samedi 28 avril 2012

Charonne : un village en plein Paris!



Le quartier de Charonne, dans le XX° arrondissement, à Paris, où j'aime me promener, a conservé tout le charme de l'ancien village qu'il était jusqu'en 1860, année de son rattachement à Paris par Napoléon III. Voir ici.

Le centre du village se situait au carrefour de la rue Saint Blaise et de l'actuelle rue de Bagnolet, là où nous admirons l' église Saint Germain (fermée et en réfection pour cause d'affaissement du sous-sol).

Eglise St Germain de Charonne

Notons que le cimetière du Père Lachaise, ouvert en 1804 se situait alors sur la commune de Charonne.

La rue de Charonne, dans le XI° arrondissement conduisait alors au village de Charonne.
Le boulevard de Charonne, lui, situé à l'emplacement du Mur des Fermiers Généraux marquait la limite entre les communes de Paris et de Charonne, et ce jusqu'en 1860.


Eglise de Charonne vers 1930


Je ne peux pas ne pas évoquer également la station de métro "Charonne", à l'intersection de la rue de Charonne et du Boulevard Voltaire, toujours dans le XI° arrondissement, tristement célèbre depuis le 8 février 1962!


Rappelons que ce jour là une manifestation contre la guerre d'Algérie et contre l'OAS est réprimée par le Préfet de l'époque, Maurice Papon ; 9 personnes trouvent la mort à l'entrée de la station de métro, la plupart étouffées. 
J'étais à Paris à l'époque et j'en suis encore traumatisé : ce nom de Charonne évoque inévitablement pour moi ce drame.Voir ici.


Mais revenons à l' Eglise Saint Germain de Charonne, accolée à son cimetière.


C'est la seconde église de Paris qui jouxte un cimetière, après Saint-Pierre de Montmartre
Voir ici.


Signalons que dans ce cimetière, on découvre le monument du Père Magloire, imposteur qui s'était fait passer pour le "Secrétaire de Monsieur de Robespierre", daté de 1793, la tombe de Mme Malraux et de ses deux fils, ainsi que le tombeau de l'écrivain Robert Brasillach.


Rue St Blaise à Charonne


La rue Saint Blaise, qui monte doucement vers l'Eglise Saint-Germain de Charonne était la rue principale du village.
Elle était anciennement dénommée "Grande Rue Saint Germain". 


Bourgeois et aristocrates de la capitale s'y faisaient construire des demeures de plaisance.
Si ces dernières n'ont pas résisté à l'urbanisation moderne, la rue Saint Blaise a cependant conservé son caractère d'antan.


Au N°2 se trouvait un élégant hôtel construit par l'architecte J. F. Blondel (1706-1774), l'un des créateurs du style Louis XVI.


Non loin, rue de Bagnolet, nous pouvons apercevoir le débouché du tunnel de Charonne (1018m) de l'ancienne ligne de chemin de fer de la Petite Ceinture
L'ancienne gare de Charonne est convertie en café-concert.


Ancienne Gare de Charonne du
Chemin de fer de la Petite Ceinture

jeudi 19 avril 2012

En Alsace : promenade aux châteaux d'Husseren et d'Eguisheim



L'après midi de Pâques, nous sommes allés randonner du côté d' Husseren-les-Châteaux, en Alsace,  dans le Haut-Rhin (Voir ici ).


Le nom du village peut se traduire par "Aux maisons" ; on y a accolé "les-Châteaux", pour le distinguer de son homonyme du sud du Haut-Rhin, qu'on appelle Husseren-Wesserling, dans la vallée de Thann.


Partis du village d' Husseren-les-Châteaux, situé sur un replat qui culmine à 387m, nous suivons le sentier raide (200m de montée) qui nous mène aux ruines des  trois châteaux, qui dominent Husseren et Eguisheim,  et d'où la vue sur la plaine d'Alsace est magnifique.


Sentier d'accès aux trois châteaux

Le chemin nous mène ensuite, depuis le site des Trois Châteaux, et après une descente rapide, au travers de la forêt, aux ruines de l' Abbaye de Marbach (Voir ici  ma note du 7/11/2009). 


Nous parcourons ensuite des sentiers agréables au travers du vignoble, qui nous mènent tout d'abord à Voegtlinshoffen (voir ici ; de ce  village, on jouit d'une belle vue sur Colmar, et on y admire une fontaine originale), puis à Obermorschwihr (voir ici ), et retour à Husseren, après un beau circuit de 3h.

