dimanche 31 juillet 2011

Suisse : à pied sur le Walserweg, dans les Grisons

Encore une randonnée magnifique : 5 jours passés en Suisse, dans les hautes vallées du Canton des Grisons, à suivre une partie du Walserweg, le "Chemin des Valaisans", un chemin historique aux paysages naturels et culturels époustouflants.

Ce sentier comporte 19 étapes, soit 300km.
Les 5 étapes que nous avons parcourues nous incitent à poursuivre notre découverte!

Mais tout d'abord, un rappel.

Le Canton des Grisons (GR), Graubünden en allemand, Grischun en romanche et Grigioni en italien, est le plus grand et le plus oriental des cantons de Suisse.
Ce nom fait référence à l'origine du canton sous la forme de trois alliances locales, les ligues grisonnes (ligues grises) regroupant la Ligue de la Maison-Dieu, la Ligue des Dix-Juridictions et la Ligue Grise.
La capitale en est Coire (Chur en allemand).


Ce canton est quasi entièrement montagneux, comprenant les hauts plateaux des vallées du Rhin et de l'Inn.

L'altitude des Alpes grisonnes est élevée, et culmine au Piz Bernina (4049m).



Les chaînes de montagne sont parmi les plus profondes d'Europe : c'est le paradis des randonneurs...et tout un monde de dénivelés.


Mais alors, qui étaient les "Walser" (Contraction de Walliser, ou Valaisans) dont nous avons suivi la trace?
Un peuple germanophone, venant de l'Oberland bernois, qui a colonisé vers l'an mille la vallée de Conches (Goms en allemand), dans le Haut Valais.

Après avoir colonisé la vallée supérieure du Rhône, une partie d'entre eux a commencé, vers 1270, à migrer dans toutes les directions (Suisse, Italie, Lichtenstein, Autriche).

Ces Walser se sont installés en haute altitude, à plus de 1500m, dans des régions inhospitalières et inhabitées, formant de nombreuses petites communautés parlant généralement le Walsertitsch, un dialecte alémanique.


Le peuplement des Walser se caractérise par un habitat dispersé et des maisons en bois reconnaissables entre toutes.

Ils se sont installés en particulier dans le Rheinwald (région de Splügen), le Safiental et la région de Vals, où nous nous sommes "aventurés".

Partis de San Bernardino (dans le Tessin), nous avons rejoint Hinterrhein par le paysage glaciaire du Passo del San Bernardino (2065 m), en 3h40 et 640m de dénivelé positif, en suivant les balises 35 des itinéraires suisses : voir ici.

C'est par ce col même que les premiers colons Walser arrivèrent dans les Grisons.

Le Walserweg historique nous a ensuite mené d' Hinterrhein jusqu'au col du Valserberg (2504 m), puis à Vals en 5h50 et 1050m de dénivelé positif.


Notre 3° étape : Vals -Turrahus nous a fait admirer des paysages grandioses malgré le temps "variable"tout au long des 5h30 et des 1250m de dénivelé positif, en franchissant le Tomülpass (2412 m).

Ensuite ce fut Turrahus - Safien Platz, (2h55 et 320m de descente) puis montée au Col du Glasspass (1846 m)...sous la pluie, soit 3h et 900m de montée. Nous avons admiré les belles bâtisses en bois aux toits de bardeaux ou de lauzes et les fameuses clôtures inclinées.


Notre dernière étape nous a mené du Col du Glasspass à Thusis, gros bourg des Grisons chargé d'histoire, par une descente agréable de 3h.

Durant des siècles, les habitants du Safiental randonnèrent avec bétail et marchandises par le Glasspass jusqu'à Thusis ; nous marchions aussi dans leurs traces!



Une très belle randonnée comme nous les aimons : sportives mais aussi historiques, nous menant à la découverte de la faune, de la flore et des habitants de ces hautes vallées des Grisons, à l'origine toujours mystérieuse.



samedi 23 juillet 2011

Le photographe pictorialiste et cinéaste Karl Struss exposé à Fort Worth




Lors de mon passage en mai de cette année au Texas, à Fort Worth, j'ai pu visiter également "The Amon Carter Museum", non loin du Kimbell Museum, dont j'ai déjà parlé ici.


