lundi 24 juin 2013

Randonnée dans les Vosges : Lacs des Perches et Neuweiher


Nous venons de parcourir ce samedi, sous un ciel clément et une température douce, une boucle très agréable sous les crêtes vosgiennes bien qu'assez longue et soutenue (plus de 5h de marche, 11km et 700m de dénivelé ; point culminant à 1088m).

Ce circuit absolument magnifique, nous a mené, en partant de Rimbach-près-Masevaux, (au fond de la Vallée de Masevaux, la plus méridionale des Vosges alsaciennes) par une montée raide, tout d'abord au pied du Lac des Perches, l'un des plus beaux lacs des Vosges (984m ; surface 4,50ha, profondeur 17m, capacité 500 000m3).

Au bord du
Lac des Perches
(photo le promeneur du 68)

Ce lac se situe dans un cirque granitique d'origine glaciaire, très encaissé, au pied de la Tête des Perches à 1222m d'altitude et de la Haute Bers (1252), et derrière le "Rouge Gazon".

Le nom français "Lac des Perches" vient d'une erreur d'interprétation du patois local. 
Ce nom était à l'origine "Lac des Bers" (Bersa = berceau en patois local), pris à partir de l'un des deux sommets qui le dominent. 
"Bers" est devenu par la suite "Bärsch", soit "Perche" en allemand, puis en français...

Reflets dans le Lac des Perches
(photo le promeneur du 68)

Ce lac est également appelé Sternsee, Lac des Etoiles. 
Il est en effet totalement dépourvu de tourbe et de vase (contrairement au Lac du Devin mentionné dans ma dernière note) et son fond est composé de roches granitiques à gros grains qui, sous l'effet du soleil, donnent à sa surface le miroitement d'une myriade d'étoiles, lorsqu'on le contemple des hauteurs.

Lac des Perches

Ce joli lac rond a été rehaussé d'un barrage au XVI° siècle pour l'alimentation de forges, puis d'usines textiles au XIX° siècle.

Le circuit qui nous mène ensuite aux petit et grand lacs de Neuweiher (826m) est absolument magnifique, varié (chaumes et sentiers escarpés), ombragé, difficile par moments (main-courantes en place) nous offrant de temps à autres de belles perspectives plongeantes sur Oberbruck et au delà.

Chaumes entre le Lac des Perches
et les Lacs de Neuweiher

Perspective sur Oberbruck et au delà...
Lacs de Neuweiher

Ces beaux lacs de montagne sont dépourvus d'accès carrossable et logés dans des sites sauvages : tout est là pour nous offrir calme et beauté...

Le circuit, sur sa plus grande partie est forestier et est agréable à emprunter lors des journées chaudes.

mercredi 19 juin 2013

Randonnée en Alsace autour de la Tête des Faux



Profitant d'une magnifique et (très) chaude journée, nous avons pris hier un peu d'altitude en partant randonner autour de la "Tête des Faux" (1219m), dans le Haut-Rhin, en partant du village du Bonhomme (644m). 
Ce village est situé sur la route qui relie Colmar à Saint-Dié, à 6km sous le Col de Bonhomme (949m).

Eglise du Bonhomme

Notre point culminant fut le Cimetière Duchesne (1120m).

Redescendant via le lieu-dit "Le Surcenord", notre circuit nous a fait longer les restes d'ouvrages militaires, infirmeries, installations de téléphériques et anciens cimetières allemands de la guerre de 14-18.

Un moment de repos au bord de l'Etang du Devin nous a permis d'admirer un biotope unique, avant de regagner Le Bonhomme, après 4h30 de marche, 10.6 km et 585m de dénivelé positif total.

C'est à la Tête des Faux qu'a eu lieu la première grande bataille de la Guerre de 14-18 dans les Vosges, entre décembre 1914 et février 1915, laissant sur le terrain des milliers de morts et de blessés...pour rien.


La Guerre de 14-18 sur
le front des Vosges

Dans cette terrible bataille, les hommes des 28° et 30° bataillons de chasseurs alpins gagnèrent leur surnom de "Diables bleus".
Voir ici un site très documenté sur la bataille de la Tête des Faux.

A l'emplacement du Cimetière Duchesne était établi le camp arrière français.
Ce cimetière regroupe les tombes de 408 soldats français dont 116 sont regroupés dans un ossuaire.
Il a été créé en 1924.

Cimetière Duchesne
Le Commandant Duchesne a été tué lors du premier assaut français sur la Tête des Faux, qui a permis la prise du sommet en décembre 1914. Depuis cette date, les chasseurs français sont restés maîtres de 95% du sommet pour le restant de la guerre.

Ce cimetière, tout comme la "Tête des Faux", est classé Monument historique.

Notre descente vers Le Surcenord traverse le secteur français, mais aucun vestige ne subsiste.

A Surcenord, nous revenons dans le secteur allemand.
Nous passons le long d'abris en tôle, puis de la gare du téléphérique König Ludwig (station intermédiaire du téléphérique allant de Lapoutroie à la Roche du Corbeau), et ensuite le bâtiment de l'infirmerie, puis l'ancien cimetière allemand du Rabenhuhl où ne restent que des stèles funéraires...

