vendredi 17 janvier 2025

A Paris, l'héritage des Templiers, une histoire fascinante

 

L'histoire du Temple, à Paris, est fascinante et remonte à l'époque médiévale.

Situé dans le Marais, le quartier du Temple est lié à l'Ordre des Templiers, une puissante organisation religieuse et militaire fondée au XII° siècle (Voir ici).

L'enclos du Temple au Moyen Âge (Gravure de  A. Robida, BNF)
 

 

Après le procès intenté contre les Templiers en 1307 par Philippe le Bel, l'Enclos du Temple est donné à l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem, qui le conserveront jusqu'à la Révolution en 1792, date de la disparition de cet Ordre.

La Tour du Temple est alors transformée en prison et accueillera Louis XVI et sa famille.

La Tour du Temple

La Tour du Temple fut donc le symbole des Templiers, le Dépôt du Trésor Royal au Moyen Âge et Prison Royale à la Révolution.

Voulant faire cesser les pèlerinages des royalistes après la mort de Louis XVI et de Marie-Antoinette, Napoléon fit détruire la Tour en 1808, ce qui prit pas moins de deux ans.

Bien que les bâtiments originaux aient disparu, l'héritage des Templiers demeure dans le nom du quartier et de certains lieux.

On peut citer la Place du Temple, le Square du Temple-Elie-Wiesel, le Carreau du Temple, la Rue du Temple, la Rue du Faubourg du Temple.

Le Café du Temple, 14, rue du Fg du Temple
 

Cette rue, limitrophe entre les 10° et 11° arrondissements, est située dans un ancien faubourg populaire et s'étend de Belleville à la Place de la République, avec une histoire riche liée aux guinguettes et à la vie nocturne parisienne (Voir ici).

La rue du Faubourg du Temple traversait le hameau situé à l'extérieur de la porte du Temple du mur d'enceinte qui desservait l'Ordre des Templiers, et elle est tracée dans le prolongement de la rue du Temple qui elle, va de la rue de Rivoli à la Place de la République.

A partir du XIII° siècle, les riches bourgeois de Paris y établissent leurs demeures au milieu de jardins potagers, les "courtils", qui donnèrent le nom de "La Courtille" au hameau.

Des cabarets, les guinguettes, y délivraient un vin de qualité moyenne, le "guinguet", exempté des droits sur le vin appliqués à l'intérieur de Paris, et La Courtille devint un lieu de divertissements.

Le Temple reste une part emblématique de l'histoire médiévale mais aussi révolutionnaire parisienne et française et laisse place à des souvenirs et des récits fascinants.


vendredi 10 janvier 2025

En Albanie : Gjirokastra, une "ville de pierre" fascinante

 

Gjirokastra (ou Gjirokastër) est une ville fascinante du sud de l'Albanie, que j'ai eu l'occasion d'admirer en octobre dernier, lors d'un voyage formidable dans ce beau pays : une très belle découverte!

L'Albanie, avec Gjirokastër au sud
 

Cette ville ottomane préservée et classée au Patrimoine mondial de l'Unesco est l'une des plus belles villes des Balkans.

Elle est souvent appelée "La Ville de pierre"en raison de son architecture caractéristique et de ses toits en ardoise.

 

Une ville animée et fort sympathique.

Gjirokastra est célèbre, entre autres,  pour ses grandes maisons fortifiées datant de l'époque ottomane, telle la "Maison Skenduli", construite vers 1700, que nous avons pu visiter.

L'extérieur de la Maison Skenduli

La famille Skenduli était l'une des plus riches familles du sud de l'Albanie à cette époque, 

Le descendant de la famille, et propriétaire actuel, Nasip Skenduli, nous a guidé et fait visiter les lieux, visite agrémentée d'histoires et d'anecdotes passionnantes.

L'intérieur de la Maison Skenduli



Nous n'avons malheureusement pas pu visiter le château de Gjirokastra, l'un des plus grands châteaux d'Albanie, qui domine la ville et la vallée de la Drino, suite à une pluie battante et un brouillard dense sur les hauteurs.

Voici le château tel que nous aurions pu le voir par beau temps!

La ville reflète un mélange d'influences byzantines, ottomanes, et communistes.

