lundi 28 juillet 2025

Artemisia Gentileschi : une artiste baroque d'exception

 

Du 19 Mars au 3 Août 2025 (dépêchez vous!), le Musée Jacquemart-André met à l'honneur Artemisia Gentileschi (1593-1656) , figure majeure de l'art baroque et du mouvement caravagesque, et véritable héroïne de l'art, à travers des chefs-d’œuvre incontournables et des peintures rarement exposées à Paris.

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C'est un évènement inédit : près de 40 œuvres sont réunies, dont certaines rarement exposées.


 

Nous avons eu, en visitant cette exposition, l'occasion unique de découvrir une femme artiste exceptionnelle, qui a laissé sa marque dans un milieu d'hommes, et qui a marqué l'histoire de l'art. 

Son œuvre puissante et profondément personnelle s'inscrit dans un moment de transition et de tension dans l'histoire de l'art européen.

 

Ce qui m'a frappé lors de cette exposition, ce sont les visages, tellement expressifs, si on les compare à des œuvres d'artistes de la même époque, beaucoup plus académiques, et souvent, il s'agit en fait d'autoportraits.


 Artemisia est l'une des toutes premières femmes à avoir mené une carrière artistique indépendante.

Formée par son père, le peintre Orazio Gentileschi, elle développe très tôt une maîtrise technique impressionnante.


 On pourrait caractériser son style par : un naturalisme puissant, inspiré du Caravage, une tension dramatique dans la composition, qui capte souvent un moment d'action, d'émotion violente ou de décision, et la mise en scène de figures féminines puissantes (ses héroïnes bibliques ou mythologiques sont actives, fortes et incarnent une forme de revanche et de résistance).

 


En 1611, le peintre Agostino Tassi la viole. Marquée par le procès humiliant qui s'ensuivit, elle aurait développé dans ce drame certains traits marquants de son œuvre, tels que l'obscurité et la violence graphique qui s'y déploient, en particulier dans le tableau célèbre qui montre Judith, en position de force, décapitant Holopherne.


 Dans un contexte de violence et d'oppression, la vulnérabilité féminine est dénoncée sans voyeurisme, par exemple dans le tableau intitulé "Suzanne et les vieillards".

Son art devient alors un vecteur d'affirmation, voire de catharsis.

Artemisia fait partie de la "génération caravagesque", mais elle en interprète la leçon à sa manière.


 

Là où le Caravage est souvent ambigu voire nihiliste, Artemisia injecte une lecture psychologique et morale.

Elle conserve l'intensité dramatique du Caravage, mais la met au service d'un point de vue féminin, ce qui est totalement inédit à l'époque!

L’œuvre d'Artémisia incarne un point de bascule dans la représentation des femmes, en leur donnant une violence et une dignité longtemps refusées.

 

Son œuvre est dramatique et viscérale, mais aussi lumineuse. C'est un cri à la fois esthétique et politique.

Artémisia, une peintre majeure à découvrir ou à redécouvrir, bien plus qu'une simple curiosité féminine dans un monde masculin!
 

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