Ancien cimetière allemand du Rabenhuhl
Lors de notre descente vers le Bonhomme, nous nous arrêtons un moment pour contempler le site magnifique de l'Etang du Devin.

Etang-tourbière du Devin

Cet étang est en fait un biotope unique : celui d'une tourbière d'altitude.

Voir ici les spécificités de cet écosystème fragile.

Nous y trouvons des sphaignes...

Sphaignes 


...des linaigrettes....

Linaigrettes

...et également des droséras, plantes carnivores.

Droseras
Ces tourbières acides abritent de nombreuses espèces rares ou menacées.
Nombre de tourbières de ce type font l'objet d'une protection stricte.

Ce fut donc une splendide randonnée, certes un peu chaude, au delà des 30°, mais ombragée, agréable, jalonnée de souvenirs émouvants et de découvertes naturelles!

mardi 18 juin 2013

A Rome : rencontre avec le poète John Keats


Au cimetière des étrangers non catholiques, à Rome, où nous nous sommes lentement promenés, se trouvent également les tombes de Shelley et de John Keats.

John Keats

John Keats, né près de Londres le 31 octobre 1795  est en effet mort à Rome, de tuberculose, le 24 février 1821, à 25 ans.

C'est l'un des poètes romantiques anglais les plus importants de sa génération.

Pour lui, "Beauty is truth, truth beauty - that is all Ye know on earth and all Ye need to know"
( Beauté est vérité et vérité beauté - voila tout ce que l'on sait sur terre et tout ce qu'il faut savoir)

Son frère meurt de tuberculose en 1818 et c'est au même moment que Keats ressent les premiers signes de la maladie qui allait l'emporter.
Sur les conseils de ses médecins, il quitte l'Angleterre pour l'Italie, accompagné de son ami Joseph Severn.
Il rend son dernier soupir à Rome.

Sur la façade du Musée Keats-Shelley
à Rome, maison où Keats est mort
le 24.2.1821

Sur sa stèle, on grave cette épitaphe qu'il avait composée lui même :

"Here lies one whose name was writ in water"
(Ici repose celui dont le nom était écrit dans l'eau)...

Tombe de John Keats

A côté de la tombe de Keats se trouve celle de Severn, mort bien des années plus tard et celle d'un enfant de Severn mort accidentellement.

Tombes de Keats, Severn et du fils de Severn


C'est un lieu de paix ; un banc, sous une ombre reposante nous a permis de méditer sur cette courte destinée...

John Keats est un chantre de la nature sauvage, symbole de liberté et de pureté, par exemple dans son Ode to Autum.
Il revendique la primauté de la sensation, de la solitude.
Il doit une grande part de son inspiration à Shakespeare.

Autre stèle à la mémoire de Keats

Pour Keats, le premier ennemi de l'homme, c'est le temps. 
Notre Occident prétend le dominer, par une impitoyable dissection du travail, la minutie de la prévoyance des horaires, des agendas....

Le romantisme, à la fin du XVIII° siècle fut certainement une sorte de recul devant la généralisation bourgeoise de l'esprit d'entreprise, du commerce et de la spéculation.

Les poèmes de Keats furent également une réaction anti-utilitaire à la tentative universelle de domestication des jours....

Les pas de Keats sont remarquablement terrestres et lents : ils nous ouvrent à la contemplation et c'est en cela qu'il nous fait tant de bien...

To Autumn :

"Season of mists and mellow fruitfulness
Close bosom-friend of the maturing sun;
Conspiring with him how to load and bless
With fruit the vines that round the thatch-eves run;
To bend with apples the moss'd cottage-trees,
And fill all fruit with ripeness to the core..."

A l'Automne :

"Saison des brumes et de moelleuse abondance,
La plus tendre compagne du soleil qui fait murir,
Toi qui complotes avec lui, bienfaisante, pour dispenser une charge de fruits
Aux treilles qui courent au bord des toits de chaume,
Pour faire ployer sous les pommes les arbres moussus des enclos..."
(Trad. A. Laffay)


John Keats

dimanche 16 juin 2013

A Rome, sur les pas de Goethe


Il y a quelques jours, nous étions encore à Rome, car la Ville Eternelle n'en finit pas de nous enchanter.

Elle nous a à nouveau séduits, nous promenant hors des sentiers battus, à la découverte de ses trésors cachés, de ses ruelles et de ses trattorie.

Nous promenant dans le magnifique parc de la Villa Borghese, après la visite du Musée Borghese (Nous y allions pour admirer encore et toujours les sculptures du Bernin : unique et splendide baroque!), nous sommes tombés nez à nez sur Goethe (1749-1832)!

Goethe

Johan Wolfgang Goethe, véritable génie universel,  y a en effet sa statue.

Donné à l'Italie en 1903 par l'Empereur Guillaume II, le monument a été sculpté par Gustav Eberlein (1847-1926) et est installé sur l'avenue dédiée à Goethe.

