vendredi 18 octobre 2024

En Albanie : Ismaël Kadaré et la loi impitoyable du Kanoun

 

Ismaïl Kadaré (ou Ismail Kadare), le grand écrivain albanais, est né le 28 janvier 1936 à Gjirokaster (Albanie) et est mort le 1° Juillet 2024 à Tirana. Voir ici.


Nous avons pu visiter la très belle ville de Gjirokaster, dans le sud du pays, lors de notre découverte récente de l'Albanie. Voir ici.

 


 


Gjirokaster a été rendue célèbre non seulement par Ismail Kadare, mais aussi par le dictateur  Enver Hoxha, qui y est né, dont la dictature a été considérée comme l'une des plus répressives et des plus sanglantes de l'histoire contemporaine de l'Europe. Voir ici.

Enver Hoxha et Staline

L'Albanie a été de ce fait totalement isolée de 1950 à 1985.

Mais tout a bien changé, et l'Albanie est le joyau le mieux caché de l'Adriatique, où le tourisme est encore confidentiel, un joyau accueillant, ouvert sur l'extérieur, un tout petit pays (grand comme la Bretagne, avec 3 millions d'habitants) qui est un véritable concentré de richesses culturelles, archéologiques, historiques, naturelles et gastronomiques. Voir ici.

Albanais du Nord (début XX° siècle)

 

Mais une des particularités historiques, et qui semble encore vivante dans certains clans des territoires albanais du nord, du Kosovo, du Montenegro oriental et de la Macédoine occidentale, c'est le Kanoun.

Il s'agit d'un code de droit coutumier médiéval, qui inclut des règles impitoyables qui avaient pour but de contenir les luttes intestines entre les clans, en encadrant les règlements de comptes. Voir ici.

C'est de ce sujet que traite le livre d'Ismail Kadare : "Avril Brisé" (Fayard, 4° édition, 2023).


L'Albanie au début du XX° siècle : sur le Plateau de la mort sévit le Kanoun, ou droit coutumier, recueil de lois ancestrales qui régit toute la vie des montagnards.

En vertu de ces lois, Gjorg Berisha a "repris le sang" de Zef Kryeqyqe, quarante-quatrième victime d'une vendetta qui dure depuis soixante-dix ans.

Après son crime, il a obtenue la "grande trève", trente jours avant d'être tué à son tour ou d'aller s'enfermer dans une des "tours de claustration" qui rappellent, sur le Plateau, la pérennité des lois du sang.

Tour de claustration

Dans une prose dense excluant l'image gratuite, Ismail Kadare décrit le mécanisme du Kanoun, ses fondements idéologiques et économiques et sa répercussion sur ceux qu'il frappe, directement ou indirectement.

"Avril brisé" est une histoire lente, intense, impitoyable, étrange et funeste et cependant très belle, et magnifiquement écrite!

Voir ici ma précédente note sur "Le général de l'Armée morte".



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