dimanche 31 janvier 2016

Opéra : Turandot de Puccini au Met



L'opéra Turandot de Puccini, version Zeffirelli, auquel nous avons assisté hier, retransmis en live HD, est l'une des quelques productions hyper-classiques, encore conservées au Met, capables bien entendu de drainer les foules.
C'est une vision à mon sens passablement "rétro" avec une mise en scène d'un orientalisme qui, malgré la beauté indéniable des décors et de la chorégraphie, m'a semblé plutôt poussiéreuse...

J'ai rêvé, tout au long de la soirée, d'un Turandot plus actuel et plus audacieux. 
Mais y en a-t-il déjà eu un?

Scène Finale de Turandot

Nina Stemme, la soprano suédoise, dans le rôle titre, a été pratiquement absente de la scène du Met depuis 12 ans.
Elle chantera prochainement le 14 avril au Met dans Elektra dans une mise en scène de Patrice Chéreau.

Nina Stemme

Nina Stemme en Turandot

Nina Stemme est acclamée, à juste titre, comme la plus puissante soprano dans ce rôle, si on la compare aux autres interprètes (Christine Goerke et Jennifer Wilson).

Mais sa puissance vocale extraordinaire laisse cependant transparaitre la faiblesse intérieure de la princesse Turandot : le moment où la prédatrice glacée se transforme en femme vulnérable est le moment le plus touchant de l'opéra (Pour moi il n'y an a pas eu beaucoup!).

Le ténor italien Marco Berti dans le rôle de Calaf m'a semblé continuellement être de marbre, assez maussade et peu convainquant dans sa détermination de conquérir la terrible princesse.

Il interprétait plutôt un Calaf en contrôle permanent de lui-même, sûr de ses décisions et n'exprimant à aucun moment la crainte du danger extrême qui le menaçait, celui d'être décapité.

Marco Berti

Turandot et Calaf (Marco Berti)

Impossible de savoir, au travers de l'interprétation de Marco Berti, si Calaf ressentait le moindre sentiment filial à l'égard de son père Timur, aveugle, interprété par Alexander Tsymbalyuk, ou la moindre empathie à l'égard de Liu, dont la dévotion et la gratitude aurait, pour le moins, du le bouleverser...

Calaf, Timur et Liu

L'interprétation de Liu par Anita Hartig fut magnifique, toute emplie de sensibilité, d'émotion et de tendresse : des moments de douceur et d'émotion dans ce drame sévère.
Bravo pour ce premier rôle au Met!

Anita Hartig (Liu)
J'ai apprécié le "Nessun Dorma" interprété par Marco Berti, mais...

... je ne peux pas m'empêcher de donner ici le lien vers le "Nessun Dorma" interprété par Pavarotti à Los Angeles en 1994 sous la direction de Zubin Metha! 
Grazie Pavarotti!

Donc une soirée finalement "mitigée"...
Voir ici l'article de JCMemo, également déçu par ce Turandot.


mardi 19 janvier 2016

Opéra : "Les Pêcheurs de Perles" au Met


Samedi, nous avons assisté à une magnifique retransmission depuis le Met à New-York des "Pêcheurs de Perles" de Georges Bizet, opéra en trois actes, chanté en français, qui fut créé en 1863.

Georges Bizet (1838-1875)

Situé en des temps reculés sur l'ile de Ceylan, cet opéra "orientaliste" nous raconte merveilleusement comment le voeu d'amitié éternelle de deux hommes, Nadir et Zurga, est menacé par leur amour pour la même femme, Leïla, elle-même prise entre son amour pour Nadir et son voeu de prêtresse.

Ce splendide opéra à la partition envoûtante revient sur la scène du Met... après plus de cent ans d'absence!

Bizet composera Carmen 12 ans plus tard, mais jamais Bizet ne fut aussi séducteur et sensuel que dans "Les Pêcheurs de Perles"...

La très belle mise en scène de Penny Woolcock nous transporte dans un univers marin fascinant où la nature devient déchaînée et reflète la passion destructrice qui entraîne Nadir, Zurga et Leïla.


Les interprètes sont tous sensationnels!

Tout d'abord, Diana Damrau, magnifique et sensuelle, dans le rôle de Leïla.
Nous l'avions appréciée le 2 mars 2013, dans le rôle de Gilda, dans Rigoletto : ici, et également en Comtesse Adèle, le 2 avril 2011, dans Le Comte Ory : ici.

