vendredi 20 janvier 2023

Jan Groover, une photographe singulière, à la Fondation Henri Cartier-Bresson

 

Etant à Paris début janvier, je me suis précipité à la Fondation Henri Cartier-Bresson  afin de visiter l'exposition consacrée à la photographe Jan Groover (ici) et intitulée "Laboratoire des Formes" (jusqu'au 12 février 2023).

Jan Groover
1943-2012

Artiste singulière, Jan Groover, d'origine américaine a bâti son oeuvre photographique entre les Etats-Unis et la France et elle a su mettre en évidence "l'abstraction du réel".

Elle a navigué entre sa ville natale du New Jersey, où elle débute sa pratique en 1967, jusqu'au petit village de Dordogne où elle installe son dernier atelier en 1991, avec toujours New York pour phare et repère artistique.


Cette exposition, première retrospective à lui être consacrée depuis sa mort en 2012 donne à voir l'évolution de son oeuvre.


Cette rétrospective rend hommage à une artiste qui s'est en permanence renouvelée, s'inscrivant ainsi dans l'histoire de la photographie.



Si elle a employé une grande diversité de procédés, pendant près de quarante ans, notamment en couleur, et de formats, Jan Groover s'est aussi intéressée à des sujets extrêmement variés : la nature morte, le portrait, les paysages.









Elle a été influencée par des artistes comme Giorgio Morandi, John Coplans, Edward Weston, ou Paul Outerbridge.

Actrice de la mutation du medium photographique vers plus de polyvalence, qualité jusque là attribuée à la peinture et au dessin, Jan Groover expérimente différentes techniques de création.



Par exemple l'usage du tirage au platine ou au palladium pour ses séries de clichés urbains ou les portraits de ses proches : voir ici.

Cette belle et unique exposition à la Fondation Henri Cartier-Bresson permet de découvrir ses méthodes de création et d'apprécier le caractère expérimental de son travail ainsi que son influence sur la photographie contemporaine.



Peintre avant d'être photographe, Jan Groover aimait donner vie aux objets pour en fair jaillir la beauté.


Cette exposition passionnante souligne la force créatrice de celle, pour qui, de toute façon "il faut toujours tout inventer".

Voir ici l'interview de Tanyana Franck à propos de cette exposition.


vendredi 13 janvier 2023

Giuseppe Bavastro, corsaire et enfant terrible du Port de Nice

 

Giuseppe (Joseph) Bavastro, né le 10 mai 1760 à Sampierdarena (République de Gênes) et mort le 10 mars 1833 à Alger est un marin aventurier et corsaire italien ayant passé l'essentiel de sa vie à Nice.

Giuseppe Bavastro

Il était surnommé "le Jean Bart niçois", et également "le corsaire de Napoléon".

Bavastro est une figure populaire de la culture niçoise dont le nom est resté attaché au quartier du Port Lympia, à Nice où il a grandi et vécu et où une rue porte son nom, ainsi qu'à l'église Notre-Dame du Port.


La rue Bavastro et l'église du Port
en 1910

La rue Bavastro actuellement

Sa famille était liée à la mer depuis plusieurs générations.

Son père, Michele Bavastro (1729-1787) était un ingénieur hydrographe installé à Nice où il travaillait à la modernisation du Port.

Vue ancienne du Port Lympia

Sa mère, Maria Parodi (1729-1804) était la fille du riche armateur génois Nicola Parodi.

Le clan de Michele Bavastro s'établit définitivement à Nice, au quartier du Port Lympia, en 1768, alors que Giuseppe n'a que 8 ans.

Vue actuelle du Port Lympia

Il passera ainsi une jeunesse marquée par la culture nissarde, dans laquelle se fond sa famille, à l'instar d'une autre famille génoise de Nice, les Garibaldi dont descendra Giuseppe Garibaldi.

L'un des aînés de la famille Garibaldi fera d'ailleurs partie des équipages de Bavastro.

Giuseppe Garibaldi
1807-1882

Autodidacte, ne sachant ni lire ni écrire, il passera sa vingtaine dans l'univers du Port de Nice, où il travaillera, en tant qu'indépendant, pour divers armateurs.

Après un certain nombre d'échecs personnels, c'est la Révolution Française, indirectement, qui précipitera sa carrière : en 1792, lors de l'invasion des troupes révolutionnaire dans le Comté de Nice (appartenant alors à l'Etat de Savoie du Royaume de Sardaigne), il s'exile à Gênes.

Le Port de Gênes et sa lanterne
en 1839

Et c'est l'un de ses amis d'enfance, le militaire niçois André Masséna, futur Maréchal d'Empire, qui facilitera son retour et l'entraînera dans le tourbillon de la Révolution.

