jeudi 31 décembre 2009

Le promeneur du 68 part pour le Mali

Cette fois-ci, je pars dimanche à l'aventure au Mali.

Une façon de commencer 2010 par un dé-paysement.

Le "promeneur du 68" va traîner ses guêtres au pays des musiciens mandingues et au pays Dogon.

Je n'aurai malheureusement pas la chance de rencontrer ni d'écouter Kandia Kouyaté au Festival de Musique du désert de Tombouctou.
Kandia Kouyaté est une légende vivante, à la voix puissante et magnifique. Une contre-alto dans la tradition des musiciens de l'ancien Mali.

Elle est considérée comme "maître" ( n'gara), ce qui est assez rare.
Son chant et sa virtuosité fascinent ses spectateurs, qui l'appellent "la dangereuse"...

Son chant est une célébration exubérante de la culture mandingue, malienne, et de l'Afrique toute entière.
Elle appartient à la très célèbre famille des griots Kouyaté.

Cette grande chanteuse a malheureusement été atteinte d'une attaque hémiplégique en 2004, dont elle s'est rétablie!

En partant du fleuve Niger en direction du Sud-Est, vers le Burkina Faso on entre dans le Pays Dogon.
On y trouve un plateau (ou se situe la "capitale" des Dogons, Bandiagara), une falaise, longue de 200km et de 100 à 300m de haut dans laquelle se situent les habitats, au beau milieu des falaises, dans des grottes ou dans des abris sous roche naturels. La vue sur la plaine doit y être splendide.
Cela me rappellera les maisons troglodytes de Mesa Verde, dans le SO du Colorado, que nous avions visitées il y a quelques années.
Mais elles étaient désertes, abandonnées par les indiens, on ne sait pas encore pourquoi, alors que ce que j'attends véritablement de cette randonnées au Mali, c'est la rencontre, l'hospitalité et l'échange.
Je vous dirai!

En attendant : tous mes voeux pour une année 2010 de santé, de randonnées, de promenades et de Paix!
Et écoutez donc Kandia Kouyaté :

lundi 28 décembre 2009

La Colonne de Juillet, place de la Bastille, à Paris

J'ai trés souvent l'occasion de passer Place de la Bastille, lors de mes pérégrinations parisiennes.
J'y étais encore cet après-midi.
La Colonne de Juillet en orne le centre.

Et j'ai toujours une pensée émue lorsque je m'y promène.
Et voici pourquoi.

Notons que cette Colonne n'a rien à voir avec une quelconque commémoration de la prise de la Bastille en 1789.

Elle commémore en fait les Trois Journées (27, 28, 29 Juillet) de la Révolution de 1830, qui amenèrent la chute de Charles X et de la Monarchie Absolue et instaura la Monarchie Constitutionnelle qui installa Louis Philippe, duc d'Orléans aux commandes. Ce fut la mise en place de la "Monarchie de Juillet".

Le fût de la colonne, inaugurée en 1840, porte le nom des victimes.

Il est surmonté de l'Oeuvre d'Auguste Dumont : le "Génie de la Liberté", appelé aussi le "Génie de la Bastille"

La place de la Bastille est particulièrement animée les vendredi et samedi soir, compte tenu des nombreux cafés et boites branchées du voisinnage (Rue de Lappe, par exemple).

De nombreuses manifestations , syndicales ou politiques, partent de la Place de la Bastille.

Tous les dimanches après midi, une grande randonnée à roller à travers Paris y prend son élan pour une traversée impressionnante de près de 20km dans les rues de la capitale.

L'Opéra Bastille draîne aussi des foules compactes.

Mais par contre,ce que les promeneurs, manifestants, mélomanes et fêtards qui arpentent cette place animée et sympathique ignorent pour la plupart, c'est que dans les fondations de la Colonne de Juillet furent aménagés des caveaux destinés à recevoir les corps des 504 victimes des journées révolutionnaires.

Le sous sol de la Place de la Bastille est un véritable ossuaire, qui reçut aussi les dépouilles de près de 200 victimes de la révolution de 1848 (qui sonna le glas de la Monarchie de Juillet et proclama la II° République).

Passant, souviens-toi!

samedi 26 décembre 2009

La parenté à plaisanterie au Burkina et au Mali

Au Burkina-Faso et au Mali, la "parenté à plaisanterie" pimente la vie quotidienne des gens.

