jeudi 14 novembre 2013

Romuald Hazoumé et ses "masques bidons"



A l'occasion d'une visite récente au Musée Dapper, à Paris, magnifique petit musée consacré à l'Art Africain (Voir ici), j'ai pu admirer une exposition sur les Initiés du Bassin du Congo (Jusqu'au 6 juillet 2014), que je vous conseille vivement.
Mais le sujet de cette note est autre.

Cette remarquable exposition (comme toujours au Musée Dapper), était précédée d'une autre,  étonnante, celle-là aussi, consacrée aux "Masques-bidons" de l'artiste contemporain plasticien béninois Romuald Hazoumé.

Romuald Hazoumé

Romuald Hazoumé est né en 1962 à Porto Novo, au Bénin.
Il grandit dans une famille catholique qui reste en contact avec le culte des ancêtres et lui même est profondément marqué par le vaudou.


 Au milieu des années 80 il réalise ses premières sculptures à partir de bidons de récupération en plastique, qui deviennent des masques étonnants.


Lui-même se qualifie d'"artiste-bidon".

Ses assemblages de matériaux de rebut lui permettent d'afficher avec force une vision critique à la fois de la société occidentale qu'il connait bien et de la société béninoise tout en s'insérant dans la création, les mythes et la tradition bambara.


En quelque sorte, Romuald Hazoumé établit un pont entre les phénomènes de transes du vaudou béninois, et les délires et folies de la société moderne.

Ses oeuvres sont le résultat d'un processus initiatique et d'interrogations sur le gaspillage révoltant de l'Occident et les enjeux de la récupération en Afrique.


Romuald Hazoumé est reçu dans les plus grands musées : Londres, Rio, Paris, mais reste fondamentalement un "homme de la rue", de toutes les rues du monde, qu'il sillonne pour y puiser son inspiration.


Il se sent une étrange parenté avec tous les "agités du bocal" qu'il a l'occasion de rencontrer aux quatre coins du monde.
Au Bénin, il a longtemps fait figure d'illuminé...tellement il se situait aux antipodes des artistes locaux qui "copiaient" l'art occidental.


Porto Novo est la capitale du trafic d'essence. 
Alors, s'inspirant de son quotidien, avec les bidons utilisés pour le "kpayo", la contrebande, il façonne des masques africains, et le succès est immédiat!

"Les masques sont des agents incontournables dans presque toutes les initiations : ils inquiètent, ils enseignent, ils protègent, ils infligent des épreuves, ils dévoilent leurs secrets et participent activement à la quête identitaire.
Ceux de Romuald Hazoumé s'inscrivent admirablement bien dans le bouillonnement créateur des grandes transformations, générant surprises et interrogations.". (Musée Dapper)


Malgré son succès international, Hazoumé refuse de quitter le Bénin :
"Il faut reconstruire l'Afrique, chacun à son petit niveau, montrer que les Africains peuvent réussir, mener des actions collectives sans se déchirer!"



3 commentaires:

JCMEMO a dit…

Tout à fait intéressant ! A ma grande honte je n'ai jamais mis les pieds au musée Dapper: erreur à réparer donc.
Merci pour cet article passionnant
et
Bonne soirée.

Unknown a dit…

Romuald est le plagiaire de l'artiste original qui a créé ses masques bidon: JACQUES BRUEL.romuald était à l'origine son aide qui collectait des bidons pour lui. Il s'est accaparé l'idée et l'oeuvre. Ce n'est qu'un usurpateur. Brigitte Lataud, collectionneuse du véritable artiste Bruel et non azoumé!

Unknown a dit…

Ce que vous dites là est parfaitement vrai. Mais l'esprit du temps n'en aura cure. Hazoumé lui aussi ne manque pas de talent. Il aurait pu au moins rendre hommage à son inspirateur, le geste aurait été plus élégant...
Marc Petit (donateur au musée du quai Branly)