Après avoir écouté La Bohème de Puccini à La Fenice, l'un des trois Opéras les plus prestigieux d'Italie, nous avons pu assister à une représentation de La Traviata de Verdi dans un tout autre cadre.
G. Verdi |
Nous étions en effet à la "Scuola Grande di San Teodoro", l'une des plus prestigieuses salles de concert, situé en plein coeur de Venise, non loin du Rialto, au Campo San Salvador, dans le sestiere San Marco.
La Scuola Grande di San Teodoro |
Cette Scuola Granda est l'une des six Scuole Grande : la Scuola San Marco, La Scuola San Teodoro, la Scuola San Giovanni Evangelista, la Scuola della Misericordia, la Scuola Santa Maria della Carita et la Scuola San Rocco, la plus remarquable.
Les Scuole, un phénomène typiquement vénitien, sont le siège de confréries de laïcs sous le patronage d'un saint protecteur. Voir ici.
Certaines avaient une fonction d'assistance envers un groupe social précis.
Les Scuole tenaient un rôle important pour la cohésion sociale de Venise par la confraternité qui unissaient leurs membres entre eux, mais aussi par la solidarité envers les plus faibles et les plus démunis, avec un statut mi-religieux, mi-laïcs.
Ces Scuole me font penser inévitablement aux confréries de Pénitents (Blancs, rouges bleus et noirs) que l'on rencontre encore dans le sud est de la France, en particulier à Nice et à Tende.
Ces Scuole étaient petites ou grandes en fonction de leur importance sociale et économique : la distinction entre Scuole Grande et Scuole Piccole eut lieu au XV° siècle.
Il y aura jusqu'à 300 Scuole à Venise.
La Scuola Grande di San Teodoro fut fondée en 1258 sur l'église San Salvador.
San Teodoro était le premier patron de Venise.
Les escaliers furent construits au début du XVII° siècle, et la façade de marbre en 1655.
Cette Scuola héberge de nos jours des évènements culturels, concerts et opéras animés par l'orchestre et les choeurs "I Musici Veneziani".
Ces manifestations musicales sont données dans la magnifique salle du premier étage construite par Baldassare Longhena et décorée d'oeuvres du XVII° et XVIII° siècles des peintres Vassilacchi, Jacopo Palma il Giovane, Balestra, Bassano.
Le plafond de la salle de concert |
La Traviata, donc : l'oeuvre complète de Verdi, en trois actes, avec l'orchestre et les choeurs de la formation"I Musici Veneziani", composée de musiciens vénitiens (qui jouent souvent en costumes du XVIII°...voir ici) sous la direction de Riccardo Boeretto.
Une belle prestation vocale, en particulier de Lara Staffieri (Violetta), et de Giuseppe Marin (Alfredo).
En résumé, une soirée musicale et lyrique de qualité, malgré une mise en scène et des décors minimalistes, vu l'espace exigu disponible.
Je me souviens avoir assisté il y a quelques années à une représentation donnée, dans des conditions scéniques minimalistes quasi identiques, de Tosca dans le cloître de La Trinité des Monts, à Rome : c'était magnifique.
Rien ne vaut, bien entendu, une représentation donnée dans un véritable Opéra, mais ici, nous avons pu apprécier les excellentes qualités de tous les interprètes, étant assis au premier rang à quelques mètres des musiciens.
1 commentaire:
C'est vrai que la Traviata a été créée à Venise....
La Fenice : quel merveilleux opéra (je pense à chaque fois au début de Senso, le sublime film de Visconti)
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