Elle est le lieu de naissance de plusieurs personnages célèbres, comme Ismail Kadaré, l'écrivain francophone le plus célèbre des Balkans (ici).

Ismail Kadaré

Voir ici et mes deux notes sur cet écrivain passionnant.

On ne peut pas ne pas mentionner également Enver Hoxha, l'ancien dictateur communiste d'Albanie, né à Gjirokastra, de sinistre mémoire, bien que le silence soit désormais de règle sur ses exactions (ici).

Le dictateur Enver Hoxha en 1971

 

Une anecdote : le dictateur mégalomane avait fait placer son nom en lettres gigantesques sur une colline albanaise bien en vue, et après sa mort, les albanais se sont empressés de déplacer deux lettres et d'afficher ainsi "Never Hoxha"!

Les ruelles étroites et pavées de motifs noirs, blancs et roses de la vieille ville, leurs maisons biscornues, et leurs bazars traditionnels aux habitants aimables sont un véritable voyage dans le temps.

A noter également que Lord Byron séjourna dans cette région en 1809.

Dans "Le Pélerinage de Childe Harold", Byron évoque l'Albanie comme un lieu de beauté sauvage et de mystère, reflétant les thèmes de la nature et de la solitude: ici.

Lord Byron (1788-1824)

Ne pas mentionner la gastronomie locale serait une erreur : les plats vous font voyager dans le temps, et au travers d'influences variées et fort savoureuses!



Sans oublier le raki local...pour les amateurs.


Gjirokastra est une destination parfaite pour les amateurs d'histoire, de culture, de paysages et de gastronomie!

 

vendredi 3 janvier 2025

Opéra : Rigoletto de Verdi à l'Opéra Bastille, dans une version inédite et glacée

 

J'ai assisté, juste avant les fêtes de Noël, à l'Opéra Bastille, à une représentation de Rigoletto de Verdi, dans la production de Claus Guth, débutée en avril 2016, qui offre une nouvelle perspective, à mon avis discutable, sur l’œuvre de Verdi.


 
Claus Guth, metteur en scène

 Cette mise en scène nous a proposé une vision glacée, qui a peiné à susciter l'émotion, malgré la qualité musicale de l'orchestre (Dirigé par Domingo Hindoyan) et des interprètes: Roman Burdenko (Rigoletto), Henri Bernard Guizirian (Double de Rigoletto), Rosa Feola (Gilda), Liparit Avetisyan (Le Duc de Mantoue).

Roman Burdenko

Rosa Feola

Claus Guth a choisi un décor en forme de gigantesque  boite en carton symbolisant les souvenirs et la malédiction qui pèse sur le personnage principal, Rigoletto, représenté comme un clochard tourmenté par son passé et pétri de remords, qui revit la mort de sa fille à laquelle il a contribué bien involontairement.


Le choix scénographique à mon avis regrettable est celui de l'inclusion de vidéos candides (c'est très à la mode en ce moment...).

 

L'opéra est un long flash-back où Rigoletto revit les tragédies de sa vie à travers une petite boite en carton qui contient ses souvenirs, en particulier la robe ensanglantée de Gilda.

On retrouve bien, tout au long de cet opéra, les thèmes du patriarcat, de la superficialité de la noblesse, de la tragédie de la malédiction.

 

J'ai trouvé que les choix de mise en scène lors de l'enlèvement de Gilda étaient plus que confus, ainsi que celui de représenter Gilda à trois âges de sa vie par trois ballerines, inutile.

Personnage paradoxal, Rigoletto est à la fois un bouffon difforme, servant le Duc de Mantoue dans ses opérations de séduction, et l'incarnation de l'amour paternel à l'égard de sa fille Gilda.

C'est un opéra magnifique, que j'ai (plus ou moins) apprécié dans différentes mises en scènes : une, anachronique, au Met de New-York, qui se déroule à Las Vegas ! (ici), une magnifique à l'Opernhaus de Zürich (ici), et celle que j'ai de loin préférée, splendide, au Gran Teatre del Liceu, à Barcelone (ici).

A l'Opéra Bastille, le public a applaudi chaleureusement les artistes et cette matinée a fait ... carton plein.

La scène finale