Diana Damrau (Leïla)



Puis Matthew Polenzani, dans le rôle de Nadir était particulièrement juste.

Nous l'avions apprécié le 27 avril 2014 dans le rôle de Ferrando dans Cosi fan tutte, voir ici,
mais moins apprécié le 15 avril 2012, dans Alfredo, dans La Traviata, voir ici.
Il était remarquable en Ernesto, dans Don Pasquale, le 15 novembre 2010 : ici.


Matthew Polenzani (Nadir)
Quant à Mariusz Kwiecien, il interpréta un Zurga expressif à tous points de vue!

Le 14 février 2014, il interprétait un Don Giovanni magnifique et bouleversant à Covent Garden, ici,
et le 14 novembre 2011, dans le rôle du Docteur Malatesta, dans Don Pasquale, il était également remarquable : voir ici
Mariusz Kwiecien (Zurga)

Quant à Nicolas Testé, jeune et expérimenté chanteur lyrique (baryton-basse), il débutait au Met et est certainement promis à un brillant avenir. Il est l'époux de Diana Damrau.

Nicolas Testé (Nourabad)

Ecoutez ici "Ton coeur..." avec Damrau et Polenzani, ici le duo Damrau et Kwiecien, ici  "O Dieu Brahma" avec Damrau,  et , la finale de l'Acte II.

Voir ici la note enthousiaste de JCmemo sur cet Opéra!



vendredi 15 janvier 2016

Photographie : Yusuf Sevinçli, l'explorateur


Le photographe Yusuf Sevinçli est turc et stambouliote.
Il est arrivé jeune à Istambul pour étudier et y vit depuis une quinzaine d'années, entouré par une communauté d'artistes, photographes pour la plupart, avec qui il partage sa passion pour l'image.

Voir ici.

Yusuf Sevinçli
La Filature, à Mulhouse, l'expose dans sa galerie, jusqu'au 28 février, sous le titre "Dérive".



Il glane ses clichés au hasard de la vie, des rencontres et de ses explorations.
Le photographe  ne s'attarde pas : il marche, il observe, il repart...


Il prélève des morceaux de réalité toujours différents, mais qui montrent en fin de compte une certaine similitude. 


Ces pièces de puzzle s'assemblent et traduisent la vision de la réalité de l'artiste, ses angoisses et son questionnement au quotidien.


"Je considère simplement la photographie comme un moyen de communication. Quand je dis cela, je ne me réfère pas seulement aux spectateurs de mon travail, mais aussi à moi, pour communiquer avec moi et avec le monde autour de moi...
...c'est mon commentaire sur la vie, mon commentaire sur comment je vois,...ma réponse à mon entourage, ma réponse à ce qui m'affecte..."


Par la qualité de son travail et sa réflexion à la fois profonde et naïve, Yusuf nous offre un véritable trésor photographique et aussi une grande leçon d'humilité.



 D'un noir et blanc très contrasté, au grain épais et à la surface souvent griffée, ses images fugaces de la vie quotidienne s'imprègnent d'une atmosphère intemporelle, semblent témoigner d'un monde rêvé et d'une époque incertaine, égarée, "à la dérive" : ses clichés sont en un sens "rescapés".



La photographie turque est encore jeune : elle est passionnante tant elle est libre, enthousiaste et spontanée.





Les clichés de Yusuf Sevinçli jouent d'une relative noirceur, mais elles ne sont ni sombres ni morbides et traduisent au contraire une certaine douceur et une sensualité certaine.






"Ce photographe est un fabricant de rêves en images.
Dans les derniers travaux, son errance visuelle s'est élargie à l'Europe où il voyage. 
De Naples à Paris, en passant par Marseille, il poursuit  sa quête d'un monde silencieux où seul le bruissement fugace de la vie le maintient en éveil." (La Filature)

Une heureuse découverte d'un photographe qui ne cherche pas à transmettre un message, mais seulement à capter et communiquer des visions ouvertes à la vie, à une culture encore vivace dans un pays en pleine mutation.

dimanche 10 janvier 2016

Randonnée en Forêt-Noire dans la vallée de l'Harmersbach


Hier, ce fut une randonnée plus soutenue en Forêt-Noire, au sud est d'Offenburg, charmante petite ville située non loin de Strasbourg, côté Bade-Wurttemberg.

Offenburg, la vieille place du marché

Venant de Colmar par l'autoroute allemande, nous en sortons, au nord de Freiburg, en direction de Lahr-Schwarzwald. 
Nous traversons Biberach, Zell, puis Oberharmersbach, avant de laisser notre véhicule, non loin, à Riersbach Dörfle.