"The Amon Carter Museum of American Art "nous offrait, entre autres, à l'occasion de ses 50 ans, une très belle exposition intitulée "Masterworks of American Photography: Artistic Communities".



Y étaient exposées des oeuvres remarquables des photographes américains Carlotta Corpron, Nell Dorr, Laura Gilpin, Eliot Porter, Erwin E Smith, et Karl Struss.
L'oeuvre exposée de Karl Struss m'a particulièrement frappé, compte tenu de mon intérêt pour les photographes pictorialistes, tels que Heinrich Kühn (dont j'ai parlé ici).



Karl Struss (1886-1981) s'est intéressé à la photographie dès l'âge de 17 ans.
Il a ensuite étudié à l'Université Columbia, à New York, avec Clarence H White.
Dès 1909 il met au point un "objectif pictorialiste" (Struss Pictorial Lens) qui introduit un léger flou et qui fut immédiatement très populaire auprès des artistes photographes de l'époque.




Il fut repéré par Alfred Stieglitz, qui publia huit de ses photographies dans le numéro d'Avril 1912 de sa fameuse revue "Camera Work" (Voir ici)
Karl Struss fit dès lors partie du Mouvement "Photo-Sécession" lancé par Stieglitz.

En 1916 il contribua à la fondation du Mouvement PPA (Pictorialists Photographers of America).

La photographie, inventée en 1839, fut tout d'abord considérée comme un procédé technique et scientifique capable de capter la réalité visible, mais bien indigne de faire partie des "Arts".


Le "Pictorialisme " fut, dès 1886 la toute première école de photographie qui allait tenter de revendiquer la position artistique du medium et de faire admettre la photographie parmi les "Beaux-Arts".

A noter pour la petite histoire que le mouvement pictorialiste se positionna vigoureusement en 1888 contre le premier appareil de marque Kodak dont le slogan était "You press the button, we do the rest."!

Après la I° Guerre Mondiale, Karl Struss devint directeur de la photographie à Hollywood et travailla avec des réalisateurs comme Cecil B DeMille ( entre autres pour Ben Hur), puis, plus tard avec Charlie Chaplin (Limelight).

A noter que Karl Struss fut le premier photographe pictorialiste à s'attaquer à des sujets dits "modernistes".


Voir Mon site Photos

mercredi 20 juillet 2011

8 jours à pied dans le Parc du Mercantour et ses Merveilles


Un peu de silence, en effet, sur ce blog, pour cause de...randonnée! Etonnant, non?
Je suis retourné, à nouveau, avec deux amis, grands marcheurs devant l'Eternel, dans cette région que j'apprécie particulièrement : le Parc National du Mercantour, dans les Alpes Maritimes (Parc créé en 1979).


Je "fréquente" en effet ces montagnes depuis 40 ans, c'est tout dire, et il y a encore de quoi faire : 600km de sentiers!



On y trouve des paysages magnifiques de haute montagne, marqués par l'érosion glaciaire et karstique et émaillés de très beaux lacs, qui font la joie des randonneurs.
Ces paysages étonnants, à l'ambiance minérale, sont dominés par les 2872m du majestueux et énigmatique Mont Bégo, la montagne sacrée des pasteurs de l'âge du bronze.

L'empreinte de l'homme est partout présente dans ces cirques glaciaires depuis l'âge du chalcolitique et du bronze ancien, en particulier dans la Vallée des Merveilles et le cirque de Fontanalbe.
Près de 40 000 gravures rupestres s'y étalent sur des rochers ocres polis par les glaciers, les "ciappe", depuis 3000 ans avant notre ère.


Ces gravures mystérieuses suscitent nombre d'interrogations.