On appelle cela sinankunya au Mali , rakiré chez les Mossis du Burkina Faso.

Il s'agit de railleries codifiées entre des membres d'ethnies alliées.

Et ce, au quotidien : au bureau, dans la rue, dans les champs, dans les transports, en famille, entre employés et patrons,...

Il s'agit de faire semblant de créer un conflit avec un membre d'une ethnie avec laquelle une alliance a été établie. C'est une sorte de pacte qui permet de s'"insulter", de s'"agresser" dans une joute verbale contrôlée . Il n'y a pas de risque de dérapage, et cela permet de dénouer les conflits, en créant un exutoire codifié et une détente dans le groupe, à base d'humour.


Cela permet aussi aux deux protagonistes de régler leurs comptes de façon détournée.
A condition de ne jamais utiliser le mot "bâtard", par exemple!
Il y a là aussi des références humoristiques sous-jacentes à des conflits qui ont pu opposer leurs ancêtres.
En tout cas, il s'agit d'un facteur de décrispation sociale indéniable!

Au Mali, l'exemple le plus célèbre est l'alliance qui lie les Dogons et les Bozos : les gens rivalisent d'inventivité pour trouver des insultes originales et drôles.

Pour un non initié, ce genre de scène peut apparaître inquiétant : deux personnes s'invectivent avec violence, pouvant laisser croire que l'altercation va dégénérer avec violence ; souvent il n'en est rien. C'est le contraire qui se produit, et le public, amusé, sait à quoi s'en tenir.

Nous avons encore beaucoup de choses à apprendre de l'Afrique, n'est-il pas vrai?

mercredi 23 décembre 2009

Histoires d'Hérodote, le "métèque"

Dans l'histoire de la culture mondiale, la période aux alentours de 480 avant J.C. est capitale.


Le Bouddha disparaît aux alentours de -480.
Un an plus tard, Confucius meurt dans la Principauté de Lu.


Entre -480 et -490 naît Hérodote d'Halicarnasse, le "père de l'Histoire", premier reporter, premier explorateur, premier historien.


Hérodote m'a marqué lorsque j'étais jeune : le premier livre relié offert par mes parents fut celui des "Histoires" d'Hérodote!

Merveilleux cadeau de Noël, que cet ouvrage, qui a empli ma jeunesse de mythes, de noms de peuplades étranges, de récits de guerres insensées et sanglantes mais aussi de tolérance et de solidarité entre les peuples.


Sa vision du Monde qui m'est restée est celle des frontières, des métissages, des diversités et des différences entre les peuples qui habitent le Monde.
Maintenant que j'ai moi-même pas mal bourlingué de par le vaste Monde, je sens que je vais reprendre ces "Histoires" avec délices!


Le père d' Hérodote n'était pas grec, mais carien (Les Cariens : une population soumise à la Perse). Sa mère, elle, était trés probablement grecque.

Hérodote était donc un "métèque", un métis, un habitant des confins de la Grèce. Ceci explique peut-être celà.

L'Asie est alors le centre du Monde.
Les plus créatifs des grecs, les Ioniens, vivent sur le territoire asiatique.
L'Europe n'existe pas encore...

50 ans plus tard, Platon verra le jour...






dimanche 20 décembre 2009

Magie sur les Grands Boulevards à Paris


Me dépêchant aujourd'hui par un petit matin particulièrement froid sur le Boulevard Haussmann à Paris, encore plongé dans la nuit, pour aller prendre mon train pour la Normandie, pour retrouver mes petits enfants et leurs parents, j'ai été saisi par la magie des lieux.

D'autant plus qu'ils étaient déserts à cette heure.
Le miracle n'en était que plus grand: je dirais sa "gratuité", car le spectacle était pour moi seul. Le froid vif n'incitait pas à flaner et pourtant je me suis arrêté, subjugué.

Depuis plus de 50 ans, en effet, aux approches de Noël, les Grands Magasins "Le Printemps" et les "Galeries Lafayette" sont un lieu de promenade privilégié des familles avec enfants, émerveillés par les vitrines rivalisant d'inventivité et de magie.

