lundi 31 mai 2021

Au Canada : une horrible découverte : les restes de 215 enfants amérindiens retrouvés sur le site d'un ancien pensionnat catholique.

 

Ceci s'est passé à Kamloops, en Colombie Britannique, dans un pensionnat pour enfants amérindiens.

Kamloops Indian Residential School
(Pensionnat autochtone)

Nous sommes touchés par cette horrible affaire, dans la mesure où nous sommes passés par Kamloops lors de notre périple dans le Grand Ouest Canadien en Juillet 2019 et que le sort des tribus amérindiennes (autochtones) nous touche particulièrement.

La Communauté autochtone amérindienne Tk'emlups te Secwepemc y a été victime d'un "génocide culturel" dans les années 50 par l'Eglise Catholique qui gérait ce pensionnat qui avait pour objectif d'"assimiler" les enfants autochtones amérindiens à la société dominante.

Un expert a repéré les restes humains de 215 enfants le week-end dernier à l'aide d'un géo-radar sur le site de cet ancien pensionnat catholique.

Cette découverte a créé une onde de choc dans tout le Canada.

215 paires de chaussures d'enfants sont déposées
en souvenir de cette atrocité

"Certains n'avaient que trois ans!" a affirmé la Cheffe de la tribu, Roseanne Casimir.

Voir ici l'article de presse publié par la tribu (en anglais).

Voir ici CBC/Radio Canada.

Roseanne Casimir cheffe
de la Tribu Tk'emlups te Secwepemc


Un génocide culturel

Selon elle, la mort de ces enfants, dont on ignore la cause, mais qui peut être entre autres la malnutrition,  et à quand exactement elle remonte, n'a jamais été documentée par la direction du pensionnat.

Quand l'école revêt l'habit de l'oppression

La Communauté amérindienne travaille avec le médecin légiste de la province pour tenter de faire la lumière sur cette horrible découverte et trouver tout document relatif à ces décès.


L'ancien pensionnat de Kamloops, géré par l'Eglise Catholique au nom du Gouvernement Canadien, était le plus grand  des 139 établissements du genre mis en place dans le pays à la fin du XIX° siècle.

La malnutrition était chronique
dans ces pensionnats

A Kamloops, le pensionnat avait ouvert ses portes en 1890, et a été fermé en 1969, et avait accueilli jusqu'à 500 élèves dans les années 1950.

Pensionnat autochtone :
l'enfance déracinée

 Ces pensionnats ont été créés dans les années 1830 avec un seul et unique but : éradiquer la culture autochtone.

Il s'agissait de scolariser, évangéliser et surtout assimiler les enfants autochtones : cette pratique, qui séparait de force les enfants de leur famille a été décrite comme le fait de "tuer l'indien dans l'enfant".

Tout ceci a été formalisé par la "Loi sur les Indiens", ou "Indian Act "de 1876 : ici.

L'Indien n'est pas une personne
mais un être de seconde zone


Cette Loi n'était pas un Traité et n'a jamais été négociée mais imposée.



Les conditions de vie y étaient très difficiles et les anciens pensionnaires en conservent encore des séquelles importantes, physiques et psychologiques.

Non seulement beaucoup d'entre eux ont sombré par la suite dans l'alcoolisme et la drogue, voire la délinquance, mais il en a été de même pour leurs enfants et petits enfants.

"Ils nous ont détruits parce qu'ils voulaient notre terre. Qu'est-ce que j'ai fait pour mériter ça ? J'étais juste un enfant!" Un survivant.


Lors de leur arrivée au pensionnat, les jeunes étaient dépouillés de leurs objets personnels et de leurs vêtements traditionnels, on coupait leur cheveux, changeait leur nom et on leur donnait un numéro matricule.

Les enfants étaient sévèrement punis s'ils parlaient leur langue.

Ils ont de plus subi des sévices et des viols par des prêtres, dans l'indifférence générale.

Les enseignants, prêtres et religieuses, utilisaient souvent des techniques de torture épouvantables, dont la chaise électrique, pour faire céder les enfants.

Thomas Moore avant et après son entrée
dans un pensionnat autochtone 
du Saskatchewan en 1874

"J'ai réagi avec des larmes" a déclaré Mary Wilson, Présidente du Comité Vérité et Réconciliation du Canada sur les Pensionnats autochtones.

"A se poser la question : on est dans quel pays en fait? On entend des nouvelles comme ça, des enterrements en masse de plusieurs personnes, même sans parler d'enfants, et on se croit ailleurs, mais on est là, au Canada!" Mary Wilson

Le Premier Ministre Justin Trudeau s'est déclaré bouleversé par la découverte de ces 215 corps d'enfants.

Justin Trudeau :
"J'ai le coeur brisé!"



Le Comité Vérité et Réconciliation a publié son rapport final sur les Pensionnats autochtones il y a plus de cinq ans, donc avant cette découverte honteuse.