Des réponses précises et passionnantes nous sont apportées dans le beau"Musée des Merveilles" de Tende (Haute Vallée de la Roya, Alpes Maritimes). Elles représentent des animaux à corne, des armes, des êtres humains. Leur interprétation reste délicate, mais fait généralement référence à des préoccupations religieuses.
Nous avons pu également admirer, lors de cette semaine de randonnée magnifique, aux forts dénivelés et aux longues marches d'approche, une grande diversité de faune et de flore. On y rencontre chamois, bouquetins hermines et marmottes ; les loups y ont été réintroduits en 1993, au grand dam des bergers... Le temps n'était pas vraiment au grand beau fixe, mais nous n'avons pas eu à subir les orages qui souvent menacent et éclatent dans la zone du Mont Bégo, et qui ont suscité la crainte de nos ancêtres et contribué à cette aura de mystère qui enveloppe la Vallée des Merveilles.


Si vous aimez la montagne sauvage et mystérieuse (avec du dénivelé!) allez-y, c'est vraiment magnifique!

vendredi 8 juillet 2011

"The Kimbell Art Museum" : un merveilleux petit musée au Texas!

La nature aux Etats Unis nous offre souvent des paysages exceptionnels, sidérants, démesurés, mais aussi de vastes étendues terriblement monotones et désolées, marquées souvent par les catastrophes naturelles. Les manifestations de la nature et ses déchaînements sont eux aussi exceptionnels, démesurés, terrifiants.

Ci dessous, un incendie au Texas.


Ce qui y est également démesuré et exceptionnel, ce sont les musées, qu'il s'agisse de galeries d'art antique, africain, de peintures de la Renaissance, ou des impressionnistes.





Il en est de même pour les musées d'histoire naturelle : gigantesques, bien documentés, pédagogiques, géants, pour tout dire : il faut des journées entières pour les découvrir et l'intérêt ne faiblit pas...mais l'épuisement guette!

Tous sont des fondations privées où l'argent du business a été réinvestit avec volonté et savoir faire.

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Un petit musée déroge à ce gigantisme : le Musée Kimbell, dans le quartier culturel de Fort Worth, à côté de Dallas, au Texas.
Ce musée a été créé suite à la demande de Kay Kimbel, un industriel texan amateur d'art, d'établir un institut d'art pour le peuple du Texas.

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Nous avons étés littérallement transportés par la visite du "Kimbell Art Museum".


Un musée petit, à échelle humaine, et absolument merveilleux de par le choix des oeuvres qui y sont (bien) présentées.

Il s'y trouve relativement peu de peintures, de sculptures, mais un choix sensationnel et une très belle mise en valeur.
Déjà, l'architecture du batiment nous frappe par son originalité qui a pour effet de gérer parfaitement la lumière intérieure et de mettre ainsi les oeuvres en valeur : il a été conçu par l'architecte américain Louis Kahn (1901-1974), qui appartient à la génération qui a suivi celle des fondateurs du Modernisme (Voir ici). Des diffuseurs de lumière renvoient astucieusement la lumière naturelle depuis des fentes étroites situées au zénith.

Le Kimbell Art Museum, qui frappe le visiteur par ses grands espaces et son atmosphère paisible, a été ouvert en 1972.

Ce musée fort sympathique et convivial dispose qui plus est d'une cafétéria accueillante où nous avons (bien) déjeuné au pied d'une belle statue de Maillol, dans un patio relaxant.

Nous y sommes d'ailleurs allés deux jours de suite, c'est tout dire!-


Ce musée s'est rapidement avéré comme l'un des plus prestigieux musées des beaux arts des Etats Unis, offrant au public des oeuvres fascinantes de Picasso, Matisse, Bellini, Le Caravage, Le Greco, Rembrandt, Monet, Gainsborough, Vigée le Brun, Rubens, Mondrian, et j'en passe, mais à chaque fois une ou deux oeuvres maximum.

