Le réalisateur turc Nuri Bilge Ceylan nous entraine, dans "Il était une fois en Anatolie", dans un road movie nocturne absolument étonnant et magnifique.

C'est qu'il s'agit non seulement, dans cette longue traversée nocturne de la steppe anatolienne, d'aller, à la lueur des phares, à la recherche d'un improbable cadavre, mais surtout de tenter de sonder au plus profond les âmes des protagonistes de cette étrange quête.

Nuri Bilge Ceylan brouille les pistes : un meurtrier guide un procureur, un médecin et des policiers à la recherche du corps de sa victime, de fausse piste en fausse piste.

Le spectateur finit par éprouver une sorte de tendresse pour ce meurtrier qui est pris de sanglots à l'apparition de la lumineuse jeune fille dans la nuit, lors d'une halte.
Les paysages désertiques du plateau anatolien, filmés de nuit, à la lueur des phares, tels des yeux qui sondent les ténèbres, nous donnent de magnifiques images dont chacune est un tableau qui m'a totalement transporté.


Personne n'échappe à son propre destin et aux drames de sa vie : pas plus le procureur, qui prend conscience d'avoir causé la mort de sa femme, que le médecin, divorcé, que le commissaire, torturé par le handicap de son enfant.
Nous sommes tous embarqués dans la même galère, sur une mer incertaine , pleine de risques et de mystères...
Les regards, dans ce chef d'oeuvre, sont omniprésents : interrogateurs, accusateurs, agressifs, ou bien intérieurs et pacifiés, des regards qui tels ceux du médecin, s'adressent par moment directement au spectateur : et vous, où en êtes vous?...


La raison profonde des actes des uns et des autres nous demeurera à jamais cachée.
Rien ne sert, finalement, de vouloir procéder à l'autopsie des âmes...
Voir :
http://www.youtube.com/watch?v=kYk2kJljBjA
1 commentaire:
Bravo pour ton article..
Je partage ton : tout comme toi, je me suis laissé prendre, une sorte d'envoutement.
Trés cordialment.
Enregistrer un commentaire