction complète du château, afin que ce symbole de l'ancienne Prusse disparaisse à jamais.

Walter Ulbricht
1893-1973

Seul le Karl Liebknecht Portal est démonté et conservé.

En 1976, Erich Honecker inaugure à cet emplacement le Palais de la République, un édifice monumental en verre fumé, métal et marbre et l'esplanade est rebaptisée Place Marx-Engels.

Erich Honecker
1912-1994

Palais de la République de la RDA
Après la chute du Mur, le Palais est fermé pour cause de désamiantage, puis finalement complètement détruit.

Ainsi va la vie : après plus de dix ans de vives polémiques, le Palais de la République cède sa place à ... la reconstruction du Château de Berlin.

Le but est de reconstruire le Palais Royal avec trois façade baroques, les appartements royaux dans la partie Renaissance, mais il y aura aussi un hôtel de luxe, des boutiques, des restaurants, un centre d'affaires, des musées,...

La maquette du futur Palais.

Une copie du Karl-Liebknecht Portal sera intégrée au bâtiment.

Ce projet, baptisé le Humboldt Forum, et approuvé en 2002 par le Bundestag,  a l'ambition de devenir la plus grande attraction touristique de Berlin, en plein coeur de la ville.

Les travaux ont débuté en 2013, et devraient se terminer fin 2019.

Le chantier en 2016
Partie des façades Nord en 2017
Façade sud ouest

Voir ici pour plus d'informations (en anglais) et (en français).

Les débats ont été et sont encore vifs en Allemagne à la fois sur le principe de la reconstruction et sur l'affectation de ce nouveau bâtiment.

Il a été décidé que le Château des Hohenzollern reconstruit présentera trois façades identiques à l'ancien et une façade d'architecture contemporaine, mais le lieu ne servira plus aux fonctions d'Etat : il reprendra sa fonction de Musée qui était la sienne sous la République de Weimar.

De plus, il sera rattaché à la prestigieuse Université de Humboldt, située à côté, qui lui a donné son nom de Humboldt Forum, et qui y déposera ses collections scientifiques.



Mais maintenant de nouvelles polémiques font surface à propos de ces collections : comment le Forum Humboldt doit-il commémorer l'injustice coloniale ? 

Faut-il une "salle du silence", en mémoire de la colonisation allemande : voir ici et ??

Faut-il rendre les célèbres bronzes béninois controversés : voir ici ?...

En tout cas, il s'agit là d'un des projets culturels les plus ambitieux actuellement en cours de réalisation en Europe!

Ce sera sans aucun doute, lorsque le Humboldt Forum sera terminé,  le prétexte d'un autre voyage à Berlin!