André Masséna
l'ami de Bavastro
1758-1817

C'est alors que Masséna lui propose de devenir "Corsaire de la République" afin d'utiliser sa parfaite connaissance de la Méditerranée pour harceler les navires anglais et barbaresques.

En 1798, Bavastro le corsaire, participe ainsi au ravitaillement des troupes du Général Bonaparte lors de la campagne d'Egypte.

La Campagne d'Egypte

Bavastro, qui s'est affranchi de toutes les contingences militaires et s'est rangé sous l'étoile bonapartiste, ne répondra plus désormais qu'à son goût pour l'aventure, à bord de sa frégate "l'Intrépide", puis de la corvette "Joséphine", et il enchaînera les victoires et les faits d'armes.

Une corvette corsaire

Celui que l'on surnomme "Le Lion de Gibraltar", devient alors, de son vivant, l'objet d'un véritable culte populaire, par des ex-voto placés dans les églises niçoises ou par des messes et des prières à la Madone.

Puis la roue de la fortune tourne pour Bavastro, et, poursuivi par le Trésor et les tribunaux pour non règlement de ses impôts sur ses parts de butin, il se retire dans sa maison du Port de Nice, tout en vivant de contrebande.

Ses aventures incroyables se poursuivent alors : il part en Amérique du Sud et rejoint en 1818 Simon Bolivar, puis s'établit en tant qu'armateur à la Nouvelle-Orléans : marin prodige, il gagne beaucoup d'argent, mais peu doué pour les affaires, il finit par tout perdre ...

Simon Bolivar
1783-1830

Ruiné, il revient à Nice, son "port d'attache" et c'est alors que s'ouvre le dernier chapitre de ses aventures : le Roi Louis-Philippe lui offre de devenir capitaine du Port d'Alger, tout juste pris militairement, car il connait bien la côte algérienne.

Le Port et la Casbah d'Alger
en 1830

Puis, de 1830 à 1832, il exerce les fonctions de Maire (Cadi) d'Alger avec pour mission de rétablir la paix entre français et algérois.

Malade, le vieux corsaire finit par mourir à Alger le 10 mars 1833 à 72 ans.

Son corps est rapatrié à Nice, sa ville de coeur et il est enterré au Cimetière du Château.

Cimetière du Château
à Nice

Bavastro est resté dans la légende de la mer comme le marin corsaire de Napoléon Bonaparte pour la Méditerranée et l'un des navigateurs les plus célèbres du XIX° siècle.


lundi 2 janvier 2023

Opéra : Freddie De Tommaso : une place éminente au royaume des ténors

 

Le ténor italo-britannique Freddie De Tommaso, âgé de 28 ans, s'est propulsé sur le devant de la scène lyrique, suite à son couronnement en 2018, au Concours de chant international Francisco-Viñas de Barcelone.

Freddie De Tommaso

Il a de ce fait été invité à Covent Garden, à la Staatsoper de Bavière, à l'Opéra National des Pays-Bas, à la Staatsoper de Vienne.

C'est en remplaçant au pied levé Bryan Hymel, souffrant, dans les deuxième et troisième actes de Tosca au Royal Opera House, qu'il a en un soir conquis une place éminente au royaume des ténors.

Il a signé en exclusivité chez Decca Classics (Premier ténor depuis Jonas Kaufmann).


Pour la saison 2021-2022, il a fait ses débuts dans le rôle de Maurizio (Adriana Lecouvreur, à la Scala de Milan), de Don José (Carmen, Vienne), de Cavaradossi (Tosca, Covent Garden), de Pinkerton (Madama Butterfly, Dresde et Covent Garden), de Macduff (Macbeth, Vienne et Munich), sans parler de très nombreux concerts lyriques.

Lors du Concert de Nouvel An à la Fenice (Concerto di Capodanno), nous avons pu le découvrir et l'apprécier: une voix phénoménale et un magnifique talent!

Sa voix est celle d'un authentique ténor dramatique,...à l'école de Corelli, Del Monaco, et Caruso.

Freddie De Tommaso se sent bien chez lui chez Puccini (Manon Lescaut ou Turandot) mais il vise aussi les grands rôles verdiens (Radamès, Manrico, Otello,...)

Un très grand avenir s'ouvre donc à lui!


Ecoutez ses (déjà) grands rôles chez Puccini :

Ici "Que gelida manina" dans La Bohème.

Ici dans Tosca, Acte I, "Ah, quegli occhi."

Ici, dans Turandot, "Nessun dorma".

Ici, dans Tosca, "E lucevan le stelle".

Ici, dans Madama Butterfly,  Acte I, "Vogliatemi bene."

Magnifique !