Belle ambiance, rue Dénoyez, l'immanquable halte street-art du quartier de Belleville, à Paris, ses ruelles pavées, ses façades recouvertes de fresques, et l'évolution constante de l'art urbain qui l'anime!
Mais cette rue a une histoire fascinante, et pas seulement celle d'une simple rue qui aurait été livrée aux graffitis et aux tagueurs.
Tout d'abord, la rue Dénoyez doit son nom à une famille de Belleville qui organisait des bals populaires, dans les années 1830, dans un lieu de fête emblématique dans le quartier : la "Folie Dénoyez" .
Et ceci, c'était bien avant l'annexion de la Commune de Belleville par Paris en 1859 (ici).
Un souvenir tragique a marqué son histoire : le 23 mars 1918, un obus tiré par la Grosse Bertha explose au numéro 10 de la rue.
Puis, la rue s'est trouvée dans un triste état de déclin
Le quartier de Belleville, traditionnellement multiculturel et populaire offrait un terrain propice au développement de cette expression artistique alternative.
Il faut ensuite attendre les années 2000 pour que la rue Dénoyez passe du quasi-anonymat au statut de galerie à ciel ouvert : en effet, la Municipalité de Paris a finit par céder à l’effervescence créatrice.
Bertrand Delanoë, alors Maire de Paris a fini par offrir aux street-artistes un cadre légal : cette décision politique a permis de transformer ce qui était autrefois considéré comme du vandalisme en une forme d'art reconnue et encouragée.
Dès lors, la rue est en perpétuelle transformation, les œuvres se succèdent, se recouvrent et évoluent sans cesse : collages, pochoirs, mosaïques, fresques, et même de toutes petites œuvres, qu'il faut chercher et découvrir.
Des artistes renommés, comme Manyoly, Kam Lauren, Lolie Darko, RNST, Zelda Bomba, Nô et bien d'autres y laissent leur empreinte.
L'histoire récente de la rue a également été marquée par des tensions. Une banderole "Sauvons la rue Dénoyez" flottait au dessus de la rue en 2014. Elle montrait l'opposition des habitants et des associations au projet immobilier de logements sociaux de la Mairie, "Mon Petit 20°".
Malgré tout, de nouvelles constructions ont grandi, mais ont été graphiquement enrichies par les artistes et elles ont finalement intégré l'esthétique urbaine de la rue.
Les défis demeurent toujours, dans un quartier vivant et vibrant comme Belleville, entre gentrification et préservation de l'identité du quartier.
La rue Dénoyez reste cependant un laboratoire à ciel ouvert, et on y trouve toujours quelqu'un en train de peindre à la bombe, perpétuant cette tradition urbaine libre et légale, unique à Paris.
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