samedi 31 décembre 2016

Comédie musicale : 42nd Street : éblouissant!


Mardi 27 décembre nous avons assisté avec un grand bonheur, au Théâtre du Châtelet à Paris, à l'éblouissante comédie musicale 42nd Street : un spectacle pétillant, émouvant, rechargeant les spectateurs d'une joie communicative!

Nous avons passé un moment magique avec cette oeuvre pleine de charme.


42nd Street raconte la préparation d'un spectacle qui se déroule peu après la crise financière de 1929.
En 1933, à New York, le milieu du spectacle a été durement touché par la dépression et un metteur en scène, Julian Marsh espère retrouver une place éminente à Broadway grâce à sa nouvelle comédie musicale Pretty Lady.


Ce producteur mise tout sur ce nouveau show, mais la vedette féminine se blesse lors d'une répétition.
Le spectacle sera sauvé grâce au talent d'une jeune choriste de la troupe, Peggy Sawyer...

Sur cette intrigue se greffent des numéros chantés et dansés tout à fait éblouissants, accompagnés de scènes de claquettes à couper le souffle!


Le Théâtre du Châtelet nous a offert un feu d'artifice exceptionnel avant sa fermeture pour 30 mois de travaux et le départ de Jean-Luc Choplin.

Le Châtelet n'a pas lésiné sur les moyens mis en oeuvre pour inoculer aux spectateurs une décharge durable de bonheur.


42nd Street est une déclaration d'amour à Broadway, son élégance, sa déraison, ses crises de nerfs et ses miracles.

Ce magnifique spectacle est un hommage au chant, à la danse, et, bien entendu, aux claquettes!


Il s'agit là d'une version révisée de 2001, avec une mise en scène et une chorégraphie de Stephen Mear. La direction musicale était assurée par Gareth Valentine, les décors et costumes par Peter McKintosh et les lumières par Chris Davey : le tout pour concourir à une comédie musicale totalement maitrisée.

Les interprètes principaux :
Julian Marsh : Alexander Hanson; Dorothy Brock : Ria Jones; Peggy Sawyer : Monique Young; Billy Lawlord : Dan Burton...

Monique Young, interprète de Peggy Sawyer, l'héroïne du show

Les décors rutilants, les costumes à paillettes, les numéros de claquettes virtuoses ont fait de cette ultime incursion du Châtelet sur les terres de Broadway, un extraordinaire feu d'artifice!

Voir ici la bande annonce du spectacle.


vendredi 16 décembre 2016

Opéra : L'Amour de Loin : intéressé mais pas touché



Nous sommes allés voir samedi 10 décembre l'Opéra "L'Amour de Loin", retransmis en live depuis le Met à New-York.


C'était autant pour découvrir une nouvelle mise en scène de Robert Lepage, qui nous avait tellement subjugué en octobre 2010 avec l'Or du Rhin, que pour découvrir l'oeuvre de la compositrice finlandaise Kaija Saariaho, ainsi que le livret  d'Amin Maalouf

Le Prince de Blaye, Jaufré Rudel, est las des plaisirs qu'offre la vie aux personnages de son rang. Il désire vivre un amour différent, auquel il s'était interdit de croire.
Ses amis le rejettent, lui expliquant que la femme qu'il imagine n'existe pas...
Mais un pèlerin, arrivé d'un pays lointain, lui assure qu'une telle femme existe et qu'il l'a rencontrée.
A partir de cet instant, toutes les pensées de Jaufré vont à cette femme...

Kaija Saariaho


Robert Lepage
J'ai donc été intéressé à plusieurs titres par cet opéra contemporain, mais jamais touché.

La mise en scène repose sur un ensemble de câbles lumineux qui changent de couleur en permanence et évoquent les mouvements de la mer.

Quelques pirogues et une curieuse passerelle fort peu poétique circulant sur des rails complètent l'ensemble.


La création musicale était accessible, bien interprétée sous la direction de Susanna Mälkki.

Le livret d'Amin Maalouf m'a par contre déçu de par  une certaine superficialité dans l'expression des sentiments des deux partenaires, mais je serais curieux de lire son livre :


Eric Owens m'a également déçu, dans le rôle du troubadour Jaufré, n'ayant pas le physique de l'emploi, et sa voix chaude et puissante n'étant pas, à mon goût, appropriée pour ce rôle.


Eric Owens (ici) avait été pour moi une révélation dans le rôle d'Alberich, dans l' Or du Rhin avec l'extraordinaire mise en scène de Robert Lepage en oct 2010 (), rôle qui lui allait comme un gant.

J'ai bien aimé par contre l'interprétation du rôle de Clémence par Susanna Phillips.
Je l'avais appréciée dans Cosi fan tutte en 2014 : ici.

Susanna Phillips et Eric Owens
Mais c'est surtout l'interprétation du Pèlerin par la mezzo-soprano américaine Tamara Mumford et ses superbes modulations vocales, qui a dominé l'ensemble de cet opéra.

