mercredi 15 juillet 2020

La Réserve Naturelle du Taubergiessen : à la fois française et allemande


A proximité de Rhinau (Alsace, Bas-Rhin) et de Kappel (RFA), la Réserve Naturelle du Taubergiessen (Naturschutzgebiet) a la particularité, bien que se situant du côté allemand du Rhin, d'être à la fois allemande et française.


Cette Réserve Naturelle est considérée en RFA comme l'un des derniers "Paradis" en Europe.

Elle est surtout connue pour sa faune (oiseaux) et sa flore typiquement rhénanes.

On s'y rend en prenant le bac de Rhinau (gratuit) qui permet de traverser le Rhin (actuellement, en révision jusqu'au 20/7/20).

Le bac Rhenanus
Il y a trois possibilités de parking d'où partent différents circuits, lorsqu'on vient du bac de Rhinau, le premier se situant tout de suite après l'ancien poste de douane/marchand de tabac.


Le bac est au niveau de la ville de Rhinau
côté français
Depuis le premier parking, on peut prendre le chemin de la digue et bifurquer ensuite à droite vers le Herrenkopfbrücke.

Nous sommes bien dans une zone franco-allemande
Là nous avons un biotope très particulier qui n'est pas sans évoquer la Louisiane et ses bayous,...les alligators en moins.

Ici un bras mort communique avec le Rhin




En prolongeant notre marche, nous arrivons à un observatoire pour les oiseaux. Nous nous promettons d'y revenir en période de migration, équipés des jumelles.







Des plantes rares, des sources phréatiques et la forêt vierge : la Réserve Naturelle du Taubergiessen couvre 1682 ha dont 997 ha appartiennent à la commune française de Rhinau.

La partie française du Taubergiessen est appelée "Secteur non constitué en municipalité de Rhinau", ou "Enclave de Taubergiessen": voir ici.

Cette réserve est parfois surnommée l'"Amazonie du Rhin Supérieur", et c'est peut-être un peu exagéré : pas d'alligators, ni de piranhas, mais plus de 1000 espèces de coléoptères, 400 de papillons, 40 de libellules sans oublier crapauds, lézards, loriots et grands cormorans et 700 espèces de plantes.

C'est un site protégé particulièrement beau, l'un des derniers vestiges du paysage Rhénan et d'une grande importance pour les scientifiques.

A noter : c'est le 2° refuge de France après la Camargue pour de nombreuses espèces d'oiseaux hivernants.

Loriot

Grand cormoran

Cette jungle rhénane est un vestige d'anciens affluents du Rhin.

Voir ci-dessous les modifications du cours du Rhin à cet endroit entre 1838 et 1998 :




On peut arpenter le Taubergiessen à pied, en canoë ou en barques à fond plat, typiques du Ried.


Le long du Rhin cette forêt alluviale comprend des km de méandres qui serpentent à travers la forêt dense et aboutissent au plan d'eau de Rhinau-Kapell, une zone importante pour l'hivernage des oiseaux d'eau.


Alors, quid de l'historique de cette particularité franco-allemande ?

Lors de l'une de ses plus importantes crues, en 1541, le Rhin se déporta vers le village de Kappel, la commune allemande d'en face, élargissant le territoire de la commune de Rhinau, en France, de près de 1000 ha d'un coup.

Cette situation provoqua pendant des centaines d'années des frictions et des complications administratives entre la France et l'Allemagne avant qu'une solution convenable ne soit trouvée, le 22 décembre 1982, pour une durée de 99 ans.

Le contenu de cet accord est particulièrement complexe en ce qui concerne la gestion des bois, des prés, de la chasse, de la pêche et la préservation des giessen ( les rivières phréatiques) et des espèces.

Encore des nouveaux trésors, dans le Grand Ried et de part et d'autre du Rhin, que nous n'avons pas fini d'explorer, et cela en toutes saisons.


1 commentaire:

JCMEMO a dit…

A ce jour je n'avais jamais entendu parler de cette réserve naturelle, "Amazonie...".
Merci pour ton passionnant article.
Amicalement
JC