J'ai été très touché d'apprendre ce matin la disparition à 62 ans de l'écrivain malien Moussa Konaté.
Il vivait à Limoges depuis 1999.
Moussa Konaté |
J'ai appris à le connaître au travers de ses romans policiers surprenants et réjouissants, et des aventures savoureuses de son (anti)héros, le commissaire Habib.
Le commissaire Habib mène ses enquêtes avec toute la bonne volonté et la rationalité d'un enquêteur venu de Bamako, formé à l'école des blancs.
Mais sa logique est mise en déroute face aux mystères et traditions des régions qu'il découvre, lui le citadin de Bamako, et dans lesquelles il nous entraine à sa suite.
En effet le fossé est aussi profond entre les habitants de Bamako et ceux du Niger ou du Pays Dogon qu'entre les habitants de la France profonde et ceux de Bamako.
L'incompréhension règne à tous les coins de rue, et la découverte de l'Autre, dans sa spécificité si particulière, devient une aventure intérieure pour le commissaire Habib, et pour nous à sa suite.
Amoureux du Mali, j'ai retrouvé avec plaisir les Bozos dans "La Malédiction du Lamantin" :
J'ai savouré l'enquête menée au Pays Dogon (où je me suis rendu trois fois et où j'espère bien retourner dès que possible) dans "L'Empreinte du Renard":
"Je ne vois pas de différence entre le roman policier et le roman en général.
Le roman policier a toute sa place dans la littérature".
Moussa Konaté s'était découvert tout enfant une passion pour le livre via la lecture de Tintin, et entra très vite en littérature.
Devenu professeur, il fonda à Bamako une compagnie de théâtre puis les éditions du Figuier, publiant des livres pour la jeunesse.
Il s'était illustré comme une voix importante du combat contre la dictature de Moussa Traoré par des livres comme "Mali, ils ont assassiné l'espoir".
Il a également publié un essai, que j'ai lu avec attention et émotion : "L'Afrique Noire est-elle Maudite?" où il interroge les maux de son continent, en signalant en particulier le poids de la famille, mais en rendant cependant hommage aux richesses et aux potentialités de la société malienne.
Voir ici une interview de Moussa Konaté, en 2010, à l'occasion de la sortie de cet essai.
Il y avait chez Moussa Konaté une intelligence d'une grande finesse, une lucidité extrême, une bonté un peu triste, et une grande ouverture aux autres.
Moussa Konaté |
Il suffit de regarder son sourire éclairer son visage de l'intérieur, et tout est dit de sa personnalité!
1 commentaire:
Encore un écrivain à découvrir...
Bonne journée.
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