vendredi 29 janvier 2021

Carlos Gardel : le chant nostalgique du tango

 

Suite à ma note (ici) rendant hommage au légendaire danseur de tango Juan Carlos Copes, qui nous a quittés le 16 janvier 2021, je ne pouvais pas ne pas évoquer un autre mythe argentin, le chanteur-compositeur Carlos Gardel.

Carlos Gardel serait né en 1890 à Toulouse, ... ou en Uruguay,  et est mort en 1935, à 44 ans, au sommet de sa gloire, en Colombie, près de Medellin, dans l'accident d'un avion où il avait pris place.

Carlos Gardel
1890-1935
Photographie colorisée de 1933


Carlos Gardel, déjà une légende de son vivant, est devenu un mythe après sa mort : il est en effet considéré comme la figure la plus importante du tango de la première moitié du XX° siècle.

Son oeuvre et sa voix sont d'ailleurs classés "Mémoire du Monde de l'Unesco" depuis 2003, qui présente officiellement l'artiste comme "un chanteur argentin né en France".

Quoiqu'il en soit, Carlos Gardel appartient désormais au monde entier.

La qualité de sa voix et sa mort prématurée sont les éléments qui feront de lui un Mythe populaire.


Sa voix a attiré tous les publics, et son charme et sa prestance ont fasciné les femmes, tant il était chaleureux et séduisant.

Carlos Gardel incarne désormais le Tango!

Certaines de ses chansons ont été composées pour des films dans lesquels il chantait ou jouait.


Certains titres comportent des changements de tempo en fonction des sentiments qui se dégagent.


Mais le tango argentin garde une liberté de rythme qui lui est propre et qui fait son charme et sa sensualité.

Les musiques et les danses de la communauté noire issue de l'esclavage dans la région du Rio de la Plata constituent l'un des piliers fondamentaux de la genèse du tango, le nom lui même étant d'origine afro-américaine.

Le négrier appelait "tango" le lieu où il parquait les esclaves avant l'embarquement.

Quand les esclaves noirs avaient fini de travailler, ils criaient "Tango!" et se mettaient à danser. 

Les rythmes et les pas viennent également des figures du candombe, un genre musical qui s'est développé dans la région de l'Uruguay, et qui trouverait son origine dans les rythmes de l'Afrique Bantoue.

Scène de candombe a Montevideo
dans les années 1870

Les argentins ont repris cette danse.

A l'aube du XX° siècle, en période d'immigration massive, les femmes étaient rares, et ce sont surtout les hommes qui dansaient le tango entre eux, le tout sur fond de nostalgie du pays éloigné, de pauvreté, du désir inassouvi.

Hommes s'entrainant à danser le tango dans
une rue de Buenos Aires avant d'aller au bal

L'ethnomusicologue Michel Plisson s'amuse à résumer le résultat de ce métissage qu'est le tango :"Une rythmique afro, des musiciens italiens jouant sur des instruments allemands, des mélodies d'Europe de l'Est, avec des paroles qui viennent des zarzuelas espagnoles."

Quoiqu'il en soit, on peut dire que l'alchimie du tango s'est produite dans les bas-fonds et les bordels de Montevideo et de Buenos Aires.

A noter que l'une des plus belles salles de danse à Paris, le Bal à Jo, rue de Lappe, dans le 11°, fut décoré en mode kitsch et dédié à la mémoire de Carlos Gardel, en 1936. 

Cette salle est toujours fréquentée et a gardé sa décoration d'origine.

L'entrée du Bal à Jo

On y danse encore le tango argentin.


Ecouter ici "Volver" ("Le Retour", 1935).

Ici : "Por una cabeza" (1935).

Ici : "La Cumparsita".

Ici : "Adios Muchachos".

Ici : "Mi noche triste".

Et , dans le film "Cuesta Abajo" de 1934.

