mercredi 30 juillet 2025

Au New Morning : Rogê, artiste brésilien charismatique, "prince du sambalanço"

 

Assister à un concert de Rogê (Roger José Cury), le musicien carioca, comme j'ai pu le faire hier soir, le 29 juillet 2025, au New Morning, à Paris, c'est plonger dans la samba contemporaine, un voyage musical enraciné dans les traditions de Rio, mais totalement tourné vers l'avenir. Voir ici.

 


Rogê est un artiste brésilien exceptionnel, à la fois chanteur, guitariste et compositeur, reconnu comme le "prince du sambalanço". 

Le sambalanço (de samba et balanço - swing) est un sous genre musical de la samba qui s'est développé au début des années 50 en particulier à São Paulo et à Rio. Ce genre musical inclut de nouveaux éléments provenant du jazz américain et des rythmes caribéens, ce qui donne un son extrêmement rythmé et dansant. Voir ici.

Rogê est un musicien doué, très charismatique en live. Sa voix grave introduit une intensité joyeuse et dynamique. Enchaînant une heure sans interruption, il galvanise l'énergie du public surchauffé du New Morning.

 Il a su créer, lors de cette soirée, une atmosphère à la fois intime et festive.

 



Rogê a été capable de faire vibrer les participants à ce concert en créant une ambiance pleine d'émotion et d'authenticité.

Sa voix profonde, son charisme naturel et son énergie scénique, communicative et dansante, ont fait de ce concert une célébration vivante et sincère de la culture brésilienne 

Par son album "Curyman II", il célèbre les racines afro-brésiliennes et aborde l'histoire, la spiritualité et l'espoir au delà des difficultés sociales. 


 

Voir ici son album Curyman II

Voir ici son concert à Coutances, en 2025, lors du Festival Jazz sous les Pommiers

 

 

lundi 28 juillet 2025

Artemisia Gentileschi : une artiste baroque d'exception

 

Du 19 Mars au 3 Août 2025 (dépêchez vous!), le Musée Jacquemart-André met à l'honneur Artemisia Gentileschi (1593-1656) , figure majeure de l'art baroque et du mouvement caravagesque, et véritable héroïne de l'art, à travers des chefs-d’œuvre incontournables et des peintures rarement exposées à Paris.

Voir ici

 

C'est un évènement inédit : près de 40 œuvres sont réunies, dont certaines rarement exposées.


 

Nous avons eu, en visitant cette exposition, l'occasion unique de découvrir une femme artiste exceptionnelle, qui a laissé sa marque dans un milieu d'hommes, et qui a marqué l'histoire de l'art. 

Son œuvre puissante et profondément personnelle s'inscrit dans un moment de transition et de tension dans l'histoire de l'art européen.

 

Ce qui m'a frappé lors de cette exposition, ce sont les visages, tellement expressifs, si on les compare à des œuvres d'artistes de la même époque, beaucoup plus académiques, et souvent, il s'agit en fait d'autoportraits.


 Artemisia est l'une des toutes premières femmes à avoir mené une carrière artistique indépendante.

Formée par son père, le peintre Orazio Gentileschi, elle développe très tôt une maîtrise technique impressionnante.


 On pourrait caractériser son style par : un naturalisme puissant, inspiré du Caravage, une tension dramatique dans la composition, qui capte souvent un moment d'action, d'émotion violente ou de décision, et la mise en scène de figures féminines puissantes (ses héroïnes bibliques ou mythologiques sont actives, fortes et incarnent une forme de revanche et de résistance).

 


En 1611, le peintre Agostino Tassi la viole. Marquée par le procès humiliant qui s'ensuivit, elle aurait développé dans ce drame certains traits marquants de son œuvre, tels que l'obscurité et la violence graphique qui s'y déploient, en particulier dans le tableau célèbre qui montre Judith, en position de force, décapitant Holopherne.


 Dans un contexte de violence et d'oppression, la vulnérabilité féminine est dénoncée sans voyeurisme, par exemple dans le tableau intitulé "Suzanne et les vieillards".

Son art devient alors un vecteur d'affirmation, voire de catharsis.

Artemisia fait partie de la "génération caravagesque", mais elle en interprète la leçon à sa manière.


 

Là où le Caravage est souvent ambigu voire nihiliste, Artemisia injecte une lecture psychologique et morale.

Elle conserve l'intensité dramatique du Caravage, mais la met au service d'un point de vue féminin, ce qui est totalement inédit à l'époque!

L’œuvre d'Artémisia incarne un point de bascule dans la représentation des femmes, en leur donnant une violence et une dignité longtemps refusées.

 

Son œuvre est dramatique et viscérale, mais aussi lumineuse. C'est un cri à la fois esthétique et politique.