Mais revenons aux châteaux, perchés sur des pitons rocheux, à leurs donjons, et à ce qui  reste des bâtiments!


A noter tour d'abord que ces trois châteaux de Husseren sont également appelés les Trois Châteaux d'Eguisheim...


Les trois donjons se profilant sur la colline du Schlossberg dominent la plaine d'Alsace à 591m.

Il s'agit du Wahlenbourg et du Weckmund, qui sont situés sur la commune d'Husseren, et du Dagsbourg, situé lui, sur la commune d'Eguisheim.

Au nord, le château du Dagsbourg avec ses beaux vestiges, est le plus imposant des trois, et le moins ancien.  
Il a été partiellement détruit et reconstruit au cours des ans et devint la propriété de l'évêque de Strasbourg, qui le donna en fief au Comte de Ferrette. 
Subsiste un donjon carré, avec des murs à bossages, une partie de la courtine, du logis et des écuries.

Château du Dagsbourg

Au centre, le château du Wahlenbourg : ce château est connu depuis 1006. Son donjon date du milieu du XII° siècle et le château a été restauré aux XIII° et XIV° siècles.
Le Dagsbourg et le Wahlenbourg étaient entourés d'un fossé.

Château du Wahlenbourg

Au sud, le château du Weckmund  avec son logis seigneurial : il date du XIII° siècle et fut construit par le Duc de Vaudémont. Il semble que ces deux château, du Wahlenbourg et du Weckmund, pourtant si proches, aient été en guerre à un moment de leur histoire mouvementée.


Ce château, placé à l'avant poste, servait de vigie et de rempart aux deux autres auxquels il était relié par un pont-levis.


Château du Weckmund

A côté du Weckmund se trouvait une tour ronde, appelée Nellenbourg, qui était la prison de la forteresse.
Dans l'enceinte commune des Trois châteaux se trouvait une chapelle dédiée à St Pancrace et consacrée par le Pape Léon IX, natif d'Eguisheim, en l'an 1002.


Toutes ces constructions, sauf la chapelle, furent ruinées en 1466 par les milices de Turckheim et de Kaysersberg, à l'occasion de la "Guerre des Six Deniers" (Voir le paragraphe consacré à cette guerre dans l'article sur la "République de Mulhouse" ici)

On raconte que ces trois châteaux servaient de cadran solaire aux travailleurs de la plaine : à 11h l'ombre couvrait totalement la façade du Dagsbourg, à midi celle du Wahlenbourg, et à 1h celle du Weckmund, tandis qu'à 3h les trois châteaux projetaient leur ombre tout droit devant eux sur la déclivité de la montagne. A vérifier!

Ces trois châteaux, en tout cas sont des témoins, parvenus jusqu'à nous, et visibles de loin, de l'histoire mouvementée de l'Alsace entre le XI° et le XV° siècles, dont furent parties prenantes les évêques de Strasbourg, les Comtes de Dabo, les Comtes d'Eguisheim, les Comtes de Ferrette, les Comtes de Vaudémont, et j'en passe,...lors d'alliances, et de luttes fratricides.

Vue du site des Trois Châteaux
sur la plaine d'Alsace

mardi 17 avril 2012

En Suisse : randonnée vers la magnifique Abbatiale de Romainmôtier



La magnifique Abbatiale de Romainmôtier se situe dans le canton de Vaud, en Suisse.




Nous sommes allés la découvrir, ou la re-découvrir, le lundi de Pâques 9 avril, au cours d'une randonnée - peu ensoleillée et froide - de 6h30 de marche effective sur une portion de la Via Francigena (voir ici), soit l'Itinéraire N° 70 des Chemins suisses. 


Nous avions déjà cheminé sur un autre tronçon de cette voie de pèlerinage, qui mène de Canterbury à Rome, en plusieurs jours, de St-Maurice, en Suisse, à Aoste, en Italie, via le Col du Grand St Bernard : ici.




Nous avons parcouru - en gros - le tiers central du chemin menant de Yverdon-les-Bains (à l'extrémité Sud Ouest du Lac de Neuchatel) à Lausanne : à savoir la portion qui va d' Orbe à Eclepens, soit 24km d'un chemin agréable dans des paysages doucement vallonnés, offrant par moments de splendides points de vue sur les chaînes de montagnes enneigées qui dominent le Lac Léman, côté français.