La météo était à nouveau au brouillard, mais dès notre passage à Zell, petit bourg chargé d'histoire, nous entrevoyons  quelle peut être la beauté de la Vallée de l'Harmersbach par temps clair.

Au Moyen-Âge, Zell était la clef d'accès à cette vallée, et avait le statut d'une ville - bien que la plus petite - dans le Saint Empire romain germanique.


Zell am Harmersbach est actuellement la "porte d'entrée" d'une jolie région de villégiature appelée Brandenkopf, comprenant Zell, Biberach, Nordrach et Oberharmersbach.

Le Brandenkopf, avec ses 945m d'altitude, est le plus grand sommet de la Forêt-Noire moyenne.

Zell am Harmersbach

Notre randonnée,  au départ de Riersbach Dörfle,  nous a mené, tout au long d'une belle boucle de 11km, 390m de dénivelé et d'une durée de 4h de marche soutenue, au travers de belles forêts, offrant des vues en partie dégagées sur la petite vallée d'Oberharmersbach, lorsque le brouillard daignait se dissiper partiellement.

La vallée d'Obserharmersbach...par beau temps
Nous grimpons tout d'abord sur une route  qui part à droite de la Gasthaus Sonne (losange bleu) vers un sentier qui nous mène à une belle forêt prise dans les brumes et l'humidité...




... avant d'arriver sur un plateau :






Ce sentier passe ensuite le long d'un chemin de croix menant à Beim Kreuz :


Himmlische Höhe : la Hauteur Céleste
Il chemine non loin d'une charmante fontaine moussue : Jägersbrunnele (La petite fontaine du chasseur)

Jägersbrunnele

Ensuite, le ciel se dégage un peu, et nous offre de beaux points de vue "photogéniques", au lieu dit "Harck", où se trouve d'ailleurs, en contrebas, une ferme-restaurant (Harckhof) :




Le retour s'effectue par une belle descente via le hameau de Eiwag, le long de frais ruisseaux dévalant de toutes parts, et nous retrouvons la Gasthaus Sonne  - "le Soleil", bien absent tout au long de cette journée!

Une splendide randonnée de saison, que nous nous promettons de reprendre avec une météo plus clémente.
En tout cas ce fut une heureuse découverte que celle de la vallée de l'Harmersbach : nous continuons ainsi notre exploration pédestre de la Forêt-Noire!



vendredi 8 janvier 2016

Randonnée du jour de l'an en Alsace autour de Niedermorschwihr


Le jour de l'an, prenant de bonnes résolutions, et notre courage à deux mains, nous sommes partis pour une (petite) randonnée autour de Niedermorschwihr, en Alsace, dans le Haut-Rhin.

Le brouillard était au rendez vous et un soleil pâle tentait de percer, sans grand succès.
Notre promenade avait de ce fait une aura mystérieuse...et froide.


Niedermorschwihr

Niedermorschwihr est célèbre pour son "clocher vrillé":


Cette marche revigorante, bien que courte, nous a fait découvrir la chapelle de Saint Wendelin, saint populaire et mystérieux : les indications le concernant remontent à l'an mille.
Saint Wendelin est le patron des animaux domestiques (poules, chiens, chats, boeufs,...)

Saint Wendelin

Né en 554, fils d'un roi d'Ecosse, Wendelin renonce à sa destinée royale, part en Allemagne mener une vie humble, mandiant son pain, et se nourrissant d'herbes sauvages et d'eau.

Saint Wendelin

Calvaire, au bord du chemin

Un aperçu sur la nature engourdie de ce 1° janvier :






A propos du clocher de l'église de ce village : un clocher vrillé, ou clocher tors, est un clocher où la flèche est en spirale. 
Il y a environ une centaine de clochers de ce type en Europe, dont 65 en France.

La torsion a la plupart du temps une origine volontaire : celle de réaliser une prouesse architecturale.

Dans le cas de Niedermorschwihr, il s'agit d'une tour carrée surmontée d'une flèche carrée à la base et devenant octogonale, recouverte de tuiles et tournant de 1/8° de droite à gauche, ce qui prouve une torsion volontaire. 
L'architecte en serait Gabriel-Ignace Ritter, au courant du premier quart du XIX° siècle, sur une base datant du XII° siècle.

A l'intérieur de l'église se trouve une maquette du clocher réalisée par les Compagnons du Devoir.

Voici l'église...par beau temps :