L'un de ces Grands Magasins a dépensé cette année un million d'euros pour ses vitrines.
Retour sur investissement assuré puisque pendant les fêtes de fin d'année, ces temples de la consommation font 25% de leur chiffre d'affaire annuel!
La foule en pleine journée est phénoménale.
Des petites balustrades ont été installées pour que les enfants puissent ouvrir grands leurs yeux, le nez collé à la vitre.
Nombre de vitrines sont animées.

A l'heure des petits matins blêmes et dans la nuit complète, j'y étais seul, savourant ce moment particulier de magie de la "Ville Lumière".
Je suis ensuite reparti vers la Gare Saint-Lazare, dans la foule et les valises de cette période de migrations, les yeux remplis d'étincelles et d'étoiles...

mercredi 16 décembre 2009

Visite d'hiver à ND de Schauenberg, entre Pfaffenheim et Gueberschwihr, an Alsace


Nous allons rituellement vers la mi-décembre marcher au dessus de Pfaffenheim, dans le Haut-Rhin et terminer par une visite à N.D. du Schauenberg, avec vin chaud et bredele, approche de Noël oblige.

Cette année nous avons trouvé la neige, qui commence a tomber de par chez nous, petit à petit.

Située entre Pfaffenheim et Gueberschwihr, cette chappelle a été fondée au XV° siècle.
Elle fut construite sur l'emplacement d'un ermitage, fondé, lui, au XIV° siècle en l'honneur de St-Ulrich, suite à un voeu formulé par une princesse guérie par l'intercession de l'ermite.
Cette princesse Anne, comtesse de Hesse, était l'épouse du Landgrave Louis I° le Pacifique.

En 1789, les religieux sont chassés.
En 1793, quatre bourgeois de Pfaffenheim achètent les bâtiments avec l'intention de les rendre à leur destination originelle, une fois la tourmente révolutionnaire passée.

Le 3 Septembre 1811, la statuette miraculeuse y est à nouveau transférée.
Cette date est désormais la date de pélerinages réguliers.

Pour la petite histoire, la statuette miraculeuse fut volée en 1912 et retrouvée par un écolier près de ... la "Pierre du Diable", dans la forêt...

Les bâtiments et la chapelle dominent la plaine Haut-Rhinoise. Trés belle vue, et par beau temps on peut apercevoir la flèche de la Cathédrale de Strasbourg et le "Münster" de Fribourg, dans la Forêt Noire proche.

mardi 15 décembre 2009

Si la morosité vous guette : "Bodhisattva in metro"!


Si la morosité vous guette, regardez ce petit film : "Bodhisattva in metro".
Si vous ne le connaissez pas, regardez le.

Si vous le connaissez, profitez-en pour le regarder à nouveau.

Vous en sortirez tout ragaillardis à l'intérieur, et en tout cas fort détendus du côté des zigomatiques!
6mn 48sec de bonheur...

samedi 12 décembre 2009

Benjamin Fondane et le "Mal des Fantômes"

"J'étais en train de lire un livre / quand tout à coup / je vis ma vitre / emplir son oeil absent d'oiseaux légers et ivres.

Oui, il neigeait, / la folle neige! / Elle tombait/ tranquille et fraîche / dans le coeur tout troué comme un filet de pêche.

C'était si bon! / et j'étais ivre de ces flocons / heureux de vivre / que ma main oublieuse laissa tomber le livre!
En ai-je vu / neiger la neige / dans le coeur nu! / Ah! Dieu que n'ai-je / su garder dans mon coeur un peu de cette neige!

Toujours en train / de lire un livre! / Toujours en train / d'écrire un livre! / Et tout à coup la neige tranquille dans ma vitre! "

Texte écrit en français par le poète et philosophe roumain Benjamin Fondane en 1944 et transmis à sa femme du camp de Drancy où il fut interné début 1944, avant d'être assassiné à Auschwitz en octobre 1944.
("Le mal des fantômes", Verdier Poche, 2006)

vendredi 11 décembre 2009

A Tende : frappez avant d'entrer!

On trouve à Tende, entre autres surprises, une grande variété de heurtoirs de portes.

Certainement pour faire honneur aux nombreux linteaux historiques ouvragés sculptés dans le schiste vert de Tende, qui encadrent les-dites portes et dont je parlais quelques notes plus haut.

Ceci ne contredit pas la présence de feuillages dont sont souvent sculptés ces linteaux, symboles d'hospitalité.

