vendredi 7 octobre 2022

Au Kunstmuseum de Berne : le legs controversé de Cornelius Gurlitt

 

Nous sommes allés passer deux jours à Berne, fin septembre, tout d'abord pour découvrir la capitale fédérale de la Confédération Helvétique, mais aussi pour visiter le Kunstmuseum (Musée des Beaux-Arts) (et également le Zentrum Paul Klee).

La vieille ville de Berne
vers 1638

Vue aérienne actuelle

La vieille ville (ici) est blottie dans une boucle de l'Aar et inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco, grâce à son patrimoine médiéval urbain.


C'est une ville intéressante, assez austère, si on la compare par exemple à Lucerne, caractérisée par ses km d'arcades et la couleur des pierres de sa construction (la molasse de Berne, de couleur beige-verte caractéristique).


Derrière son air propret, Berne est aussi une ville d'ouverture et de tolérance.

Le Kunstmuseum de Berne a été désigné en 2014 comme légataire des 1600 oeuvres d'art retrouvées en 2012 à Munich chez Cornelius Gurlitt (ici), fils du marchand d'art allemand très controversé sous le III° Reich, Hildebrandt Gurlitt (ici).

Le Kunstmuseum, musée à taille humaine,
 a été fondé en 1879

En décembre 2021 le Kunstmuseum de Berne a définitivement accueilli dans ses collections les oeuvres récupérées dans le cadre du legs Gurlitt (ici) et est de ce fait confronté à une grande responsabilité.




Cornelius Gurlitt
1932-2014

Hildebrandt Gurlitt
1895-1956
en 1944

En effet, nous avons là une collection encombrante et embarrassante : la suspicion qu'il s'agissait d'art spolié par le régime nazi a donné lieu à plusieurs années de recherches en Allemagne et en Suisse.

Il s'agit en particulier d'oeuvres récupérées par Hildebrandt Gurlitt après la tristement célèbre exposition sur "L'Art Dégénéré" (Entartete Kunst) organisée par les nazis en 1937: ici.

Exposition des nazis sur "L'Art Dégénéré".

Une convention stipule que les oeuvres spoliées, volées ou vendues sous la contrainte devront être rendues à la famille des ayant droits. 

En effet, des oeuvres ont déjà été restituées aux héritiers de plusieurs familles, selon les "Principes de Washington" de 1998 (ici).


Les experts au travail

Le Kunstmuseum a renoncé à une quarantaine d'oeuvres reconnues comme volées à leurs propriétaires juifs par les nazis ou suspectes : ici.

Cette exposition passionnante ("Tirer un bilan, c'est rendre des comptes") montre les défis de notre temps liés aux oeuvres d'art et à leur histoire.


Le visiteur a ainsi un aperçu de huit années de recherches sur un héritage à l'histoire tumultueuse.

Une exposition passionnante et qui ne peut laisser le visiteur indifférent!

Voir ici : "Le Musée des Beaux Arts de Berne accepte la Collection Gurlitt".

Voir ici , ici et les articles consacrés par le journal Le Monde en 2014 à ce sujet.


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