mercredi 24 avril 2013

Opéra : Un Don Carlo de Verdi éblouissant depuis Covent Garden!


Le Royal Opera House de Londres nous a proposé de revoir, le 11 avril 2013, un Don Carlo de Verdi absolument éblouissant transmis dans le réseau des cinémas CGR. 
Nous étions à Colmar, en Alsace, pour cet évènement.


Don Carlo est mon opéra de Verdi favori (Je l'ai vu de nombreuses fois, tant en direct, à Montpellier, Paris, Mulhouse, Prague, qu'en différé, en particulier depuis le Met à New York), et cette fois ci j'ai été à nouveau transporté du début à la fin par une distribution d’un niveau sans pareil et d'une perfection vocale magique !

Philippe II et Don Carlo

Nicholas Hytner et son décorateur Bob Crowley ont réalisé là une mise en scène remarquable, épurée et très graphique. 

La forêt de Fontainebleau, au lever du rideau, donne le ton : un enchantement de noir et blanc, proche de l’esquisse japonaise... 

Don Carlo dans la forêt de Fontainebleau

Sur le plan musical, c’est l’extase : Antonio Pappano, le chef d'orchestre, est tout simplement génial et trouve une infinité de couleurs et de nuances dans la partition de Verdi. 

Elisabeth et Don Carlo

Le charisme de Rolando Villazon (Don Carlo), les performances de Ferruccio Furlanetto en Philippe II et de Simon Keenlyside en Rodrigo nous ont électrisé. 

Feruccio Furlanetto en Philippe II


Rolando Villazon en Don Carlo

Simon Keenlyside en Rodrigo,
marquis de Posa

Eric Halfvarson (Le Grand Inquisiteur), fidèle à lui même, est terrifiant.

Sonia Ganassi (Princesse d'Eboli) est expressive et touchante, tant dans la perfidie que dans le remords.

Marina Poplavskaia (Elisabeth) est absolument sublime de bout en bout!


Marina Poplavskaia en Elisabeth


Que dire de plus, sinon redire que nous avons étés transportés, enthousiastes, tout au long d'une représentation fabuleuse de plus de 4h : un très grand moment!

Extrait de l'Acte IV : Philippe II , l'extraordinaire :"Amor per me non a!" ici.

Extrait de l'Acte IV : Philippe II et le Grand Inquisiteur : ici.
Extrait de l'Acte V : Elisabeth devant le tombeau de Charles Quint : ici.

Voir ici ma note sur Don Carlos retransmis du Met en décembre 2010 avec déjà Marina Poplavskaia, Feruccio Furlanetto, Eric Halfvarson et Simon Keenlyside.

Jazz manouche en Alsace : le grand Bireli Lagrene à Colmar!



C'était à Colmar, en Alsace, le 2 avril 2013 : du jazz manouche...

Dans le cadre de "Colmar fête le printemps" (28 mars au 14 avril 2013), nous avons eu la chance de pouvoir écouler Bireli Lagrene, invité par le groupe Paho Saga. Voir ici .

Sous  l'acronyme "Paho Saga"se cache en fait la réunion de 3 guitaristes : Pascal Masselon, Hono Winterstein et Samson Schmitt (le "ga" était pour Gauthier Laurent, contrebassiste de la formation originale).

Le groupe Paho Saga


Familier de nombreux artistes manouches, parmi lesquels Dorado Schmitt ou Bireli Lagrène, le groupe Paho Saga voyage entre jazz sinti et rythmes bossa et latino, réunissant Pascal Masselon et Samson Schmitt aux guitares solo, Hono Winterstein - fidèle accompagnateur de Bireli Lagrène, à la guitare rythmique -, et Xavier Nikci à la contrebasse. 

Sur scène le style du groupe est fluide et se déroule avec naturel et bonne humeur.

Bireli Lagrene, justement, était l'invité ce soir là du groupe Paho Saga, à l'Eglise St Matthieu de Colmar.

Bireli Lagrene

Le grand Bireli Lagrene est le guitariste emblématique du sinti swing originaire d’Alsace, un jazzman reconnu à l’international et adulé comme digne héritier de Django Reinhardt.


Sa réputation a dès son adolescence dépassée les frontières de son Alsace natale, et très tôt il a ainsi multiplié les expériences artistiques aux quatre coins du monde. 

On pourrait dire de lui qu’il joue comme il respire, et y ajouter à cela les mots simplicité, plaisir et complicité évidente qu’il a à partager la scène avec les musiciens qu’il aime…Il a joué avec Stéphane Grappelli, John Mc Laughlin, Al di Meola, Jaco Pastorius, Didier Lockwood et tant d’autres.

"..Biréli déteste, on le comprend, que l'on confine Django à la guitare manouche. Il aime le Django expérimental, le Django électrique, Django quittant la route ordinaire. 
Biréli maîtrise les synthétiseurs, les accessoires électroniques. 
Au détour d'une phrase, il revient au style qui l'a révélé et s'en évade. Son Gipsy Project avait insufflé un énorme retour à la musique manouche. En pleine célébration de Django, il change de cap. C'est tout Biréli... » (ext. Art. Francis Marmande dans « Le Monde » 11.10.2012)

Voir ici sa biographie et   le site de Bireli Lagrene.

Regardez une video live (qualité médiocre) de ce concert à Colmar : ici.
Ecoutez également Bireli Lagrene lors d'un concert à Vienne : ici.