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A noter le premier tableau peint par Michel Ange, la "Tentation de Saint Antoine", à 13 ans (!), acquis récemment. De haut en bas : Mantegna, Cézanne, Tête d'athlète (Grèce, 365-310 av J.C.), Maillol, Michel-Ange.

mardi 5 juillet 2011

Le photographe Ansel Adams aux grottes de Carlsbad, au Nouveau Mexique

Quelle ne fut pas ma surprise, et mon bonheur, en allant visiter les fantastiques grottes souterraines de Carlsbad (Eddy County), au Nouveau Mexique, en mai 2011 d'y découvrir, dans le hall d'accueil, une exposition de photographies du grand photographe américain Ansel Adams (1902-1984) prises en 1936.
J'ai déjà écrit une note à son sujet : ici.



Le Parc National des Grottes de Carlsbad a été créé le 14 Mai 1930 par le Gouvernement américain, et Ansel Adams a visité ce site remarquable plusieurs fois entre 1933 et 1942.


Le Service des Parcs Nationaux lui avait en effet demandé de faire un reportage photographique sur les parcs - c'était la période de la dépression - afin d'encourager les visites...et les subsides du Gouvernement Fédéral.



C'est dans ce contexte qu'il photographia les grottes de Carlsbad.



Ces grottes datent de 250 à 280 millions d'années.



Elles sont situées dans les montagnes de Guadalupe, au SE du Nouveau Mexique.



Là vivaient déjà des indiens il y a 12 ou 14 000 ans.



Les 2/3 du Parc (190 km2) constituent une zone préservée afin de sauvegarder entre autres la vie et la sortie massive des chauves-souris au crépuscule.



On y dénombre pas moins de 17 espèces, dont la Free-tailed Bat, soit au total plusieurs millions d'individus!
Le visiteur peut descendre à pied ou prendre directement un ascenseur qui le mènera rapidement 230 m plus bas.



La plus grosse de la vingtaine des grandes grottes accessibles aux visiteurs (The Big Room) de ce dédale souterrain a des dimensions époustouflantes : 1219m de long, 190m de large et 107m de haut ; c'est la 3° plus grande grotte des USA.



On y dénombre au total pas moins de 116 grottes.
Il s'y trouve des formations étonnantes de stalactites, stalagmites et draperies géantes.



A noter aussi le Puits sans fond (The Bottomless Pit) que l'on disait sans fond, car en y jetant des pierres, aucun bruit de chute n'en parvenait ; on a découvert plus tard qu'il était profond de 40m et que son fond était couvert d'une couche épaisse de poussières.



L'ensemble de ces grottes est classé au Patrimoine Mondial de l'Humanité par l'UNESCO.



La ville de Carlsbad fut créée en 1888 et le Nouveau Mexique devint un Etat en 1912.


Carlsbad tire son nom de la ville tchèque de Karlsbad, maintenant Karlovy Vary.
Pour en revenir à Ansel Adams : l'obscurité des grottes et la lumière artificielle devaient fatalement heurter la sensibilité du photographe et son penchant évident pour la lumière naturelle.



De ce fait, Ansel Adams était peu satisfait du résultat et considérait ses photos des grottes de Carlsbad comme "inabouties"...pour ne pas dire ratées, au vu de sa très grande exigence technique et artistique.
Il décrit les grottes de Carlsbad comme " quelque chose qui devrait n'avoir auncun lien avec les êtres humains, quelque chose qui est aussi distant qu'une galaxie, aussi incompréhensible qu'un cauchemard...et qui est malgré tout absolument magnifique."


Ansel Adams disait aussi :"Notre temps est court, et le futur long et de façon terrifiante. Croyant, comme nous nous devons de le faire, que les choses du coeur et de l'esprit sont les choses qui durent le plus, c'est pour nous l'occasion de nous servir de l'art comme d'un instrument puissant de révélation et d'expression des mouvements et humeurs de la nature sauvage.

Avec l'objectif photographique, aussi bien qu'avec le pinceau, ou le crayon, nous possédons un moyen rapide et sûr de toucher les consciences et de clarifier les façons de voir."