Mais frappez quand même avant d'entrer, on ne sait jamais!

Définition du heurtoir ou "marteau de porte" : anneau ou battant de métal articulé fixé à l'extérieur d'une porte d'entrée, avec lequel on frappe pour se faire ouvrir.
La partie mobile, suspendue, prend souvent la forme d'un anneau, d'un maillet, mais pas toujours.

Les heurtoirs peuvent être richement décorés de figurines appelées "marmousets".
Que l'on trouve à Tende des heurtoirs à tête de bélier est normal : vu les passages de bêtes et des troupeaux de brebis par le village au cours des siècles, leur absence serait surprenante. Ou encore à tête de cheval.

On y trouve un heurtoir qui rappelle les figures gravées de la Vallée des Merveille (par ex : le "Chef de Tribu"), ou des marmousets de style égyptien, ce qui est plus étonnant...


Quoi qu'il en soit, c'est quand même plus sympathique que les nouvelles sonnettes électroniques sans fil que l'on trouve sur le marché aujourd'hui...et en tous cas moins sujet à pannes, m'enfin!

jeudi 3 décembre 2009

Les Confréries de Pénitents, à Tende

Les Confréries de "Pénitents" ne sont pas des "ordres" fondés par l'Eglise mais des associations de laïcs, catholiques, ayant un but spirituel, mais aussi social, bien avant que n'existe la Sécu.

Chapelle de l'Annonciade
à Tende
Un but d'entr'aide, de bienfaisance et de soutien mutuel dans les villages italiens et du sud de la France: il y en a des traces évidentes à Nice, où les confréries sont encore trés actives, en Avignon...

Dés le XIII° siècle, il s'agissait d'apporter une amélioration à la société de l'époque, voire sous le Pape Innocent III, de racheter les chrétiens captifs des "barbaresques" (Pénitents Rouges)

La création d'une confrérie de Pénitents se faisait à l'époque devant notaire, car il y avait des biens à gérér, comme par exemple des chapelles propres à la confrérie.

Ensuites, elles étaient reconnues par un décrêt de l'évêque du lieu, pour Tende, celui de Vintimille.
Leurs membres portaient, en signe d'humilité et de pénitence un vêtement spécifique appelé "cagoule".
Suivant la couleur de cette cagoule, ils étaient appelés Pénitents Blancs, Rouges, Noirs,...

A Tende, 3 Confréries de Pénitents ont été reconnues par l'évêque de Vintimille.

Les Pénitents Blancs, institués vers 1590, donnaient des subsides aux plus pauvres et aidaient les malades. Leurs chapelles sont la petite chapelle de l'Annonciade, ornée de fresques magnifiques, de Canavesio et Baleison, à l'abri de la "Porte Lombarde"(Voir photo en haut) et la chapelle ci dessous, dont la façade a été récemment ravalée.
Chapelle des Pénitents Blancs
à Tende

Les Pénitents Noirs , ou "de la Miséricorde", fondés en 1592, sont placés sous la protection de Jean-Baptiste. Leur symbole est le Pélican, qui se dépouille de ses entrailles pour nourir ses petits.  Les "Noirs" accompagnaient les mourants connus et inconnus, les condamnés à mort, les prisonniers...

Les Pénitents Rouges, fondée en 1596 étaient placés sous la protection de la Trinité. Ils pratiquaient, avec les "Noirs" la quête des céréales, mises ensuite sous clef dans le "Frumentario" ; cela servait aux nécessiteux en cas de besoin ou en cas de destruction des récoltes. Voir ci dessous la photo de la chapelle des Pénitents Noirs et Rouges.
Chapelle des Pénitents Noirs
et Rouges à Tende

A noter aussi l'existence à Tende de la "Confrérie de saint Eloi", différente des précédentes : c'est la Confrérie des muletiers, charretiers, charrons, importante à l'époque, de par le transit alpin important d'animaux via le Col de Tende. Elle a son autel propre dans la collégiale, depuis 1738.

Toutes ces confréries sont toujours bien vivantes à Tende, depuis le rattachement à la France, même si elles ne s'occupent plus essentiellement d'entr'aide ; elles sont régies par le régime des Associations loi de 1901 et s'occupent essentiellement de la restauration des monuments dont elles ont la responsabilité, en liaison avec les Monuments Historiques.



mercredi 2 décembre 2009

Coup d'oeil sur la Collégiale de Tende


Le plus beau monument de Tende, qui recèle un nombre important de merveilles architecturales, est sans conteste sa Collégiale (Notre Dame de l'Assomption).