La découverte de l'Abbatiale enchâssée dans le village de Romainmôtier se fait au détour d'un chemin, et là, l'étonnement et l'émotion nous prennent au ventre et au coeur : nous sommes sous le coup d'un choc qui s'accentue au fur et à mesure de notre approche.


Nous avons sous les yeux une Abbatiale absolument extraordinaire de beauté et de simplicité.
Il s'agit là du plus ancien édifice de style roman de Suisse.




A l'origine, le monastère bénédictin fondé vers 450 par St Romain était le plus ancien de Suisse.
Par la suite, ce monastère rejoint l'ordre de Cluny. 


Porté par l'essor de la grande et prestigieuse Abbaye de Cluny, l'église de Romainmôtier est remise en chantier et une splendide Abbatiale - celle que nous connaissons aujourd'hui - est érigée entre 990 et 1028, sur les fondations des édifices du VIIe siècle et du VIIIe siècle.




Au XVI° siècle, suite à la Réforme que les seigneurs de Berne imposèrent dans le canton de Vaud par la force,  les moines quittent l'Abbaye et de nombreux bâtiments, dont le cloître, sont détruits.




Demeure cependant, outre l'Abbatiale elle-même, une magnifique porterie.




Au début du XX° siècle, une nouvelle restauration a été entreprise.


L'Eglise est aujourd'hui utilisée pour le culte protestant.


Pour suivre en détails l'histoire mouvementée de cette Abbatiale, voir ici.


La visite de cette extraordinaire Abbatiale a été pour nous le point d'orgue d'une belle journée de marche sur les chemins suisses que nous affectionnons et où nous allons toujours de découvertes en découvertes!

dimanche 15 avril 2012

Opéra : La Traviata au Met : Amour et Mort


Samedi 14 Avril, nous avons assisté à la retransmission, au Kinépolis de Mulhouse en live depuis le Met, de La Traviata de Verdi.


Avec Natalie Dessay (soprano) dans le rôle de Violetta (pour la première fois au Met), Matthew Polenzani (ténor) dans celui d'Alfredo Germont, et Dmitri Hvorostovski (basse), dans le rôle du père d'Alfredo, Giorgo Germont.

La Traviata est inspirée de "La Dame aux Camélias" d'Alexandre Dumas. 
Elle fait partie de la "trilogie" qui, avec Rigoletto et Il Trovatore, a valu une gloire internationale à Verdi.


Voir l'histoire et l'argument de cet opéra, créé à La Fenice à Venise en 1853, sur un livret de Francesco Maria Piave : ici !

Que dire? Je suis partagé!
J'ai trouvé que le premier acte démarrait difficilement, Natalie Dessay n'étant pas en voix. Après l'entracte, lors des second et troisième actes, elle avait repris progressivement de l'assurance, pour, in fine, incarner totalement Violetta et son destin dramatique.

Natalie Dessay

J'ai été déçu par Matthew Polenzani, malgré une belle voix, chaude et profonde : pas de présence scénique et des déplacements et  mouvements empruntés, non habités, qui m'ont gêné tout au long de la représentation...à moins qu'il n'ait surjoué le côté honnête, naïf et candide du personnage d'Alfredo?   Il est vrai que le costume était aussi pour quelque chose dans la raideur des gestes! 

Matthew Polenzani

Le dit costume aurait du gêner également Dmitri Hvorostovsky, plus raide qu'il ne l'est habituellement, mais sa présence époustouflante et sa voix puissante absolument magistrale m'ont totalement subjugué...une fois de plus!

Dmitri Hvorostovsky

J'ai aimé les décors originaux et épurés, figurant une arène où s'affrontent l'amour authentique et  l'amour libre et où se déroule le combat pour sa survie d'une femme qui sait qu'elle va bientôt mourir!

La présence obsédante du personnage incarnant la mort fait pendant à celle de l'horloge qui égrène inexorablement les  minutes et les heures...
Et puis il y a aussi ce camélia qui passe de main en main...ce camélia offert par Violetta à Alfredo, en lui demandant de ne revenir que lorsque celui-ci sera fané!