Le Pèlerin (Tamara Mumford)
Tamara Mumford
En résumé :  une certaine curiosité de ma part, pas vraiment d'ennui (mais tout juste!) et je n'ai été touché, ni par la mise en scène, ni par l'ensemble de l'oeuvre...

Je partage donc dans l'ensemble le point de vue de JCMemo (ici) et comme lui, j'avais beaucoup plus apprécié une autre oeuvre contemporaine :  La Tempête de Thomas Ades (ici).

jeudi 8 décembre 2016

Birkenfels, en Alsace : le château d'un vassal qui voulait copier les nobles


Lors d'une randonnée en Alsace, dans le Bas-Rhin, qui nous a mené du côté d' Obernai (ici), vers la commune d'Ottrott et le Mont St Odile, nous avons découvert un nouveau château, classé Monument Historique depuis 1984 : le Château du Birkenfels, situé à 683m d'altitude.

Le Donjon du Birkenfels

L'Alsace regorge en effet de dizaines de ruines de châteaux en plus ou moins bon état, qui témoignent d'une histoire mouvementée et de la volonté de puissance de princes, de nobles et d'évêques... et même de leurs vassaux.

Le Château du Birkenfels témoigne, en effet, des ambitions de Burkhard Beger, Schatzmeister (Trésorier ou ministériel, ou chevalier-serf, en tout cas un vassal) de l'évêque de Strasbourg.

Nous avons ici le cas exceptionnel d'un château résidentiel qui n'a aucun caractère stratégique.


La famille Beger souhaitait ainsi matérialiser ses rêves de grandeur en copiant les constructions des princes et des nobles auxquels ils rêvaient d'appartenir.


L'évêque de Strasbourg s'était emparé illégalement du domaine d'Obernai et avait poussé deux familles vassales, les Beger et les Kagen, à y construire deux châteaux dans la forêt.

Le Birkenfels a ainsi été construit vers 1260 par les Beger sur le domaine d'Obernai, une terre impériale sur laquelle ni les Beger, ni l'évêque de Strasbourg n'avaient de droits...



Par ailleurs, la famille des Kagen construisit  dans le même massif forestier, à partir de 1262 le petit Château du Kagenfels : voir ici.

Le Château du Kagenfels

Cette appropriation eut lieu pendant la période d'affaiblissement de la puissance impériale, appelée le Grand Interrègne, période entre 1250 et 1273, durant laquelle le Trône Impérial du Saint Empire Romain Germanique était vacant, résultat de la lutte victorieuse de la Papauté contre la dynastie des Hohenstaufen...

Entrée du Birkenfels


Rodolphe de Habsbourg fut finalement élu Empereur en 1273, avec l'aval du Pape Grégoire X, ce qui mit fin au Grand Interrègne, .

La première mention de ce Château du Birkenfels date de 1289 quand Rodolphe de Habsbourg  décida de régulariser cette occupation illégale du terrain contre un loyer annuel ... d'une livre de cire payable à la chapelle de la Vierge d'Obernai...

Gisant de Rodolphe de Habsbourg dans
la Cathédrale de Speyer (Spire)

Le château fut incendié au XIV° siècle, restauré au XV° siècle.
Il appartint aux Beger jusqu'en 1532.

Il tomba en ruines après la Guerre de Trente ans qui a déchiré l'Europe de 1618 à 1648 : voir ici.

La Guerre de Trente ans
vue par Jacques Callot
La ruine, qui appartient désormais à la ville d' Obernai, et que nous avons pu visiter est 'relativement' bien entretenue.

Obernai

En effet, de nombreux chantiers de travail et d'importantes opérations de restauration ont été entrepris sur les murs et le donjon de l'édifice, par l'Association pour la Conservation et la Rénovation du Château du Birkenfels depuis 1983.


dimanche 4 décembre 2016

Photographie : Josef Sudek, à Prague : "Le monde à ma fenêtre"


La veille de notre départ pour l'Ouest américain cet été, nous avons pris le temps d'aller au Musée du Jeu de Paume, à Paris, admirer la magnifique exposition consacrée au photographe tchèque Josef Sudek, l'un des plus grands du XX° siècle.

Josef Sudek en action

Josef Sudek, né en 1896 à Kolin, en Bohème, alors province de l'Empire Austro-Hongrois, est mort à Prague en 1976.

Relieur de formation, il photographie en amateur dès 1913.

Appelé à combattre pendant la Grande Guerre, il est blessé par une grenade, perd son bras droit et décide alors de se consacrer totalement à la photographie.


L'exposition "Josef Sudek. Le monde à ma fenêtre" au Musée du Jeu de Paume, à Paris, célèbre l'oeuvre d'un artiste souvent présenté comme le plus important photographe tchèque, surnommé "le poète de Prague".

Josef Sudek, autoportrait

Après des débuts où il manifeste de remarquables compétences pictorialistes et de grands talents modernistes, Josef Sudek développe à l'aube des années 1940 un style singulier qui se détourne des conventions propres à ces "mouvements".


