Voilà un film magnifique de près de trois heures du réalisateur italien Giorgio Diritti, trop méconnu, qui évoque le sort dramatique de la communauté Yéniche en Suisse au cours du XX° siècle (sur la plateforme FILMO). Ici.
Giorgio Diritti |
Voir ici une interview de Giorgio Diritti à propos de son film.
Cette communauté nomade ( à ne pas confondre avec les Gitans, les Roms,...) a subi continuellement des persécutions de la part de la Confédération Helvétique, en particulier le vol de leurs enfants afin de les "rééduquer" en les plaçant dans des familles "respectables".
Nous pouvons, dans ce film, suivre le personnage principal, interprété de façon exceptionnelle par Franz Rogowski, au cours de deux décennies , lors d'évènements dramatiques où alternent la violence, l'amour et la déchéance.
La reconstitution historique est totalement maîtrisée et nous permet de percevoir quelles ont pu être - et quelles sont encore actuellement - les conditions de vie des Yéniches en Suisse.
Les Yéniches sont une ethnie nomade ou semi-nomade d'Europe aux origines variables, de religion catholique, spécialisés en particulier dans les activités de vannerie. Ils sont aussi rémouleurs, ferrailleurs.
Ils ont leur propre langue, la langue yéniche, qui situe leur histoire dans l'Europe de langue germanique. C'est une langue mixte faite d'Allemand, de Suisse-Allemand et de Romani.
On les trouve en Allemagne, Suisse, Autriche, en Alsace, au Luxembourg, en Belgique.
En Suisse, il y a 50 000 Yéniches dont 3500 nomades.
Seule la Suisse les reconnait comme une "minorité nationale" depuis 2016 et s'engage à les nommer "Yéniches" et non plus "Gens du voyage".
De plus, la culture nomade des Yéniches est inscrite dans la liste des "traditions vivantes de Suisse".
Les Yéniches sont donc reconnus officiellement, mais ils doivent continuer à se battre pour une existence sereine, être politiquement visibles ...et trouver des emplacements pour leurs caravanes : ce sont encore les "Suisses invisibles".
Mais entre 1926 et 1973, on estime que 2000 enfant Yéniches ont étés retirés de force à leurs parents, avec l'appui des autorités, dont environ 600 par l’œuvre d’entraide "Les Enfants de la Grand-Route", dirigée par "Pro Juventute", une importante fondation suisse pour la jeunesse : ici.
Voir là un témoignage.
Beaucoup de ces enfants ont subi des violences ou ont étés exploités de façon déplorable comme de la main d’œuvre gratuite lors de ces placements dans des centres éducatifs, des foyers ou des familles d'accueil.
En 1972, la révélation de cette situation par le Magazine Suisse Beobachter a créé un énorme scandale, mettant fin à l'opération "Les Enfants de la Grand-Route".
Voir ici un reportage récent (novembre 2023), publié par la RTS.
Voir ici la mise au point nécessaire de la part de "Pro Juventute", qui assume sa responsabilité passée et soutient sans réserves le travail de réexamen mené par le Parlement Fédéral.
Actuellement, la Fondation Naschet Jenische continue un travail de recherche et de réhabilitation des personnes concernées.
Voir ici un reportage actuel sur la "Question Yéniche" en Suisse réalisé par la RTS.
J'ai eu l'occasion de croiser sur l'autoroute suisse, près de Lucerne une caravane d'une quarantaine de voitures et de mobile-homes Yéniches. C'était impressionnant et je me suis demandé où ils allaient pouvoir stationner. La réponse est ici !
En tout cas un grand merci à Giorgio Diritti et à ses acteurs dont en particulier Franz Rogowski pour ce film extraordinaire et pour avoir éveillé mon intérêt, à nouveau, sur la question des enfants volés, arrachés de force à leurs parents.
Cette situation n'est malheureusement pas unique : les scandales révélés au Canada (ici), en France (Les "Enfants de la Creuse") et en ce moment les enfants Ukrainiens arrachés à leurs parents par le Régime Russe pour des raisons identiques.
1 commentaire:
Merci pour cette découverte
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