Artémisia, une peintre majeure à découvrir ou à redécouvrir, bien plus qu'une simple curiosité féminine dans un monde masculin!
 

mercredi 9 juillet 2025

Wilson Bigaud : un maître de l'art naïf haitien

 

J'ai eu l'occasion, lors de mon récent séjour à New York, de découvrir et d'admirer au MoMA (Museum of Modern Art), une toile de Wilson Bigaud, intitulée "Murder in the Jungle" (1950).

 

Murder in the Jungle

Wilson Bigaud est un maître de l'Art Naïf haïtien, une figure emblématique reconnue internationalement pour ses peintures vibrantes qui reflètent la vie, la foi et la culture de Haïti. Voir ici.

Wilson Bigaud (1931-2010)

 Ses thèmes principaux sont la vie quotidienne en Haïti, la culture vaudou, les festivals, les carnavals, les scènes de marché, les veillées funéraires,...

 

Combat de coqs

 Il utilise dans son travail des couleurs subtiles, une perspective et des volumes accentués, et une palette lumineuse. 

Couple
 

Ses tableaux témoignent d'un profond attachement à son pays, à ses traditions, à sa spiritualité et à sa vitalité.

Rites vaudou

 

Son œuvre majeure, la fresque "Les Noces de Cana" (1950) mêle éléments de la vie quotidienne haïtienne, la jungle, les rites vaudou, les mystères, la pauvreté, des scènes bibliques et la musique, incarnant l'essence de son art. 

Les noces de Cana

Wilson Bigaud, après sa mort à 85 ans laisse derrière lui un héritage artistique empreint d'une humanité profonde, continuant d'inspirer et de fasciner. Voir ici.


lundi 7 juillet 2025

Hyuro, street-artiste argentine, à Paris 11° : des portraits sans visages, mais criants d'humanité

 

Nous pouvons admirer à Paris, dans le 11°, très précisément 7 rue Desargues, non loin de Belleville, une œuvre posthume de la street-artiste argentine Hyuro (Tamara Djurovic, 1974-2020). Voir ici.

Il s'agit d'un superbe mural représentant une cheffe d'orchestre vue de dos.

A Paris XI°
Sa fresque a été réalisée d'après une esquisse originale choisie dans le cadre du budget participatif de Paris, dans le but d'embellir un logement social, puis exécutée en 2021 par ses amis et confrères street-artistes Escif et Axel Void, après son décès, en hommage à son travail.

L’œuvre figure parmi les 100 plus belles fresques de street art au monde, selon "Street Art Cities".

Hyuro souhaitait que cette cheffe d'orchestre symbolise la musique intérieure de chacun, nous encourageant à "composer la mélodie parfaite de nos vies"...un beau programme!

Ses fresques monumentales sont disséminées à travers le monde de l'Espagne, à Paris, aux Pays-Bas, au Brésil...

Vila-Real, Espagne

 
Heerlen, Pays-Bas

Cotignola, Italie

Tout est suggéré, dans ses œuvres, avec une sensibilité surréaliste : on y admire souvent des portraits sans visages, mais criants d'humanité. Voir son site ici

Le sujet qui lui tenait le plus à cœur : la cause féminine.

 

Yves Brouqui Quartet au Duc des Lombards, à Paris

 

J'ai eu le grand plaisir d'aller écouter, il y a quelques jours, Yves Brouqui et son Quartet au Duc des Lombards à Paris.


 


 

Yves Brouqui est un guitariste français réputé, aux influences swing, blues, bop. Voir ici.

Sa carrière s'étale sur plus de 40 ans, avec des années new-yorkaises marquantes. 

Yves Brouqui

 

Il était accompagné de Spike Wilner au piano, musicien américain bien ancré dans la scène new-yorkaise, Paul Gill à la contrebasse, un sideman recherché à New York, et Joe Strasser à la batterie.

Spike Wilner

 

Cet ensemble explore habilement un répertoire mêlant compositions originales, arrangements personnels de standards, et hommages à d'autres musiciens.

Yves Brouqui a une approche toute en nuances, où chaque note compte, dans l'esprit des grands guitaristes modernes. 

On note une complicité palpable et une alchimie entre Brouqui et Wilner, profondément enracinée dans leur collaboration new-yorkaise.

Un formidable concert, une guitare inspirée, de belles improvisations : un quartet qui nous a offert un jazz raffiné et mur, dans le cadre mythique du Duc des Lombards, avec son excellente acoustique, et son ambiance intimiste! 

Ecouter ici Yves Brouqui Quartet au Sunset, un autre fameux Jazz Club, à deux pas du Duc des Lombards..