dimanche 29 mars 2020

Pierre Desproges : Mes excuses au pangolin



L'étau se resserre dans l'enquête sur l'origine du coronavirus, sans pour autant nous apporter des certitudes: les données sont encore insuffisantes pour permettre d'affirmer quoi que ce soit.

Une étude montre à quel point des virus extrêmement proches de celui du Covid-19 sont répandus chez ces curieux mammifères à écailles : les pangolins (Voir ici).


Fort probablement, les études montrent que les pangolins sont porteurs sans qu'ils aient étés nécessairement mordus par des chauves-souris, elles-mêmes infectées.

Mais la preuve formelle que le coronavirus nous vient du pangolin ne sera peut-être jamais apportée...

... en effet, les serpents sont les nouveaux suspects, car ils peuvent dévorer les chauves souris : le mystère s'épaissit!

En tout cas il est clair que des serpents étaient également vendus vivants sur le marché de Huanan, à Wuhan, alors,...?

Quoiqu'il en soit, le pangolin décroche un triste titre : celui de l'animal le plus braconné au monde : plus de 900 000 spécimens auraient étés capturés dans la nature entre 2000 et 2019.



Il est en effet très facile à capturer lorsqu'il se met en boule.


La cible du trafic : les écailles et la viande, très recherchées sur les marchés chinois.

Il semble évident par contre que c'est parce que l'homme détruit les zones d'habitations des animaux sauvages que les virus se répandent, mutent et deviennent meurtriers.

Il faudra en tirer les leçons.

Pénible destin, donc, que celui du pangolin : déjà victime d'un intense trafic, le voilà soupçonné d'avoir transmis le Covid-19 à l'homme.


C'est ce qu'on appelle une double peine...

Nous lui devons en tout cas toutes nos excuses.

Qui peut mieux le faire que Pierre Desproges, avec prémonition, et l'humour pince sans rire qu'on lui connait, dans ses Chroniques de la Haine Ordinaire, sur France Inter (19/3/1986) : ici : "Mes excuses au pangolin".

Pierre Desproges
1939-1988





mardi 24 mars 2020

Hommage à Manu Dibango


Nous avons appris avec une grande tristesse le décès, à Paris, aujourd'hui 24 Mars, du célèbre saxophoniste Manu Dibango ("Papy Groove") à l'âge de 86 ans, du coronavirus.

Manu Dibango
Une personnalité chaleureuse et un artiste exceptionnel, que j'avais eu l'occasion d'écouter en live au Théâtre de la Ville à Paris.

Ecoutez le ici!


lundi 23 mars 2020

La communauté russe sur la Côte d'Azur



Dès les années 1850, la Russie découvre la Côte d'Azur, popularisée en particulier par les séjours impériaux à Nice (Voir ma note ici).

Pourquoi ces séjours impériaux à Nice ?

La Russie Impériale a en effet conservé une tradition datant de Catherine II qui voulait que le français soit la langue noble que l'on devait parler à la Cour.

L'Impératrice Catherine II (1729-1796)
par J.B. Lampi

Dans la seconde moitié du XIX° siècle, un élément politico-stratégique important fut la présence de la Marine Impériale russe dans la Baie de Villefranche en raison d'une interdiction pour celle-ci de retourner en Mer Noire, et suite aux négociations entre Alexandre II et Cavour. Voir ici.

Le Tsar Alexandre II
1818-1881

De nombreux nobles francophones étaient propriétaires à Nice, Cannes, Menton, Bordighera et San Remo et venaient passer les hivers sur la Riviera dès le milieu du XIX° siècle.

Mais c'est après la révolution de 1917 qu'une importante communauté russe s'installe tout naturellement sur les bords de la Méditerranée: les "Russes Blancs"

Quant à l'exil des populations ouvrières (domestiques ne voulant pas quitter leurs maîtres et militaires), il suivit naturellement la migration des nantis.

Une autre raison de leur choix fut également la présence d'églises russes sur la Riviera, en particulier à Nice, Cannes, Menton et San Remo.

A Nice : voir ma note ici.

A Cannes :

Au XIX° siècle, la communauté russe de Cannes devient de plus en plus importante : elle compte 150 personnes en 1880.

En 1904, plus de 800 russes résident à Cannes, et il devient alors nécessaire de construire une église.

Ce sont l'archiprêtre Grégoire Ostrooumoff (1856-1947) et le Grand Duc Michel Mikhaïlovitch de Russie (1861-1929) qui sont à l'origine du projet de cette église.

