vendredi 29 avril 2022

Au Cafe del Duende : Flamenco en València

 

Lors de notre récent séjour à València nous ne pouvions pas ne pas assister à un spectacle de flamenco.



Nous avons choisi le lieu le plus emblématique et authentique de la ville : le Cafe del Duende (ici), et nous n'avons pas été déçus!






Le flamenco, c'est cette façon magnifique et profonde qu'ont les artistes espagnols de s'exprimer au travers de la voix, de la guitare et de la danse.

Fernando Lucas et Manuel Heredia

Le flamenco date du XVIII° siècle et plonge ses racines en Andalousie, racines métissées de musiques arabes, castillanes, juives, et gitanes.

Javier Zamora

Le flamenco n'a cessé de s'enrichir et est plus vivant que jamais : ici.

Le flamenco a été inscrit par l'Unesco au Patrimoine culturel immatériel de l'humanité le 16 novembre 2010, à l'initiative des Communautés autonomes d'Andalousie, d'Estrémadure et de Murcie.


Au carrefour de l'Orient et de l'Occident, le flamenco est le fruit d'un syncrétisme qui dépasse le cadre purement culturel pour atteindre le domaine de la philosophie : il est un formidable moyen de communication et d'expression de l'essence et de l'existence de l'homme andalou.



C'est l'affirmation d'un mode d'être, de penser et de voir le monde.

Alors, pourquoi ce nom : "Cafe del Duende"?

Le "Duende" fait partie de ces concepts complexes, résumés dans un simple mot dont le signifié et la symbolique sont tellement riches qu'ils ne rencontrent aucun équivalent satisfaisant dans les autres langues, ainsi, par exemple, que le "blues", la "saudade", le "dasein",...


Mais on peut cependant dire que le "Duende" sert à désigner ces moments de grâce, où l'artiste de flamenco, ou bien le torero, prennent tous les risques pour transcender les limites de leur art et entrer dans un état second à la rencontre d'une dimension supérieure mystérieuse, et atteindre à une sorte de transe d'envoûtement, qui provoque le même enchantement chez le spectateur : ici.

Federico Garcia Lorca a prononcé en 1930 une conférence à La Havane : "Jeu et Théorie du Duende" à propos de la poétique et du mystère du Duende, de l'âme de l'Espagne et de l'art d'affronter la mort.

Federico Garcia Lorca en 1914

Editions Allia

Federico Garcia Lorca parle ainsi "de l'Espagne qui est le seul pays où la mort est le spectacle national, où la mort souffle dans de puissants clairons pour l'éclosion des printemps et dont l'art reste toujours régit par ce duende à l'esprit perçant, qui lui a donné sa différence et sa qualité d'invention".

"Pour chercher le duende, il n'existe ni carte ni ascèse. On sait seulement qu'il brûle le sang comme une pommade d'éclats de verre, qu'il épuise, qu'il rejette toute la douce géométrie apprise, qu'il brise les styles, qu'il s'appuie sur la douleur humaine qui n'a pas de consolation."


Je me souviens avoir assisté, au Festival d'Avignon Off, à une représentation tirée de cet ouvrage, qui m'avait profondément marqué.

Ecouter ici une émission de France Culture, lecture musicale de novembre 2014, en hommage à Jacques Higelin, et consacrée à "Jeu et Théorie du Duende" de Federico Garcia Lorca.

Voir ici  et : des extraits de spectacles de flamenco donnés au Cafe del Duende, à València.


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