"Angelus Novus" est une aquarelle peinte par Paul Klee en 1920.
Angelus Novus |
Paul Klee est un peintre d'origine allemande, mais d'identité culturelle suisse, que j'apprécie particulièrement : ici.
Paul Klee 1879-1940 |
Ce tableau est exposé pour la première fois en mai-juin 1920 à la Galerie Hans Goltz, à Munich.
Cette aquarelle, acquise en juin 1921, a appartenu au philosophe allemand Walter Benjamin (ici), qui la met d'abord en dépôt chez son ami, le philosophe Gerschom Scholem: ici.
Walter Benjamin 1892-1940 |
Gershom Scholem 1897-1982 |
Walter Benjamin la conservera jusqu'à sa mort le 26 Septembre 1940 à Port-Bou.
Cette aquarelle fait actuellement partie de la collection du Musée d'Israël à Jérusalem.
Walter Benjamin a contribué grandement à sa notoriété.
Dans les Oeuvres de Walter Benjamin, on trouve, dans "Oeuvres III" (Folio Essais), un texte passionnant intitulé" "Sur le concept d'histoire" (Über den Begriff der Geschichte).
C'est son dernier texte rédigé en 1940 avant qu'il ne mette fin à ses jours.
Ce texte court est composé de 20 paragraphes comprenant des Thèses, des appendices et des variantes.
La IX° Thèse évoque, justement, cette aquarelle de Paul Klee.
Il est précédé d'une citation de Gerschom Scholem "Gruss vom Angelus" (Salutations de l'Ange):
"Mon aile est prête à prendre son essor/ Je voudrais bien revenir en arrière/ Car en restant même autant que le temps vivant/ Je n'aurais guère de bonheur."
Walter Benjamin ne se séparait jamais de cette aquarelle de Klee, qui était devenue son icône.
Il en parle comme suit, dans la IX° Thèse :
« Il existe un tableau de Klee qui s'intitule Angelus novus.
Il représente un ange qui semble avoir dessein de s'éloigner de ce à quoi son regard semble rivé. Ses yeux sont écarquillés, sa bouche ouverte, ses ailes déployées.
Tel est l'aspect que doit avoir nécessairement l'ange de l'histoire. Il a le visage tourné vers le passé.
Où paraît devant nous une suite d'événements, il ne voit qu'une seule et unique catastrophe, qui ne cesse d'amonceler ruines sur ruines et les jette à ses pieds. Il voudrait bien s'attarder, réveiller les morts et rassembler les vaincus.
Mais du paradis souffle une tempête qui s'est prise dans ses ailes, si forte que l'ange ne peut plus les refermer.
Cette tempête le pousse incessamment vers l'avenir auquel il tourne le dos, cependant que jusqu'au ciel devant lui s'accumulent les ruines.
Cette tempête est ce que nous appelons le progrès. »
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