Le Grand Duc Michel Mikhaïlovitch de Russie

Un terrain est acquis sur la pointe de la Croisette.

Grégoire Ostrooumoff

L'église St Michel Archange est consacrée le 22 novembre 1894 par le Métropolite de St Pétersbourg, l'archiprêtre Grégoire Ostrooumoff, des clergés russes de Nice, Menton, et grec de Marseille, en présence de membres de la famille impériale, de l'aristocratie russe, ainsi que des autorités de la ville de Cannes et des Alpes Maritimes.

Eglise St Michel Archange




A Menton:

En 1880, la Société Russe de Bienfaisance à Menton, est créée sous le patronage de la Grande Duchesse Anastasia Mikhaïlovna de Russie qui résidait alors à Cannes.

La Grande Duchesse Anastasia Mikhaïlovna
1860-1922

Il s'agissait de venir en aide aux russes qui résidaient à Menton, Bordighera et San Remo.

En 1892, une maison fut achetée dans le quartier de Carnoles (La Maison Russe) pour abriter les russes malades et nécessiteux.

La Société décida peu après de construire une église attenante.

L'église Notre-Dame-Joie-des-Affligés fut consacrée le 4 novembre 1892 par le clergé orthodoxe de l'église St-Nicolas-et-Ste-Alexandra de Nice.

Elle se situe 14 rue Paul Morillot et est rattachée au Patriarcat de Moscou.





A San Remo:

La communauté russe avait atteint à San Remo, à la fin du XIX° siècle, le millier de personnes, dont beaucoup s'y étaient établies de façon permanente, et en accord avec la ville, il fut décidé de construire une église orthodoxe dont la première pierre fut posée en 1912.

L'église est située au début de la "Promenade de l'Impératrice", en reconnaissance de la tsarine Maria Alexandrovna, femme d'Alexandre II, qui fit de San Remo son lieu de vacances.

La Grande Duchesse Maria Alexandrovna
1853-1920

A un jet de pierre du célèbre casino de San Remo, et nichée au milieu des palmiers, l'église du Christ Rédempteur est toujours utilisée et est l'un des symboles de la ville de San Remo.
Elle est située Via Nuvoloni, 2.





L'histoire des communautés russes à Nice se poursuit et c'est celle d'une génération née en France et aussi celle d'une nouvelle vague de touristes due à l'éclatement du bloc soviétique, en particulier les "Nouveaux Russes", nouveaux riches qui dépensent des fortunes dans les palaces et les casinos et avec qui les Russes installés depuis cinq générations n'entretiennent aucune relation ...

Ne soyez pas surpris de constater que les cartes des restaurants les plus huppés soient rédigés également en russe.



samedi 21 mars 2020

Nice, la "Petite Russe"


La plus grande Cathédrale Orthodoxe en Europe se trouve à Nice.
Et nous sommes allés à nouveau la visiter il y a peu ... avant le Grand Confinement...

Cette magnifique Cathédrale s'élève non loin du centre ville de Nice.


Pour nous y rendre, nous empruntons le Boulevard Tzarewitch et la Cathédrale se situe à l'extrémité de l'Avenue Nicolas II.



La communauté russe installée à Nice au XIX° siècle est importante et la construction d'une église orthodoxe russe est décidée.

La tsarine Alexandra Fedorovna lance une souscription dès 1856, et trois ans plus tard l'église St- Nicolas-et-Ste-Alexandra est inaugurée rue Longchamp : c'est la première église russe d'Europe de l'Ouest, mais elle devient rapidement trop petite.

Eglise St-Nicolas-et-Ste-Alexandra
Rue Longchamp, à Nice.

En 1865, le Tzarewitch Nicolas Alexandrowitch, fils du Tzar Alexandre II s'éteint des suites d'une méningite, à vingt ans, alors qu'il séjourne à la Villa Bermond.

Le Tzarewitch Nicolas Alexandrowitch

La Villa Bermond était considérée à l'époque comme la plus vaste et la plus fastueuse de Nice : elle possédait 200 000 orangers et d'innombrables serres.

A la suite du décès du Tzarewitch, la famille impériale achète la propriété et fait raser la villa.

En 1867 y fut construite une chapelle commémorative qui contient le mausolée du Tzarewitch.

La Chapelle du Tzarewitch




Et en 1903, à proximité de cet oratoire, commence la construction d'une Cathédrale, selon les plans de l'architecte Préobrajenski voir ici.

