vendredi 17 février 2023

Opéra : Elektra de Richard Strauss et Patrice Chéreau au MET

 

Nous avons pu (enfin) visionner la retransmission d'Elektra de Richard Strauss (ici), enregistré le 30 Avril 2016 au MET à New-York et diffusé sur Mezzo Live le 5 Février 2023.

Richard Strauss
1864-1949

J'ai été encouragé en cela par la belle note de mon ami blogueur JCMemo : voir ici.

Elektra sera également diffusé sur Mezzo Live (pour les horaires raisonnables) les  2, 3 et 18 Mars.

Elektra a été créé en 2013 au Festival d'Aix en Provence par Patrice Chéreau, 3 mois avant sa mort et repris en 2016 au MET.

La mise en scène de Patrice Chéreau (ici) est l'éblouissant testament esthétique d'un visionnaire.

Patrice Chéreau
1944-2013

Chéreau savait que l'opéra peut être le lieu d'une rencontre miraculeuse entre le théâtre et la musique quand leurs forces sont associées à parts et niveaux égaux et que le résultat est davantage que l'addition de l'excellence de ses parties, et c'est le cas ici, absolument!

Electre (Nina Stemm )

J'avoue avoir été à priori plutôt rebuté par le thème sombre et volcanique développé par Richard Strauss dans son Elektra (1906-1908), à partir du livret de l'écrivain autrichien Hugo von Hofmannsthal: ici.

Hugo von Hofmannstahl
1874-1929

Le sombre et antique sujet en est le suivant : 

"De retour chez lui après la Guerre de Troie, Agamemnon, roi de Mycènes et d'Argos, est assassiné par son épouse Clytemnestre et l'amant de celle-ci Egisthe.

Sa fille Electre, inconsolable, réclame justice, , suspendue à l'espoir du retour d'Oreste, son frère, le bras armé de sa vengeance."

Electre (Nina Stemme) et
Clytemnestre (Waltraud Meier)

Mais je me suis laissé entraîner par le déroulement fascinant et terrible de ce drame antique, mis en valeur par le décor dépouillé de Richard Peduzzi.

Electre (Nina Stemm)

Et surtout, les personnages ont acquis, sous le regard sensible de Patrice Chéreau, une profondeur dramatique exceptionnelle.

Chéreau disait de cet opéra "qu'on pouvait y lire comme la description des ravages d'une fidélité mortifère et l'aile noire de la dépression".

Il a livré de cet opéra une lecture crépusculaire d'une force, d'une violence, d'une justesse et d'une beauté exceptionnelles.

Nina Stemm, dans le rôle titre, est absolument extraordinaire.



Waltraud Meier (Mezzo-soprano) interprète avec brio et charisme une Clytemnestre, qui, selon elle "n'est pas une folle, mais une femme qui accepte son destin".

Eric Owens (basse), que j'étais "habitué" à admirer dans des rôles wagnériens et dans "Porgy and Bess", apporte, par son retour tant attendu par Electre, la touche finale terrifiante à cette (très sombre) histoire de famille.

Electre (Nina Stemm)
et Oreste (Eric Owens)

Après ce spectacle fascinant, on ne peut que rester bouleversé par ce drame crépusculaire et terrifiant, porté par des interprètes exceptionnels et surtout par la mise en scène éblouissante de Patrice Chéreau.

Le chef finlandais Esa-Pekka Salonen dirige l'orchestre et les choeurs du MET de façon magistrale.

Esa-Pekka Salonen

Ecouter Nina Stemm ici.

Ecouter ici Patrice Chéreau parler de son Elektra au Festival d'Aix en Provence 2013.

1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Merci pour cette superbe note formidablement documentée !!! Content que tu ais finalement apprécié Elektra
Je crois que les représentations d'Aix en 2013, également sous la direction de Esa-Pekka Salonen et avec la soprano allemande Evelyn Herlitzius, étaient encore plus envoutantes !