La première église ayant été incendiée en 1466, Honoré Lascaris choisit lui-même les plans du nouvel édifice, qui fut consacré en 1518 par l'évêque de Vintimille.

On peut parler, à propos de cette collégiale, de style "gothique austère" mais avec de fortes influences lombardes et baroques.

Magnifique portail en schiste vert de la Roya, exécuté en 1562 par les frères Barthélémy et Pierre Varences venus de Cenova, dans le Val d'Aroscia.

On y voit les armes des Lascaris et de la Maison de Savoie, qui encadrent les armes de France.

On y découvre en outre les écussons des syndics des communes, qui portent la belle formule : "ID PODUIT UNITAS" (L'Union a réalisé ce Chef d'Oeuvre).

Car il s'agit réellement d'un Chef d'Oeuvre, qui abrite entre autres la Chapelle funéraire des Seigneurs Lascaris, Comtes de Tende et de Vintimille, Seigneurs de Limone et de Vernante et du Val de Lantosque.

Y sont conservées les dépouilles d'Honoré Lascaris (déc. 1474), de Marguerite l'Amazone, de René le Batard Duc de Savoie (déc. 1525), mortellement blessé en protégeant le Roi de France François I° au désastre de Pavie.

On peut y admirer, dans une chapelle latérale un tableau représentant la Vierge, les anges et des pêcheurs, dont l'un, en bas à gauche est "poussé aux fesses" vers la Vierge par un angelot qui ne ménage guère ses efforts pour atteindre son but.

J'y ai repéré, dans un confessionnal, une gravure ancienne qui était là il y a déjà longtemps, pour porter à la contrition et à la réflexion, où l'on peut lire : "Le sono perdonati molti peccati perche ha amato assai."... traduction inutile.

J'y passerais des heures, dans le confessionnal, je ne sais pas, mais dans la collégiale, certainement, allant de découvertes en découvertes!



mardi 1 décembre 2009

L'orgue insolite des Frères Serassi

Dans la collégiale Notre Dame de l'Assomption de Tende, j'ai déjà eu l'occasion d'entendre fonctionner l'orgue insolite des célèbres facteurs d'orgue de Bergame : les Frères Serassi.

Etonnant et unique!

Cet orgue a été construit en 1673, restauré en 1730, abandonné et rénové entièrement par les facteurs d'orgue Serassi en 1807.

Leur facture était la plus célèbre de Lombardie au XIX° siècle et ils imposèrent leur style et leur esthétique à toute la facture d'orgue italienne.
A cet époque, l'orchestre devient symphonique et l'orgue italien s'oriente vers une sorte d'esthétique orchestrale.

L'orgue italien prend donc l'orientation étonnante d'un orchestre à part entière qui serait là, même dans une collégiale, pour accompagner un opéra.

Nous sommes ici pour un spectacle, en témoignent les rideaux d'opéra sur le devant de l'orgue. L'orgue reste cependant un instrument à part entière, gardant aussi son caractère d'accompagnement religieux.

On peut entendre des jeux de percussion aux effets insolites qui font résonner les voûtes de la collégiale : roulements de tambours, cymbales, grosse caisse, clochettes, et même une "voix humaine".

L'orgue de la collégiale de Tende pouvait également aborder sans crainte le registre des musiques militaires et folkloriques, qui, à l'époque, frisaient la vulgarité ; l'important était l'effet sonore obtenu.

Il y avait là un côté "baroque" tardif qui avait certainement pour objet de faire affluer les fidèles, la fin justifiant les moyens.

Une curiosité tout de même!

lundi 30 novembre 2009

Tende et ses linteaux

Mes pas m'amènent ces jours-ci au détours des ruelles -véritable labyrinthe - du Vieux Tende.

Tende, sur la frontière italienne, dans la Haute-Roya, n'est officiellement française que depuis le 16 Septembre 1947.

C'est un gros bourg médiéval situé à un emplacement privilégié, au contact du monde alpin et du monde méditerranéen.

Tende a toujours été un lieu de passages depuis les temps les plus reculés.