Mon impression globale : je n'ai été touché par Violetta que vers la fin de la représentation, lorsque; déchirée, elle sent qu'Alfredo a éveillé en elle le désir d'être vraiment aimée, alors même qu'elle ne peut et ne veut renoncer à son mode de vie.
A vrai dire, j'attendais peut-être trop de cette soirée!...

Voir et écouter Violetta/Natalie dans l'Acte I ici .


Voir ici l'article de JCMemo sur cette "Traviata"!

jeudi 12 avril 2012

En Alsace : randonnée aux carrières de Buhl


Le village de Buhl, en Alsace, dans le Haut-Rhin, est situé dans la vallée de la Lauch, à l'entrée du vallon de Murbach.
Voir ici.
Il jouxte Guebwiller, au pied du massif des Vosges, et du Grand Ballon (1424 m).
La partie la plus ancienne de cette agglomération s'étend autour de l'Eglise Saint Jean Baptiste, sur un promontoire qui a donné son nom au village : Buhel, la colline.
A partir du XIX° siècle, à la suite de l'implantation de l'industrie textile, Bühl s'est fortement agrandi en occupant toute la largeur de la vallée.

En partant de Guebwiller (ancienne gare), nous suivons un sentier qui s'élève tout d'abord sur les hauteurs du vignoble exposé sud, à l'entrée de la vallée du Florival, jusqu'à la "Croix des Missions" (473m), située depuis près de deux siècles sur le belvédère de l'Unterlinger, d'où la vue, magnifique, s'étend, non seulement sur Guebwiller, mais aussi sur la plaine d'Alsace.

La Croix des Missions

Suivant une inscription gravée, cette croix date de 1827 et s'inscrit dans le cadre d'un projet de "rechristianisation des masses populaires" initié dès 1825 par l'évêque de Strasbourg et répandu dans toute l'Alsace, pour "combler le vide moral" et "extirper l'indifférence en matière de religion propagée par la Révolution", puis attisée par la spectaculaire industrialisation.
Les dates de 1923 et 1952 se lisent aussi sur le socle.
La croix en grès des Vosges s'est brisée lors d'une tempête en  février 2010, et a été remise en état  par le Club Vosgien de Guebwiller.

Le sentier s'élève ensuite de l' Unterlinger à l' Oberlinger (586 m). 
Là se trouvaient deux sites fortifiés, fossés et remparts souvent nivelés, difficiles à interpréter, qui dominaient et défendaient l'entrée du Florival (en particulier contre les invasions hongroises). 
Les restes du site de l' Unterlinger (fossés et talus) dateraient du X° siècle, mais se superposant à des restes plus anciens d'époque gallo-romaine ou même protohistorique, et ceux de l' Oberlinger (talus, restes d'une tour) du XII°siècle.


Nous continuons notre progression vers le Col du Dreibannstein (537m) et son joli petit abri (c'est là que se rencontrent les terres de Buhl, Guebwiller et Orschwihr), pour redescendre ensuite  vers le "sentier des carrières de Buhl".


Le sentier des carrières de Buhl

Le site de ces carrières est spectaculaire, avec ses hautes falaises de grès, ses vestiges d'installations techniques (salle des machines de la station haute d'un téléphérique, local des poudres, caves de protection au moment des tirs, murs en pierre,...).
Le sentier louvoie, monte et redescend entre les arbres moussus et les traces d'une activité qui a du être intense encore au XIX° siècle et peut-être au début XX° siècle.

Les carrières de Buhl

Le chemin de retour, après nous avoir offert une vue dégagée sur le Grand Ballon,  conduit nos pas vers un site d'origine mystérieuse, celui des "Menhirs de l'Appenthal".

Vue sur le Grand Ballon

Le site de l' Appenthal, la "vallée des abbés" (ayant peut-être appartenu à l'Abbaye de Murbach), nous offre en effet le spectacle d'un étrange alignement de 36 "menhirs" (de 42cm à 1m28 de haut).

Les Menhirs de l'Appenthal

Ces pierres ont été dégagées en 1995 par le Club Vosgien. 
Certains y voient un alignement mégalithique de l'époque celtique, et d'autre, des pierres de bornage, ou des rails pour la descente des schlittes...
Voir ici pour plus de précisions!
Le sentier serpente ensuite le long d'un étrange mur cyclopéen. 

Le mur cyclopéen

Retour à Guebwiller via un beau sentier panoramique et à nouveau la Croix des Missions, après un magnifique circuit de 3h30 riche en souvenirs  historiques récents ainsi qu'en traces plus lointaines, voire d'origine mystérieuse.