Le document de près de 4000 pages détaille les mauvais traitements graves infligés dans ces établissements aux enfant autochtones où près de 4000 enfants sont morts suite aux mauvais traitements et aux négligences.

Les familles n'ont jamais su ce qui était arrivé à leurs enfants ...

Ecouter ici un court documentaire (3 mn) de France Inter qui raconte l'enfer des pensionnats autochtones catholiques au Canada et qui renvoie au terrible et nécessaire documentaire d'ARTE.tv  (73 mn)  de Glenlaouen Le Gouil : "Tuer l'Indien dans le coeur de l'enfant": ici.


Une nouvelle génération de combattants est apparue aux côtés des survivants, gardiens de la mémoire, et  disposant d'outils plus modernes pour défendre leur dignité face à un gouvernement au cynisme inchangé.


dimanche 30 mai 2021

Luke Combs, la nouvelle voix de la musique country aux USA

 

Luke Combs, né il y a 31 ans, le 2 mars 1990, en Caroline du Nord, est un chanteur et un compositeur de musique country : la voix qui monte et qui résonne fort!


Il a débuté très jeune et fort : au Carnegie Hall.

Après avoir abandonné ses études pour se lancer dans une carrière musicale, il s'est installé à Nashville et y a produit "The way she rides", en 2014.

En 2017, il produit son premier album "This one's for you", acclamé par la critique et en 2019 son second album "What you see is what you get", qui inclut "Forever after all".


En 2020, il produit le single "Six feet apart", qui devient rapidement très populaire, dans la mesure où il évoque les difficultés de la vie pendant la pandémie du Covid-19.

La musique de Luke Combs lui a valu deux Grammy Awards ainsi que de nombreuses nominations et récompenses.


Voir ici "The way she rides".

Voir ici "This one's for you".

Voir ici "Forever after all".

Voir ici "Must've never met you".

Voir ici "Even though I'm leaving".

Voir ici "Houston, we got a problem".

Voir ici "Six feet apart".

Voir ici son concert complet à Lexington (Kentucky) le 14 février 2020.

Luke Combs : une étoile qui monte dans le ciel de la musique country ... et de la musique américaine: voir son site ici.

"La star la plus prometteuse de la country de ces cinq dernières années". The New York Times.

Luke Combs est le premier surpris par son propre succès ...


vendredi 28 mai 2021

Photographie : Imogen Cunningham, figure de proue de la photographie américaine du XX° siècle

 

Et voici une autre photographe professionnelle portraitiste américaine : Imogen Cunningham, formée en particulier par Gertrude Käsebier dont elle est la cadette de 30 ans (voir ma note ici).

Autoportrait
1909

Imogen Cunningham est née en 1883 à Portland et morte en 1976, à 93 ans, à San Francisco, où elle a vécu et travaillé toute sa longue existence de créatrice : sa carrière s'étend sur 75 ans!

Elle a été apprentie de 1907 à 1909 chez Edward S. Curtis (ici) où elle apprend les techniques de retouche de négatifs et de tirage sur papier platine.

Portraits de l'acteur suédois
Warner Oland


En 1909, elle part à Dresde pour étudier la photochimie à la Technische Hochschule.

Portrait de Roi Perdrix

En 1910 elle rédige sa thèse intitulée :"About self-production of platinium papers for brown tones", puis revient aux Etats-Unis pour créer un studio d'art et une entreprise commerciale.



Elle publiera un manifeste féministe "Photography as a profession for Women": pour elle, "la photographie est un art ou une profession où hommes et femmes ont les mêmes droits".



Pour elle, la photographie est un métier à part entière : elle est devenue une figure de proue de la photographie américaine du XX° siècle.

Frida Kahlo

Son oeuvre, impressionnante, est vaste et diversifiée: portraits, fleurs, paysages,...








Elle est influencée par les Photo-Sécessionnistes et la revue Camera Work d'Alfred Stieglitz, que j'ai évoqué dans ma note sur Gertrude Käsebier.

Influencée par Die Brücke, elle intègre volontiers les nus dans ses sujets : ici.





En perpétuelle recherche au cours de sa longue carrière, Cunningham a été, pendant la première moitié du XX° siècle, une pionnière de la photographie de portraits et de paysages sur la côte ouest des Etats-Unis.

Avec son contemporain Ansel Adams (Voir ma note de 2011 ici), elle présente, par ses images nettes de l'Ouest américain une alternative au pictorialisme qui domine en Europe et sur la côte Ouest des Etats-Unis (Voir ma note de 2011 ici sur le pictorialiste américain Karl Struss).

Imogen Cunningham
avec Ansel Adams

Voir ici pour les détails de sa très longue carrière et de ses rencontres : August Sander (ici), Ansel Adams (ici), Edward Steichen (ici), Walker Evans (ici), Paul Strand (ici), Man Ray (ici),...




