Garry Winogrand (1928-1984) est un photographe américain renommé pour le portrait qu'il tire des Etats Unis au milieu du XX° siècle.
Peu connu du grand public, il est une figure centrale de la street photography.
Garry Winogrand |
J'ai eu le grand plaisir de pouvoir visiter l'exposition qui lui est consacrée au Musée du Jeu de Paume, à Paris (Jusqu'au 8 février 2015 : courrez-y vite!)
Los Angeles 1980-1983 |
"Fils spirituel" de Walker Evans, il prend connaissance en 1955 du travail réalisé par ce dernier sur les passants du métro de New York. Voir ma note de 2010 ici .
Garry Winogrand commence alors son "étude photographique de la vie américaine": il tire le portrait d'une certaine Amérique, celle en métamorphose, des années 1950 jusqu'au début de la décennie 1980.
New York, vers 1962 |
Son domaine, son royaume : la rue!
New York 1969 |
Piéton lui même, il va, pendant 30 ans, enregistrer inlassablement, de façon presque compulsive, les inconnus, les anonymes.
Ce qui l'intéresse, c'est "l'image, seulement l'image", " l'esthétique du surgissement photographique".
New York vers 1962 |
New Haven Connecticut, 1970 |
Il cherche à savoir "à quoi ressemblent les choses lorsqu'elles sont photographiées"...
New York vers 1955 |
Ses photographies, de New York à Santa Monica, nous émeuvent, nous fascinent.
"C'est comme si le monde entier était une scène pour laquelle j'ai acheté un billet : un grand spectacle qui m'est destiné, comme si rien ne se produirait si je n'étais pas sur place avec mon appareil." G.W
Un mélange d'étrangeté et de désespoir, même, nous envahit au fur et à mesure que nous parcourons cette exposition, et la vie de Garry Winogrand.
Central Park Zoo, New York 1967 |
Son oeuvre oscille entre la joie et l'humour, la peur et le désespoir.
Ce n'est pas une oeuvre "documentaire" : il s'agit en fait d'une "poésie visuelle" beaucoup plus complexe.
"Je n'ai rien à dire, et certainement pas avec des photos." G.W
Ney York World's Fair 1964 |
Pour Winogrand, une photographie réussie est un "fait nouveau", elle est distincte des faits dont elle se compose ; elle intervient en un geste singulier, puissant, dans le cours des affaires humaines...
"Je regarde les images que j'ai faites jusqu'ici et elles me font penser que ce que nous sommes, ce que nous ressentons et ce que nous deviendrons n'a pas d'importance!" G.W
En 1984 ( à 56 ans) il est diagnostiqué un cancer incurable.
Il se met alors à photographier frénétiquement et laisse à son décès plus de 6600 rouleaux de pellicules non triés, soit près de 250 000 vues.
John Szarkowski, alors directeur du Département de la photographie du MOMA à New York prit en charge le développement des films.
Une centaine de tirages de l'exposition au Jeu de Paume a été confiée à la tireuse américaine Teresa Engle Schirmer et ont étés réalisés en 2012 et 2013.
Los Angeles, 1964 |
Il n'aura donc jamais vu nombre de clichés exposés et le choix qui en a été fait n'aurait vraisemblablement pas été le sien.
Une oeuvre foisonnante, passionnante, une vision décapante des Etats-Unis !
1 commentaire:
Un peu surpris au premier abord ; mais ces photos sont étonnantes.
JC
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