A signaler le retable de l'Eglise Saint Jean Baptiste de Buhl (Voir ici ), classé depuis 1967 parmi les monuments historiques. 
Ce retable, représentant la Passion du Christ, peint aux alentours de 1500, retourna à Buhl en 1971 après une histoire particulièrement mouvementée.
Ce retable, attribué à l'école de Martin Schongauer, est le dernier d'Alsace à ne pas être exposé dans un musée.

mardi 10 avril 2012

Massenet au Met : une formidable "Manon"!


Une formidable "Manon" que cet opéra de Massenet transmis depuis le Met de New York et vu, ce 7 Avril, au Kinépolis de Mulhouse.

Formidable, cet opéra, d'après le roman de l'Abbé Prévost, écrit en 1884.
L'enthousiasme suscité par cette oeuvre incitera Puccini à s'inspirer de Massenet, son aîné, en écrivant en 1893 son premier succès : Manon Lescaut, que j'apprécie particulièrement.

Formidable,  la mise en scène de Laurent Pelly, la direction musicale de Fabio Luisi, et surtout la prestation d' Anna Netrebko (soprano) dans le rôle titre !

Netrebko et Beczala dans Manon

Une voix vraiment exceptionnelle, mise encore plus en valeur par une présence scénique vivante, ensorcelante, magique (malgré quelques difficultés dans la prononciation du français).


Anna Netrebko sait traduire et interpréter à merveille toutes les facettes de la séduction féminine, voulues par Massenet avec sensibilité et sensualité...de l'insouciante jeune fille à la femme vénale puis à la femme brisée du tragique dénouement.


Le Chevallier Des Grieux, interprété avec brio, force, et conviction par Piotr Beczala (ténor) a su nous transmettre tout le charme romantique de ce héros tourmenté.

Je vous renvoie avec plaisir à la note très complète sur le blog de JCMemo ici.

Ecoutez cependant  ici la scène extraordinaire qui se déroule à Saint Sulpice!

samedi 7 avril 2012

Hanokh Levin : "Comme elle est grande, la petitesse humaine"


Jeudi soir, à la Comédie de l'Est, à Colmar, en Alsace, une petite pièce de Hanokh Levin (1943-1999) nous est allé droit au coeur : "Menschel et Romanska".

Il s'agit là d'une production de la Comédie de Caen, mise en scène par Olivier Balazuc et interprétée de façon fine et très juste par Daniel Kenigsberg, magnifique conteur.

Menschel et Romanska, pièce tirée d'une nouvelle de Hanokh Levin, figure majeure du théatre israélien contemporain, qui nous a laissé entre autres une cinquantaine de pièces de théâtre, est un petit bijou qui nous fait rire, et nous trouble, en ce qu'elle nous tend un miroir, où nous retrouvons des bribes de notre propre existence.


Hanokh Levin

Voir ici la biographie de Hanokh Levin.


Les personnages de Levin, tels Menschel et Romanska suent sang et eau pour tenter d'exister, de vivre, tout simplement.


L'auteur  raconte leur combat, qui semble perdu d'avance.
Chacun de nos deux personnages est plongé, englué, dans une médiocrité qui semble sans espoir : Menschel, le "petit homme" tente de dépenser le moins possible, tandis que Romanska, laide à faire fuir les conquêtes, s'essaye à soutirer le plus d'argent possible de son compagnon du moment, lors d'une soirée tragique et cruelle.


Ils dépensent leur énergie vitale en de vaines mesquineries, car, comme le dit Hanokh Levin : "Il est là, le terrible paradoxe : qu'elle est grande, la petitesse humaine!".


Le metteur en scène et l'acteur ont choisi la forme objective de la conférence, de la pseudo démonstration scientifique, qui s'efface très rapidement derrière la richesse et l'humour incroyable de l'écriture et du récit : un récit tragique, émouvant, truculent, tendre, témoin de la maladresse, de la bassesse et de la faiblesse de Menschel et de Romanska.


Un texte tragique et tendre qui témoigne du désir de s'en sortir, malgré tout, en retrouvant si nécessaire l'âge de l'enfance, du commencement, où tous les hommes se ressemblent, tous pleins d'attentes et de sourires confiants.


Menschel

Voir Olivier Balazuc et Daniel Kenigsberg  ici !