Tende est située sur une voie de communications pacifiques et commerciales (la route du sel), mais aussi sur la voie des invasions : légions romaines, tribus barbares, hordes sarrasines, armées provençales, génoises, savoyardes, espagnoles, autrichiennes, françaises, italiennes, allemandes,...

L'histoire passionnante et méconnue de Tende et de La Brigue, village voisin, en font une des régions les plus attachantes des Alpes Maritimes.

L'histoire des Comtes de Tende est liée à l'histoire de la Maison de Savoie, à celle du Comté de Nice et aussi à celle ...des Empereurs de Byzance...

On trouve des traces nombreuses de cette histoire mouvementée, lorsqu'on veut bien déambuler dans les dédales de la Vieille Ville de Tende.

Un aperçu de cette histoire nous est donné en regardant tout simplement de près les linteaux des certaines portes, en schiste vert de la Roya.

Exemples, parmi d'autres :

En haut à gauche : linteau de la porte de l'ancienne maison Chianea, dont un membre est devenu Comte de St Etienne de Tinée en 1700. Inscription en latin ( sentence morale pour se protéger du mal) :"Celui qui craindrait quelque chose ferait injure aux dieux de la maison. Ici, la crainte est vénération, les funestes puissance infernales tremblent." On remarque la Croix du Duché de Savoie, les 3 lys de France, martelés pendant la révolution.

A droite : linteau du XVII°. Toujours la Croix du Duché de Savoie, le monogramme du Christ (IHS) et des feuillages stylisés, symboles d'hospitalité.

A gauche à nouveau : près de l'ancienne "Maison de Curie", place du Traou ( de l'échafaud) un des premiers tribunaux existant en Europe au XII° s. La porte et son linteau sont de 1510. On y voit les armes du Duché de Savoie, et l'Aigle bicéphale et byzantin des Lascaris. Egalement IHS en gothique. Sur les côtés on trouve la rose de Luther, car les Ducs de Savoie étaient protestants.

A doite à nouveau : Sur ce linteau un passage de l'Epitre de Paul aux Hébreux : "Nous n'avons point ici bas de cité permanente, mais nous cherchons celle à venir", une sentence en référence aux communautés protestantes, car Claude, le fils de René le Bâtard de Savoie, Comte de Tende était protestant.


....un tout petit aperçu des traces de l'histoire passionnante de Tende!


Je vous dirai un mot plus tard de la Collégiale de Tende, le plus beau monument du village, de style gothique, baroque et lombard, reconstruite en 1518, suit à un incendie en 1446.

A suivre...

dimanche 29 novembre 2009

Promenade au village de Pinocchio

Je suis à nouveau revenu avec plaisir traîner mes guêtres au "Village de Pinocchio", c'est à dire à Vernante, dans le Piémont italien.

Vous connaissez l'histoire de la marionnette créée en 1881 par Carlo Collodi ? C'est un chef d'oeuvre hors du temps, mais pas hors de l'espace, car Pinocchio a son village, bien réel!

Savez vous aussi qu'au XX° siècle, ce conte a été l'ouvrage le plus vendu en Italie, avec dix millions d'exemplaires, juste après, bien sûr, la Divine Comédie de Dante (onze millions d'exemplaires).

L'un des premiers dessins de Pinocchio réalisé pour Collodi fut celui de Enrico Mazzanti ci-contre : il date de 1883.

Et pourquoi Vernante? Quel lien avec la marionnette au nez qui s'allonge?

Tout simplement, au départ, parce que Attilio Massino, dessinateur et illustrateur turinois d'albums de Pinocchio, est venu s'y installer, en 1944.

La municipalité reconnaissante a lancé le projet des fresques (Murales) sur les façades des maisons.
Inutile de dire que les habitants ont au départ rechigné à voir leurs façades ainsi décorées.
Quoiqu'il en soit, à partir de 1989, le dessinateur Bruno Carletto et son équipe a rendu possible ce projet.

Nous pouvons admirer actuellement 130 façades décorées dans le village, sur des épisodes de la vie de Pinocchio....ce qui a sans nul doute été un bon plan pour les visites et la prospérité de cette petite bourgade fort sympathique.

Autre caractéristique de ce village que je connais bien, ce qui ne gâte rien : des douceurs, les Vernantesi, délices au chocolat fourré et au rhum.