Pratiquant encore la photographie après ses 90 ans, Imogen Cunningham sert de mentor à une nouvelle génération de photographes.

Imogen Cunningham

Dans les dernières années de sa vie, elle réunit des portraits de personnes âgées pour un livre, After Ninety, qui sera publié à titre posthume.


Dans cette dernière série de photographies, Imogen Cunningham tente de capturer l'affirmation du passé, le résumé d'une vie dans l'expression d'un visage transformé par les années : un hymne à la longue vie.

"Quelle photo je préfère de celles que j'ai prises? Celle que je vais faire demain!".

"Je ne parle pas de succès, je ne sais pas ce que cela veut dire. Attendez au moins que je sois morte pour vous en rendre compte!".


mardi 25 mai 2021

En Alsace : randonnée nature et patrimoine entre Buhl et Murbach

 

Dimanche 23 Mai, une météo clémente nous a incité à partir à la redécouverte du Vallon de Murbach, au départ de la ville de Buhl, dans la Vallée du Florival.

Pour une reprise, ce fut une belle randonnée, de difficulté moyenne,  alliant nature et patrimoine, de longueur 7km, 360 m de dénivelé positif et 3h de marche pure.

Le point de départ de cette randonnée est le parking de l'église St-Jean-Baptiste de Buhl.

Mais tout d'abord, nous nous attardons pour admirer le chef-d'oeuvre exceptionnel abrité par l'église de Buhl : un imposant Retable gothique, comptant parmi les oeuvres majeures de la peinture médiévale rhénane : ici.


Le Retable de Buhl

Il a été réalisé par l'école du fameux peintre et graveur colmarien Martin Schongauer, à la fin du XV° siècle.

Martin Schongauer
1445-1450/1491

Ce magnifique Retable a été réalisé pour le Couvent des religieuses de Sainte-Catherine de Colmar.



Le Couvent est fermé à la Révolution française et son mobilier vendu. Deux habitants de Buhl l'acquièrent en 1794 contre ... un tonnelet de vin.


Le Retable est installé dans le choeur de l'église en 1835, puis est caché pendant la I° Guerre Mondiale dans le Château du Haut-Koenigsbourg, puis, lors de la II° Guerre Mondiale, à Périgueux.


Le Retable est alors restauré par les ateliers du Louvre en 1965.




Suite à cette restauration, le Retable est présenté de façon muséale, en accès libre, mais sécurisé.

Nous admirons également dans l'église un très bel orgue construit par le célèbre facteur d'orgues allemand Heinrich Koulen, qui a construit, de 1871 à 1921 plus de 200 orgues en Alsace et dans le sud de l'Allemagne : ici.

Nous poursuivons ensuite notre parcours en direction du Pont St-Barnabé, puis du Vallon de Murbach, au centre duquel est située l'ancienne Abbaye romane.

L'Abbaye de Murbach

Cette Abbaye a été fondée en 727 par Saint Pirmin (ici) et le Comte Eberhard, neveu de Sainte-Odile, qui la dota richement.

Saint Pirmin
670-753

Plusieurs Rois la visitèrent : Pépin, Roi des Francs, et Charlemagne.

L'Abbaye de Murbach fut l'une des plus riches et des plus influentes du Saint Empire Romain Germanique; voir ici l'histoire exceptionnelle de cette Abbaye.


L'Abbaye possédait en effet des biens dans 350 localités, du Palatinat à la Suisse, et elle fonda la Ville de Lucerne.

Sa puissance temporelle était telle que l'Empereur Charles-Quint lui accorda en 1544 le privilège de battre monnaie.


L'Abbé Célestin de Beroldingen décide en 1725 de construire une nouvelle église et commence en 1728 la démolition de la nef et du cloître.

Le Chapitre de l'Abbaye se réveille un peu tard, en 1739 et la démolition est stoppée : il ne reste actuellement de ce très bel édifice que le choeur et les deux tours. 

Vue latérale

Vue frontale

Le bâtiment est actuellement une église paroissiale.



Les Armes au lévrier du Prince-Abbé
 de l'Abbaye de Murbach

Nous poursuivons notre randonnée et grimpons à la Chapelle Notre Dame de Lorette, d'où la vue sur le vallon de Murbach et son Abbaye est spectaculaire.


Puis nous dirigeons nos pas en direction du Col du Schrangen (550 m) par un beau sentier raide.



Croix datant de 1846
sur le chemin dit Kentelackerweg

Puis c'est la descente vers Buhl, en contournant le petit sommet du Demberg (628 m).

Une très belle et agréable randonnée, qui nous a permis, comme souvent en Alsace, de nous replonger dans l'Histoire et les siècles passés et d'admirer un patrimoine exceptionnel.