Statue de Carlos Gardel à Toulouse


vendredi 22 janvier 2021

Etats-Unis : les nouveaux symboles du Bureau Ovale

 

Joe Biden a pris possession de la Maison Blanche et du Bureau Ovale, qu'il a redécoré, y ajoutant des éléments à la symbolique forte.


Comme à chaque changement de Président, la décoration change, et le nouvel élu apporte sa touche personnelle.

Joe Biden va régulièrement inviter la Presse dans ce Bureau Ovale, dans un but de transparence. 

Et déjà les journalistes présents hier lors de la signature de nombreux décrets n'auront pas manqué de remarquer quelques changement hautement symboliques apportés dans la décoration, depuis la fin de la désastreuse présidence Trump.

Tout d'abord Joe Biden a fait ôter un portrait d'Andrew Jackson, septième Président des Etats-Unis, un populiste aujourd'hui largement décrié pour son soutien à la déportation des Amérindiens à l'Ouest du Mississippi et à l'esclavage, et auquel Trump s'identifiait.

Andrew Jackson
1767-1845

A sa place, Biden a fait installer un portrait de Benjamin Franklin, un des Pères Fondateurs, et un grand scientifique, un choix loin d'être anodin en période de pandémie ...

Benjamin Franklin
1706-1790

Benjamin Franklin est non seulement l'un des Pères Fondateurs, un abolitionniste, mais aussi un imprimeur, un éditeur, un écrivain, un naturaliste, un chercheur et un scientifique connu pour être, entre autres,  l'inventeur du paratonnerre.

La science et les faits entrent à la Maison Blanche : quel contraste avec l'ère désastreuse des "faits alternatifs"!

Le nouveau Président a également fait installer des portraits et des bustes de personnalités dont le combat l'inspire, comme Martin Luther King, Rosa Parks, ou encore Franklin Delano Roosevelt.

Martin Luther King
1929-1968


Un Bureau Ovale qui ressemble à l'Amérique.

Rosa Parks
1913-2005


Rosa Parks est devenue célèbre le 1° Décembre 1955 à Montgomery (Alabama), en refusant de céder sa place à un passager blanc dans un bus.

A la suite de son emprisonnement, Martin Luther King lance une campagne de protestation et de boycott qui durera 380 jours.

Le 13 novembre 1956, la Cour Suprême des Etats-Unis déclare les lois ségrégationnistes dans les bus anticonstitutionnelles.

Mais ce qui frappe encore plus, c'est un buste de Cesar Chavez, qui trône derrière le bureau présidentiel, au milieu des photos de la famille Biden, avec, entre autres, une photo de son fils Beau, décédé d'un cancer en 2015 à 46 ans.

Cesar Chavez
1927-1993

Cesar Chavez est un défenseur des Droits de l'Homme, d'origine mexico-américaine, dirigeant syndical et militant des droits civiques.

Né dans la ferme familiale, près de Yuma, en Arizona, Chavez a été témoin des conditions de travail difficiles endurées par les ouvriers agricoles, qui, souvent n'avaient pas de salaire.



En échange de leur travail, ils étaient logés dans des taudis, sans installations sanitaires ni médicales.

Chavez a créé la "National Farm Workers Association"et a ainsi obligé les employeurs à accorder aux ouvriers des salaires convenables et d'autres avantages.

Son cri de ralliement en 1972 a été :  Si se puede, repris par Obama lors de sa campagne de 2008 : Yes we can. Obama a déclaré le 31 Mars "Cesar Chavez Day".



Chavez a reçu à titre posthume la "Médaille Présidentielle de la Liberté", la plus haute décoration civile aux Etats-Unis.

Que de symboles d'une "autre Amérique", bien réelle, celle-là.

Pour la petite histoire : a disparu également du "Resolute Desk", le fameux bouton rouge, qui n'était pas le bouton rouge nucléaire, mais celui qui permettait à Trump de se faire servir à la seconde un Coca Light sur un plateau d'argent ... symbole d'une époque qui, nous l'espérons, sombrera dans les oubliettes de la Grande Histoire.



dimanche 17 janvier 2021

Argentine : le légendaire danseur de tango Juan Carlos Copes est mort

 Juan Carlos Copes est mort le 16 janvier 2021, à 89 ans, des suites du Covid-19.