Egalement un café ( sur la photo) où l'on peut déguster l'un des meilleurs chocolats chauds italiens du coin, crémeux à souhaits.

Et pour finir, un authentique pub irlandais , à l'enseigne "Il Cavallino" où déguster une vraie Guinness avec de délicieux paninis (si, c'est possible!) préparés à la demande est un grand plaisir ; car tout celà est préparé avec soin et servi avec gentillesse et humour par Luciano, le maître des lieux! (pub non payée...)

Donc, si vous passez par là, n'hésitez pas!


samedi 28 novembre 2009

L'homme descend du singe...

...et le singe du cocotier.
C'est la version darwinienne (légèrement simplifiée) des choses.

L'histoire de la création dans la Bible est beaucoup plus complexe : elle nous raconte la chute du premier homme, Adam, suite à une sombre histoire d'arbre de la connaissance du bien et du mal. Pas facile à comprendre cette histoire de chute originelle!
Est-ce là une invention de juifs ignorants?
Et peut-on dire que la version de Darwin est plus proche de la vérité?

Jusqu'à présent, ces deux versions - visions - des choses semblaient inconciliables...

Jusqu'à ce que je lise dans un ouvrage du grand philosophe Léon CHESTOV (1898-1944), pas assez connu, car il sort par trop des sentiers battus, sa propre perception des choses.
Elle me semble, sous l'humour fin qui le caractérise, porter en elle une vérité.

Dans "Le Pouvoir des Clefs" (Flammarion 1967), on peut lire p 84:

"Si l'homme descendait du singe, il trouverait à la façon du singe ce dont il a besoin. On me dira que de tels gens existent et qu'ils sont même fort nombreux. certainement, mais il suit de là seulement que Darwin et les Juifs avaient également raison.

Une partie des humains descend d'Adam, sent dans son sang la brûlure du péché de son ancêtre, en souffre et aspire au Paradis Perdu, tandis que les autres proviennent du singe pur de tout péché. Leur conscience est tranquille, rien ne les torture et ils ne rêvent pas à l'impossible.
La Science consentira-t-elle à ce compromis avec la Bible?"

"Ah Chestov et les questions qu'il sait poser, la mauvaise volonté qu'il sait montrer, l'impuissance à penser qu'il met dans sa pensées!" s'exclamait Gilles Deleuze dans "Différence et Répétition"

vendredi 27 novembre 2009

Où suis-je ? Petit quiz photographique



...oui, où suis-je. Où mes pérégrinations ont-elles entraîné mes pas, aujourd'hui ?

Où se situe ce lieu où je me trouvais ce matin même?

Quiz!

Examinez bien la photo de gauche : un détail vous mettra sur la voie.

Cet endroit ne pouvait pas ne pas retenir mon attention : ayant pour nom Saint-Vincent, le patron des vignerons et en plus le prénom de mon fils.

Donc, pour vous mettre sur la piste : un lieu entouré de montagnes. Et pas loin, il y en a de fort belles, bien enneigées pour la saison! Voir photo de droite.

?

Celà pourrait être en "France de l'intérieur", comme disent souvent les alsaciens? Alors, en Savoie, pourquoi pas?

Mais ce n'est ni en Savoie, ni en Haute Savoie...Alors, où donc est-ce?

Mais oui! Dans l'ancien domaine de la Maison de Savoie (qui avait pour capitale Turin, en 1563, ne l'oublions pas!) , pour être exact. Les Etats de Savoie se composaient alors d'une dizaine de "baillis", dont le Val d'Aoste.

En 1861 Victor Emmanuel II incorpora dans le Royaume d'Italie les états de la Maison de Savoie qui n'avaient pas été récupérés par la France, dont le Val d'Aoste, région désormais autonome de la République Italienne.

Eh oui, cette photo a été prise au Val d'Aoste.

C'est une région qui vaut vraiment le détour, le séjour, et qui offre de splendides possibilités de randonnée, ne serait-ce que dans le Parc National du "Gran Paradiso" : ma-gni-fique!
D'ailleurs, 50% des valdôtains parlent encore le français.
Le petit détail qui pouvait vous mettre sur la piste, sur le panneau : "575 m slm" , soit "575m sul livello del mare"...au dessus du niveau de la mer, en italien!