A Colmar, ce fut un concert vibrant, tout rempli de complicité, de simplicité, dans une filiation dépassée de Django : du grand art, de la maîtrise, et du plaisir partagé!

lundi 22 avril 2013

Au Baiser Salé, à Paris : James Germain, le créole mandingue


Le 13 avril, jour de mon anniversaire (changement de décennie!), nous sommes allés écouter, au Baiser Salé, à Paris, la plus grande voix des Caraïbes actuelle : James Germain, le "Kreol Mandingue"!

James Germain

James Germain, l'Haïtien, a posé depuis 5 ans ses valises au Mali.
C'est à Bamako qu'il a écrit et enregistré son 3°album "Kreol Mandingue", paru en 2010.

Il revisite les chants traditionnels haïtiens à la couleur malienne : une rencontre au sommet, enthousiasmante pour moi, qui suis amoureux du Mali !

"Au Mali j'ai eu le temps de m'imprégner de toutes les mélodies, de toute l'histoire mandingue qui m'a vraiment pris aux tripes. Le jour de mon arrivée, on m'a donné un micro pour chanter, c'était impossible, j'étais un peu coincé, la voix ne sortait pas.
Mais en prenant le temps, j'ai apprivoisé la culture mandingue des griots. J'ai fait plusieurs jam sessions avec des griottes, moi en chantant créole, et elles en bambara, et cela fonctionne très bien.
Au Mali, je sens une force, une énergie positive autour de moi!"

Albinos, tout comme son collègue musicien malien Salif Keita, James Germain a été formé au chant et au gospel dans les églises.

James Germain sait nous délivrer des émotions contenues pendant trop longtemps : la mélancolie des vibratos, les trémolos de la voix expriment sans retenue la conviction d'avoir enfin trouvé ses racines...

Les instruments traditionnels malien (kora, n'goni,...) s'imbriquent parfaitement dans les accents forts et émouvants d'un chant souvent incantatoire qui rappelle le mal-être d'Haïti et de l'Afrique mais qui nous font exploser au visage et au coeur leurs raisons d'espérer!

James Germain

"Dans Kreol Mandingue, je chante les situations de la vie quotidienne en Haïti. 
Dans le morceau Péyi A je raconte comment Haïti est déglingué, comment la vie est compliquée,les enfants des rues, les mamans qui rentrent du marché avec rien. 
Dans ce pays, quelque chose menace toujours la paix. 
J'ai choisi des airs traditionnels qui insistent sur l'unité et l'espoir....
Au moment du séisme, les Maliens se sont vraiment mobilisés, et c'était très émouvant pour moi..."

Haïti chérie, la vi pas fini

Ce soir là, le 13 avril, le public en grande partie africain et haïtien ne s'y est pas trompé, qui vibrait à l'unisson des chants envoûtants de James Germain et de ses amis musiciens : Thierry Vaton au piano, Ahmed Fofana au n'goni, Bago aux percussions.


Pour nous, une soirée émouvante et dynamisante, qui nous a rempli le coeur d'espoir, de chaleur humaine et musicale!

Ecoutez James Germain dans Péyi A : ici.

dimanche 21 avril 2013

Photographie : Laure Albin Guillot, un "classicisme" français


Le Musée du Jeu de Paume, à Paris, consacre (jusqu'au 12 mai 2013) une belle exposition à Laure Albin Guillot (1879 - 1962), photographe française, dont le nom est assez peu connu aujourd'hui. 
Voir ici.

Autoportrait, vers 1935, platinotype.

Nous avons pu la visiter il y a quelques jours, avec bonheur et intérêt, et découvrir ainsi son style et sa manière, qui incarnèrent une sorte de "classicisme à la française".

Elle use d' "artifices" divers : décor dépouillé, plan rapproché, profondeur de champ réduite, éclairages simples. 
Tout ceci procure un effet d'intériorité et d'intimité, auquel il faut rajouter des poses, et, dans certain cas des optiques qui floutent, ce qui la rapproche des pictorialistes.

Son style, au début des années 1920, est à contre-courant des avant-gardes, et fait rapidement sa renommée dans une France qui sort victorieuse de la Grande Guerre et qui désire cultiver sa grandeur issue des siècles passés.

Cantate de Narcisse 1934

Laure Albin Guillot devient vite une figure en vogue, voire même institutionnelle.

Jean Cocteau
Georges Bernanos
Lucienne Boyer, vers 1935

Elle domine le paysage photographique, s'impose par ses photos de mode, ses photographies publicitaires, ses photos de personnalités du monde culturel et également par ses "micrographies", photographies de préparations microscopiques, dont les motifs tout à fait étonnants, sortes d'expérimentations abstraites, n'étaient en fait destinées par la photographe qu'à un usage purement décoratif.

Micrographie : coupe de
bourgeon de frêne, vers 1930

Les personnalités mondaines, mais aussi des anonymes se pressent aux portes de son studio...

Mais Laure Albin Guillot demeure avant tout une artiste, doublée d'une virtuose technique, connue pour la magnifique qualité de ses tirages, et par la beauté de ses nus : forme, inspiration, pureté poétique  d'une statuaire antique sont au rendez vous! Les visages sont repoussés dans les angles, ou même effacés...




Laure Albin Guillot fut l'une des personnalités les plus actives et les plus conscientes des enjeux photographiques et culturels de son époque.

Ne manquez pas cette belle exposition si la photographie vous intéresse !