Voir Mon site Photo

dimanche 3 juillet 2011

A la découverte des "swamps" en Louisiane



Mon voyage récent aux USA, à l'aventure, avec un ami, a été l'occasion de découvertes nombreuses et variées.

La découverte des "swamps" en Louisiane, par exemple, que j'hésite à traduire par "marais" ou "marécages", car c'est autre chose.


Il s'agit de zones forestières inondées (wetlands), avec de faibles profondeurs d'eau, composées principalement de variétés de cyprès d'eau, le "Bald Cypress" ou Taxodium Distichum (voir ici).


L'eau peut y être fraîche, saumâtre ou être de l'eau de mer infiltrée depuis les deltas avec la marée.

L'eau se déplace très lentement dans les swamps : elle forme des lacs ou des rivières aux multiples embranchements et méandres, tels que les bayous (du chocktaw "bayouk", signifiant sinuosité).


Dans les bayous de Louisiane, un courant très lent, non perceptible, va vers la mer à marée basse, et vers l'amont à marée haute.

Le "swamp" le plus important est justement situé au centre de la Louisiane : il s'agit du "Atchafalaya swamp", qui est un mixte de "wetlands" et de deltas de rivières se jetant dans le Golfe du Mexique.

L'un des plus beaux swamps est celui de Lac Martin, à côté de Lafayette, où j'ai séjourné 2 jours. C'est une réserve protégée.



Nous avons pu nous aventurer en barque sur le Lac Martin, guidé par un vrai Acadien (ou cajun) fort sympathique de Breaux Bridge : Norbert Leblanc, avec qui j'ai pu discuter, ayant parfois du mal à comprendre son français cajun.


Le whisky maison qu'il nous a offert de bon matin a sans aucun doute facilité la communication!


Norbert a passé sa vie dans les swamps, et il en connait les moindres recoins : c'est un vrai "cajun".
Il en connait parfaitement la flore, en particulier les lotus magnifiques, et les différentes variétés d'arbres si particuliers.


Mais il y a aussi la faune qu'il nous a fait découvrir: les alligators, les hérons, les égrettes, les ibis, les myocastors (ou coypu), les serpents venimeux (swamp mocasin, très bon nageurs).

C'est un monde du début de la création, dans lequel nous nous sommes aventurés avec étonnement, stupeur, émotion : un autre univers que celui dans lequel nous nous trouvions quelques jours auparavant : les immenses étendues texanes plantées de derricks et ravagées par les incendies.

Les bayous et les lacs tels que le Lac Lartin s'étendent sur tout le sud de la Louisiane et forment un réseau de milliers de kilomètres de boyaux navigables et d'étendues plus vastes qui sont de véritables paradis pour la faune.

Par extension, on appelle le Bayou cette grande région des swamps, en particulier dans la région de l' Acadiane.


Cet espace amphibie, que nous avons eu le bonheur d'approcher de près, est habité principalement par les cadiens, ou cajuns, tels que notre initiateur aux mystères des swamps, Norbert Leblanc ; ces cajuns francophones sont les descendants des Acadiens d'Acadie, déportés durant la seconde moitié du XVIII° siècle, en provenance de ce qui est aujourd'hui la Nouvelle Ecosse, l'Ile du Prince Edouard et le sud du Nouveau Brunswick suite à leur refus de jurer allégeance à la couronne d'Angleterre.



La déportation des Acadiens de 1755 est appelée Le Grand Dérangement (Voir ici).


La mémoire en est encore vivante dans les mentalités, et dans les lieux de souvenir et musées de la région de Lafayette.

samedi 2 juillet 2011

Dans les pas des 40 000 soldats de Napoléon, au Col du Grand Saint-Bernard

Dés le départ de notre randonnée de St Maurice (Suisse) à Aoste (Italie), nous mettions nos pas - 211 ans plus tard - dans les pas des 40 000 soldats de l'armée de réserve de Napoléon Bonaparte qui franchirent le Col du Grand St Bernard (2473m) le 23 Mai 1800, épisode qui marqua le début de la seconde campagne d'Italie.