Né le 31 mai 1931 à Buenos Aires, Juan Carlos Copes avait fait connaitre le tango comme un style chorégraphique à part entière et avait amené cette magnifique danse populaire jusque sur les grandes scènes internationales: ici.

Il avait formé un couple de tango légendaire avec Maria Nieves: ici.

Juan Carlos Copes et Maria Nieves
les plus célèbres danseurs
de la légende du tango argentin

Ils avaient étés mariés de 1964 à 1973, mais ils avaient continué de danser ensemble jusqu'en 1997.

Un film a été réalisé en 2015, consacré à l'histoire tumultueuse de ce couple légendaire, par German Kral, poulain de Wim Wenders, qui en est le producteur.

Visionner ce film ici (en espagnol).


Sa fille Johanna a suivi les traces de son père et a été pendant près de vingt ans sa partenaire de danse.

Au cours des dernières années, le tango a connu un nouvel essor dans le monde entier. 

Régulièrement des centaines de milliers de personnes pratiquent cette danse.

Pourquoi le tango fascine-t-il autant ? Que recherchent les danseurs dans la dramaturgie intérieure du tango ?


On y trouve l'éventail de toutes les passions humaines, et une intensité émotionnelle souvent absente de la vie quotidienne.


Mais également, danser le tango permet de se dévouer à son (sa) partenaire sans renoncer à sa propre individualité.


Voir ici , ici et .


Sa fille Johanna Copes : "Tout est allé très vite, mon père est mort ... Il brillera toujours au milieu des étoiles et pour toujours dans l'histoire du tango dansé!"


vendredi 15 janvier 2021

Jazz : Hommage à Howard Johnson, virtuose du Tuba

 

Le célèbre musicien de jazz Howard Johnson nous a quittés le 11 Janvier 2021, à New-York, à 79 ans : ici, et .

Il s'était illustré par sa maîtrise du Tuba, un instrument peu courant dans le milieu du jazz, et était devenu une véritable référence du jazz américain.


Tubiste, mais aussi clarinettiste basse et saxophoniste baryton, Howard Johnson a fait connaître toute l'étendue de son talent sur les scènes des clubs de jazz américains, en collaboration avec Quincy Jones, Dizzie Gillespie, John Lennon, Paul Simon et beaucoup d'autres.



Il était né le 7 Août 1941 à Montgomery, en Alabama, et avait commencé, en autodidacte, en 1954, le saxophone baryton, avant de se mettre au tuba un an plus tard.

Il fut le premier à faire du tuba un instrument soliste virtuose, ce qui lui a valu d'être accueilli en 1964 dans le workshop de Charles Mingus et dans le septette de Bill Dixon.

Il collabore entre autres avec Miles Davis, Archie Shepp, Gil Evans, Michel Portal, Marvin Gaye, ...

Dans Jazz Magazine, en mars 1976, ce natif d'Alabama déclarait :

"Il y a toujours eu dans la communauté noire une sorte de vénération pour les sons graves. Dans les groupes de gospel, la voix de basse a toujours eu un statut particulier.

L'origine de cela remonte au temps de l'esclavage, quand les propriétaires d'esclaves ne supportaient pas que les hommes noirs leur parlent avec une voix grave.

Et les esclaves savaient que cela irritait les maîtres.

Aussi, même après l'esclavage, les Noirs qui n'avaient pas peur des Blancs, parlaient souvent ainsi d'une voix grave.

D'où cette attitude respectueuse de la société noire pour les sons noirs.

Et c'est ce que manifeste mon choix instrumental."


Ecouter ici Gravity.
Ici  The Last Waltz au Lincoln Center en 2016.
Dans "So fine" : ici.