Goethe à la Villa Borghese
Viale Goethe

Goethe y surmonte un groupe de personnages sculptés d'après ceux de ses oeuvres.

On y voit en particulier Méphistophélès, la figure démoniaque et Faust.

Faust et Méphistophélès
sur le monument à Goethe


Pour la petite histoire, la tête de Méphistophélès a été volée en octobre 2010, récupérée par la police en bon état et réinstallée en janvier 2011. Cette tête avait déjà été volée puis récupérée en 1972...
Décidément, Méphistophélès continue à attiser les comportements démoniaques...

Plus sérieusement : Goethe arrive à Rome le 29 octobre 1786 par la Porta del Popolo et loge d'abord à l'Albergo dell'Orso, où Montaigne était jadis descendu lors de son voyage en Italie : beau début des aventures romaines de Goethe!

Aventures et découvertes, mais avant tout cheminement et bouleversements intérieurs de Goethe, qui en sera intimement et profondément touché!

Dans ses lettres, compte rendu de son voyage en Italie et à Rome, Goethe y décrit ses observations et ses sentiments avec la finesse, la justesse et la profondeur que nous lui connaissons.


Le 1° novembre 1786 :

"Me voila maintenant à Rome et tranquille, et, à ce qu'il semble, tranquillisé pour toute ma vie..."

Le 10 novembre 1786 :

"Si je rentre en moi-même, comme on le fait si volontiers en toute occasion, je me découvre un sentiment dont j'éprouve une joie infinie, et que j'oserais même exprimer.
A Rome, celui qui porte autour de lui un regard sérieux et qui a des yeux pour voir, doit devenir 'solide'; il doit se faire une idée de 'solidité', plus vivante en lui qu'elle ne le fut jamais.
L'esprit reçoit une empreinte vigoureuse ; il arrive à la gravité sans sécheresse, au calme et à la joie.
Pour moi, du moins, il me semble que je n'ai jamais apprécié aussi justement les choses de ce monde."

Le 25 janvier 1787 :

"Il me devient toujours plus difficile de rendre compte de mon séjour à Rome : on trouve la mer toujours plus profonde à mesure qu'on s'y avance, et c'est aussi ce que j'éprouve en observant cette ville."

Une lecture enrichissante, émouvante, bouleversante, que celle du "Voyage en Italie"!

Lors de nos pérégrinations dans Rome, nous avons tenu à visiter le cimetière des étrangers protestants, à proximité de la "Pyramide", monument funéraire de Caïus Cestius, près de la porte S. Paolo, au sud de Rome.
Le fils de Goethe, August (1789-1830), décédé à Rome, y est enterré.

Tombe du fils de Goethe, à Rome
Goethe quittera Rome le 21 février 1787 après un court séjour qui le bouleversa et l'enracina tout à la fois...
Il en fut ébloui intérieurement, tout comme nous le fûmes à sa suite!

Coucher de soleil sur
la Piazza Farnese

vendredi 14 juin 2013

Opéra : un Nabucco émouvant et fort à Covent Garden



Hier, dans le cadre des retransmissions dans le réseau des cinémas CGR (ce coup-ci en différé, du 24 avril 2013) depuis le Royal Opera House (Covent Garden), nous avons assisté, vibré, à un Nabucco émouvant et fort.

Notons que nous célèbrerons cette année le bicentenaire de la naissance de Verdi!
Ce fut donc, en hommage au compositeur,  une production de très haute volée!

Une mise en scène juste et "actuelle" de Daniele Abbado, qui nous a évoqué de façon émouvante et forte la déportation des Juifs des années 1940...

Daniele Abbado


Un orchestre dirigé de façon absolument magnifique et avec grand enthousiasme par Nicola Luisotti :

Nicola Luisotti
Et un Placido Domingo qui n'a pas fini de nous surprendre, tant par sa santé vocale que par les défis incessants qu'il continue à assumer : il est absolument magnifique dans le rôle titre de Nabucco!

Placido Domingo

Ludmyla Monastyrska quant à elle est extraordinaire dans le rôle d'Abigaille, esclave avide de prendre le pouvoir.
(Nous l'avions déjà fort appréciée le 15 déc 2012 dans une "Aïda" de Verdi depuis le Met : ici .)

Ludmyla Monastyrska

Les choeurs se sont donnés au maximum et nous ont transmis avec énergie et douceur mêlées le sentiment et l'émotion du souvenir de la terre natale, dans un "Va, pensiero" bouleversant.

Le "Choeur  des esclaves" dans "Va, pensiero"

Un spectacle de 3heures magique, bouleversant, émouvant, fort et original de par une très belle mise en scène, un orchestre et des interprètes de très haut niveau.

Ecoutez :

Le duo Domingo/Monastyrska : ici .

Placido Domingo chante "Dio di Giuda" : ici .

La répétition de "Va, pensiero" : ici .

Une interview des membres du choeur (en anglais) : ici .