La situation des armées françaises n'est alors pas brillante : les autrichiens assiègent à Gênes Masséna dont l'armée est décimée par les combats, la famine et les épidémies.

Le général autrichien Melas coupe l'armée française en deux, repoussant Suchet derrière le Var.

Le 18 Mai 1800, Bonaparte quitte Martigny et se met en route vers le Grand Saint Bernard.

Le 20 mai, monté sur une mule, et non pas sur le fier destrier tel que peint ci-dessus par David, et escorté par un guide, il gravit les sentiers escarpés vers le col.

Du 15 au 23 Mai, les 40 000 hommes gravissent la montagne avec difficulté et acheminent des tonnes de matériels, en particulier les canons logés dans des troncs d'arbres évidés pour en faciliter le transport.

Ils sont aidés en cela par la population locale (qui ne reçut jamais les indemnités promises...).

Bonaparte indique : "Nous luttons contre la glace, la neige, les tourmentes et les avalanches. Le Saint-Bernard, étonné de voir tant de monde le franchir si brusquement, nous oppose quelques résistances".


Bonaparte, en faisant passer ses hommes par le Col du Grand St Bernard, espère ainsi prendre par surprise l'armée autrichienne de ce fait divisée, occupée qu'elle est sur deux théatres d'opération.

Au même moment, le corps du général Moncey franchit le Saint-Gothard
et celui du général Tureau, le col de Montgenèvre.

Mais le 13 Juin, Bonaparte a encore du mal à localiser le gros de l'armée ennemie.

La bataille a finalement lieu le 14 juin (25 Prairial An VIII), à 8h du matin, près du petit village de Spinetta Marengo, dans le Piémont, à 70 km au nord de Gênes.

Pour l'armée française, attaquée par surprise, mal préparée, et...mal réveillée, l'affaire n'est pas loin de tourner au désastre, et les autrichiens considèrent déjà la victoire comme acquise.

Bonaparte envoie alors une missive en catastrophe au général Desaix :"Je croyais attaquer l'ennemi, il m'a prévenu! Revenez, au nom de Dieu, si vous le pouvez encore!

Desaix, en effet, avait été envoyé en éclaireur avec 7000 hommes repérer ailleurs l'armée autrichienne....difficile à localiser.



Desaix, s'inquiétant à juste titre pour son chef, qu'il admire, et, contrevenant aux ordres initialement reçus, se porte fort heureusement au secours de Bonaparte, créant un nouvel effet de surprise, qui offre de justesse la victoire au Premier Consul.

Cette victoire permit de conclure la guerre en cours entre la France et l'Autriche

Desaix sera tué, lors de cette bataille de Marengo, d'une balle en plein coeur.

Dès le mois de juin 1800, Bonaparte décide alors de faire ériger un tombeau à sa mémoire à l'Hospice du Grand Saint Bernard, bien que Desaix n'y soit jamais passé avec ses soldats.

Il avait en effet été très impressionné par le passage du Col et par l'Hospice où il avait séjourné et avait décidé d'y faire déposer les restes de son ami et sauveur.

Le corps du jeune général, demeuré à Milan depuis 1800 fut inhumé à l' Hospice du Grand Saint Bernard en 1805 en présence du général Berthier représentant l'Empereur.

Un monument du sculpteur Jean-Guillaume Moitte fut installé dans la chapelle de l'Hospice en 1806, puis déplacé à son emplacement actuel, au pied de l'escalier central, en 1829 en tant que cénotaphe (monument funéraire qui ne contient pas de corps).

Desaix repose anonymement dans la chapelle de l'Hospice du Grand Saint-Bernard, sous l'autel consacré à Sainte Faustine.



Voir ci-dessous la photo du monument à Desaix, au pied de l'escalier central de l'Hospice, tel que nous avons pu l'admirer