lundi 23 mars 2020

La communauté russe sur la Côte d'Azur



Dès les années 1850, la Russie découvre la Côte d'Azur, popularisée en particulier par les séjours impériaux à Nice (Voir ma note ici).

Pourquoi ces séjours impériaux à Nice ?

La Russie Impériale a en effet conservé une tradition datant de Catherine II qui voulait que le français soit la langue noble que l'on devait parler à la Cour.

L'Impératrice Catherine II (1729-1796)
par J.B. Lampi

Dans la seconde moitié du XIX° siècle, un élément politico-stratégique important fut la présence de la Marine Impériale russe dans la Baie de Villefranche en raison d'une interdiction pour celle-ci de retourner en Mer Noire, et suite aux négociations entre Alexandre II et Cavour. Voir ici.

Le Tsar Alexandre II
1818-1881

De nombreux nobles francophones étaient propriétaires à Nice, Cannes, Menton, Bordighera et San Remo et venaient passer les hivers sur la Riviera dès le milieu du XIX° siècle.

Mais c'est après la révolution de 1917 qu'une importante communauté russe s'installe tout naturellement sur les bords de la Méditerranée: les "Russes Blancs"

Quant à l'exil des populations ouvrières (domestiques ne voulant pas quitter leurs maîtres et militaires), il suivit naturellement la migration des nantis.

Une autre raison de leur choix fut également la présence d'églises russes sur la Riviera, en particulier à Nice, Cannes, Menton et San Remo.

A Nice : voir ma note ici.

A Cannes :

Au XIX° siècle, la communauté russe de Cannes devient de plus en plus importante : elle compte 150 personnes en 1880.

En 1904, plus de 800 russes résident à Cannes, et il devient alors nécessaire de construire une église.

Ce sont l'archiprêtre Grégoire Ostrooumoff (1856-1947) et le Grand Duc Michel Mikhaïlovitch de Russie (1861-1929) qui sont à l'origine du projet de cette église.

Le Grand Duc Michel Mikhaïlovitch de Russie

Un terrain est acquis sur la pointe de la Croisette.

Grégoire Ostrooumoff

L'église St Michel Archange est consacrée le 22 novembre 1894 par le Métropolite de St Pétersbourg, l'archiprêtre Grégoire Ostrooumoff, des clergés russes de Nice, Menton, et grec de Marseille, en présence de membres de la famille impériale, de l'aristocratie russe, ainsi que des autorités de la ville de Cannes et des Alpes Maritimes.

Eglise St Michel Archange




A Menton:

En 1880, la Société Russe de Bienfaisance à Menton, est créée sous le patronage de la Grande Duchesse Anastasia Mikhaïlovna de Russie qui résidait alors à Cannes.

La Grande Duchesse Anastasia Mikhaïlovna
1860-1922

Il s'agissait de venir en aide aux russes qui résidaient à Menton, Bordighera et San Remo.

En 1892, une maison fut achetée dans le quartier de Carnoles (La Maison Russe) pour abriter les russes malades et nécessiteux.

La Société décida peu après de construire une église attenante.

L'église Notre-Dame-Joie-des-Affligés fut consacrée le 4 novembre 1892 par le clergé orthodoxe de l'église St-Nicolas-et-Ste-Alexandra de Nice.

Elle se situe 14 rue Paul Morillot et est rattachée au Patriarcat de Moscou.





A San Remo:

La communauté russe avait atteint à San Remo, à la fin du XIX° siècle, le millier de personnes, dont beaucoup s'y étaient établies de façon permanente, et en accord avec la ville, il fut décidé de construire une église orthodoxe dont la première pierre fut posée en 1912.

L'église est située au début de la "Promenade de l'Impératrice", en reconnaissance de la tsarine Maria Alexandrovna, femme d'Alexandre II, qui fit de San Remo son lieu de vacances.

La Grande Duchesse Maria Alexandrovna
1853-1920

A un jet de pierre du célèbre casino de San Remo, et nichée au milieu des palmiers, l'église du Christ Rédempteur est toujours utilisée et est l'un des symboles de la ville de San Remo.
Elle est située Via Nuvoloni, 2.





L'histoire des communautés russes à Nice se poursuit et c'est celle d'une génération née en France et aussi celle d'une nouvelle vague de touristes due à l'éclatement du bloc soviétique, en particulier les "Nouveaux Russes", nouveaux riches qui dépensent des fortunes dans les palaces et les casinos et avec qui les Russes installés depuis cinq générations n'entretiennent aucune relation ...

Ne soyez pas surpris de constater que les cartes des restaurants les plus huppés soient rédigés également en russe.



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