Josef Sudek a su réaliser des photographies empreintes de sentiment et inspirées par son vécu quotidien, à Prague.

Dans les modestes objets qui l'entouraient et dans les lieux qu'il fréquentait autour de chez lui, il trouvait à la fois une grande beauté et une bouleversante désolation.

Arpenteur inlassable de Prague, il avait son atelier dans le quartier historique de la ville, non loin du fameux château qui inspira Kafka...

Aux heures ambigües où le jour et la nuit s'entremêlent, Sudek a su saisir les nuances les plus subtiles de gris et les jeux de lumière.

Ses images vivent dans une aube ou un crépuscule d'ailleurs...

L'attrait de Josef Sudek pour l'obscurité coïncide avec l'occupation de Prague par les nazis dès mars 1939...
Dans une ville plongée de force dans le noir, il explore les possibilités techniques et esthétiques offertes par l'absence de lumière.




"J'accorde beaucoup d'importance à l'instinct. 
L'homme ne devrait jamais sous estimer cette importance et ne devrait jamais vouloir tout savoir en même temps. Si jamais il y parvenait, il perdrait son instinct et il saurait tout."






Josef Sudek est un magicien de l'ordinaire ; c'est aussi le maître des jardins, des parcs, des paysages...

Sa passion pour sa belle ville de Prague était dévorante et toute sa vie il va arpenter avec ferveur cette ville-labyrinthe.




Josef Sudek devint le photographe de l'élémentaire et des choses simples...



Admirable! Son regard sur les choses et la vie me touche profondément...

Voir ici la video de présentation de l'exposition au Jeu de Paume.
Voir ici une video "A photographer who devoted his life to beauty".
Voir ici d'autres photographies sur ce diaporama.


vendredi 2 décembre 2016

Randonnée en Forêt-Noire, sur les traces de la Guerre des Paysans


Lundi 28 novembre, par une belle journée froide mais ensoleillée en cours de journée, poursuivant notre exploration de la Forêt-Noire, nous avons entrepris le tour du Schönberg, au départ de Wittnau.

Wittnau est situé à 5km au sud de Freiburg, non loin du village de Pfaffenweiler , point de départ d'une autre randonnée récente (ici).

Wittnau

Le Schönberg est un petit massif montagneux qui culmine à 645m, dont la ligne de crête s'incline doucement au nord vers les faubourgs sud de Freiburg.

Massif du Schönberg

Lors de cette petite randonnée (7km, 3h et 290m de dénivelé), nous avons admiré une succession de panoramas agréables, de charmantes clairières et de vignobles avec, au loin, les "géants" locaux : les Kandel, Schauinsland, Belchen,... après dissipation des brumes matinales.



Lors de cette randonnée, nous avons eu également de beaux aperçus sur Freiburg et le pays fribourgeois.


Dans la forêt, un cadre suspendu aux arbres permet
de "cadrer" le Munster de Freiburg
Freiburg en contrebas

Vers l'Ouest, aux pieds du Schönberg murissent en saison le pinot noir, le Müller Thurgau et le Riesling du vignoble d' Ebringen. Voir ici le Winzerhof.

Ebringen

L'intérêt de ce circuit fut la montée aux ruines du château du Schneeburg.

Vue panoramique du Schneeburg

Bâtie au XIII° siècle par les Seigneurs de Hornberg, cette citadelle fut détruite vers 1525 lors de la Guerre des Paysans Allemands (Deutscher Bauernkrieg).




Cette guerre est un conflit qui eut lieu dans le Saint Empire Romain Germanique entre 1524 et 1526 dans les régions de l'Allemagne du Sud, de la Suisse, de la Lorraine allemande et de l'Alsace.

On l'appelle aussi, en allemand, le Soulèvement de l'Homme Ordinaire (Ehrebung des Gemeinen Mannes), ou, en français, la Révolte des Rustauds. Voir ici.

Frÿheit : Liberté!

Cette révolte a des causes religieuses, liées à la Réforme Protestante, et sociales (conditions de soumission et de vie), dans la lignée des insurrections qui enflammaient régulièrement le Saint Empire.


On estime qu'environ 300 000 paysans osèrent se révolter contre leurs seigneurs et que 100 000 furent tués!

La révolte des paysans sera prolongée en 1534-1535 par la Révolte des Anabaptistes de Münster : ici.

Ces paysans n'exigeaient pourtant qu'un allègement de leurs conditions de vie, et de plus, dans un contexte de réforme religieuse.


Leurs revendications étaient rassemblées dans un document connu comme le "Manifeste des 12 articles" du 20 mars 1525 : voir ici.

Nous avons poursuivi notre randonnée, après la visite du Schneeburg, sur de beaux sentiers forestiers illuminés d'une magnifique lumière rasante de fin d'après midi.


Voir ici une visite aérienne des ruines du Schneeburg (merci les drones...).