Elle est inaugurée en 1912: voir ici.

Après la Révolution de 1917, les "Russes blancs" s'installèrent en masse à Nice et sur la Côte d'Azur et la Cathédrale devint de fait un lieu de rassemblement de cette communauté émigrée.



De 1923 à 2010 c'est une association cultuelle qui gère cette Cathédrale.
De 1931 à 2011, elle dépend du Patriarcat Oecuménique de Constantinople.

Mais dès novembre 2006, la Fédération de Russie revendique la propriété de la Cathédrale, s'appuyant sur le fait que le terrain sur laquelle elle est construite appartenait à la Famille Impériale de Russie avant la Révolution de 1917.

La Famille Impériale en 1913

In fine, après de très nombreux démêlés juridiques avec la Fédération de Russie, elle est désormais rattachée au Patriarcat de Moscou et de toute la Russie : voir ici.

L'Etat Russe a engagé la rénovation de l'édifice en 2012, année du centenaire de la Cathédrale, et l'édifice a été réouvert officiellement le 19 janvier 2016.
Voir ici.





Ne manquez pas la visite si vous passez par Nice!

Voir ici pour des informations pratiques.










vendredi 13 mars 2020

A Nice : une église chargée d'histoire : St Martin-St Augustin



Les églises anciennes et remarquables ne manquent pas à Nice, mais il en est une, chargée d'histoire,  qui vaut d'autant plus une visite qu'elle est moins connue, car située à l'écart des circuits touristiques.


Il s'agit de l'Eglise Saint-Martin-Saint Augustin, appelée plus communément Saint Martin (nom de la plus ancienne paroisse de Nice) , située Place Saint-Augustin, sur les hauteurs de la Vieille Ville de Nice.
Voir ici.


C'est l'une des plus anciennes de la Vieille Ville : elle date au moins du XII° siècle.

L'Eglise primitive est mentionnée dans une Bulle du Pape Innocent IV datée de 1240.

Innocent IV
1195-1254

En 1405, l'évêque de Nice y installa les Ermites de St Augustin qui adjoignirent un couvent sur le côté est de l'Eglise : voir ici.


Elle a été entièrement rebâtie dans le style baroque en 1683-1689 et le couvent réédifié en 1716-1719.

Elle combine harmonieusement un plan cruciforme aux lignes incurvées et ellipse.


Les Augustins sont chassés par les révolutionnaires en 1792 et le couvent est transformé en caserne : il est toujours la propriété de l'Armée française (Caserne Filley).

L'un des deux clochers du XVIII° disparut lors du tremblement de terre de 1887, au large de San Remo, qui a également affecté Nice : voir ici.

Le décor baroque, remarquable, a été rénové au XIX° siècle.


On peut y admirer une Piéta attribuée au grand Maître Ludovic Brea, (né vers 1450 à Nice et mort vers 1525) datée de 1489.
Voir ici.






Martin Luther y célébra une Messe le 25 Juin 1510.

Martin Luther
1483-1546
par Lucas Cranach

Pour l'anecdote, on peut voir encastré dans le mur intérieur à droite un boulet de canon tiré sur l'Eglise le 15 Août 1543 par les galères d'Aladin Barberousse, sur les ordres de Soliman le Magnifique, alors allié à François I°... Voir ici.


Siège de Nice par la flotte turque


On trouve d'ailleurs un autre boulet tiré par la même flotte turque dans une rue de la Vieille Ville, lors du siège de Nice (Voir ici) où s'illustra l'héroïne niçoise Catherine Ségurane.


Catherine Ségurane, une bugadière (lavandière),  est une figure emblématique du Pays niçois, expression d'un fort sentiment patriotique et identitaire.

L'histoire raconte qu'elle assomma les assaillants turcs à coups de battoir ...  aidée par les armées de secours de Charles Quint et Charles III de Savoie.

Le monument à Catherine Ségurane,
armée de son battoir, non loin
de l'Eglise St Martin-St Augustin

Le 18 Juillet 1808, Giuseppe Garibaldi, l'un des pères de la Nation Italienne, y fut baptisé. 
Voir ici.

Giuseppe Garibaldi
1807-1882

Acte de baptême de Garibaldi
18 juillet 1808

La Place Garibaldi est d'ailleurs située non loin de l'Eglise, en contrebas.

Voir ici pour plus de détails architecturaux sur cette belle et passionnante église.