lundi 17 juin 2024

"The Jefferson Market Library" : l'un des bâtiments les plus remarquables et fantaisistes de New York

 

Au cœur de Greenwich Village, à l'angle de la 6° Avenue (Avenue of the Americas) et de la 10° Rue, on ne peut manquer le bâtiment remarquable et sa tour fantaisiste de la "Jefferson Market Library". 


Ce bâtiment a été initialement construit pour abriter "The Jefferson Market Courthouse" (Tribunal de la 3° circonscription judiciaire).

Ce grand édifice en brique, construit en 1877 dans un style gothique victorien abrite aujourd'hui une bibliothèque (Section de la New York Public Library).


 



 


A l'origine, en 1833, se trouvait sur cet emplacement, outre les hangars du Jefferson Market, une grande tour octogonale en bois qui faisait office de vigie pour prévenir les risques d'incendie.

A cette époque, les sessions du tribunal se tenaient dans des pièces situées au dessus des bâtiments du Marché.

La tour et les installations de l'époque du "Jefferson Market" furent démolies par la suite, afin de construire en 1877 un nouveau Marché ainsi que deux bâtiments jumeaux : le Tribunal (Jefferson Markert Courthouse) et une prison (Jefferson Market Prison : ici).

La prison sur la gauche, désormais démolie, le Tribunal et la 6° Avenue

Un troisième bâtiment, de style Art Déco,  a existé dans cette zone, de 1931 à 1971 : une prison pour femmes.

Ces deux bâtiments ont été construits par l'architecte Frederik Clarke Withers, du Cabinet Vaux and Whithers. Vaux était par ailleurs l'un des deux créateurs de Prospect Park à Brooklyn (ici).

Frederik Clarke Withers, 1828-1901

En 1958, la démolition du bâtiment du "Jefferson Market Courthouse" était envisagée, mais une levée de boucliers a abouti à la réutilisation de l'édifice en tant que "Jefferson Market Public Library" dont l'inauguration a eu lieu en 1967.

 

"The  AIA Guide to New York City", catalogue exhaustif qui recense les bâtiments remarquables des 5 "boroughs" newyorkais décrit ce bâtiment remarquable et fantaisiste comme suit :"Un assemblage de type  Neuschweinsteinien, de vitraux, de toits en pente raide, de pignons, de pinacles, d'embellissements gothiques vénitiens et d'une tour et d'une horloge complexes : l'un des bâtiments les plus remarquables de la ville".

Le bâtiment en 1905

 Faisant le raisonnement qu'un tel bâtiment avec une tour et une horloge pourrait le faire ressembler à une église, quelle que soit sa véritable destination, Withers a décidé d'y ajouter quelques éléments architecturaux de style religieux mais avec un contenu laïc, tel que le tympan montrant une scène du "Marchand de Venise" en lieu et place du Christ en majesté.

Les vitraux ont tous des motifs à caractère non religieux.


En 1885, un panel d'architectes américains sponsorisés par "The American Architect and Building News" l'a désigné comme le 5° plus beau bâtiment d'Amérique.

En 2012 et 2019 le bâtiment a été restauré et mis aux normes.

Le bâtiment en cours de restauration

 Visitez ici cet exceptionnel bâtiment.








vendredi 14 juin 2024

Maurice Kish, peintre américain de la "réalité populaire"

 

Maurice Kish, peintre et poète, est né en 1895 à Dvinsk, en Russie (ville connue également sous le nom de Denenburg ). cette ville s'appelle désormais Daugavpils et est située au sud-est de la Lettonie: voir ici l'histoire complexe de cette ville et la tragédie vécue par ses habitants juifs massacrés lors de la Shoah en Lettonie: ici et .

Il est mort à New York en 1987.

Un portrait. Autoportrait ?

Dvinsk était un grand centre de la culture juive dans la Russie du XIX° siècle, mais également une ville où la population vivait dans une grande pauvreté.

Maurice Kish, alors jeune homme, a décidé de quitter Dvinsk pour les Etats-Unis et s'y est livré à différentes activités :  boxeur amateur, poète, instructeur de "Catskills Dance",  ouvrier d'usine (peintre décorateur dans une verrerie).

Il a étudié l'art à la "National Academy of Design" .

Les principaux sujets de ses tableaux ont été les villes et les activités humaines qui s'y déroulaient et en particulier la vie des travailleurs industriels, monotone et harassante.

(Au Brooklyn Museum lors de ma visite récente)



 

A l'époque où il a peint ces tableaux, Maurice Kish résidait à Williamsburg (Brooklyn) et son attention était obligatoirement attirée par les énormes usines polluantes qui étaient au bord de l'East River.

Kish s'est également inspiré des scènes de la vie traditionnelle juive, souvenir de sa jeunesse passée à Dvinsk.

Musiciens Klezmer





 D'autres sujets plus légers l'ont également inspiré :




 
 
 

 
 Les critiques d'art ont décrit sa vision comme étant celle d'une "réalité populaire": ses sujets et son style de peinture reflétant ce qui pouvait être important pour le spectateur "ordinaire".


mercredi 12 juin 2024

Laura Wheeler Waring: une artiste emblématique de la "Renaissance de Harlem"

 

Laura Wheeler Waring, née le 16 mai 1887 dans le Connecticut et morte le 3 février 1948 à Philadelphie est une éminente artiste peintre et enseignante afro-américaine surtout connue pour ses peintures d'afro-américains réalisées pendant la période dite de la "Renaissance de Harlem" ("Harlem Renaissance"): ici.

Laura Wheeler Waring

Le mouvement dit de la "Renaissance de Harlem"est un mouvement culturel qui a eu une importance fondamentale dans le domaine de la littérature et des arts afro-américains entre 1918 et la fin des années 1930: ici.

Elle a été influencée par Monet, Manet, Corot et Cézanne, dont elle a pu admirer les œuvres en Europe et elle a su remettre en question le stéréotype de race.

Laura Wheeler Waring
 Sa réputation s'est développée grâce à ses grandes qualités artistiques et à l'imagination avec laquelle elle a su réaliser de magnifiques portraits qui sortent de l'iconographie habituelle.

Woman with Bouquet, vers 1940

 

J'ai pu admirer ce beau tableau au Brooklyn Museum il y a deux semaines.

Souvent associés avec l'amitié et l'affection, les zinias représentés ici, tenus par cette femme, symbolisent également l'absence ou la perte d'un compagnon. Le regard lointain de cette femme suggère qu'il y a, derrière ce portrait, un mystère plus profond.





 Laura Wheeler Waring a été reconnue et respectée pour son engagement de toute une vie pour  la promotion de la culture et de l'histoire des Noirs.

Elle a enseigné l'art pendant plus de trente ans à l'Université Cheyney de Pennsylvanie.




 Elle a eu la possibilité de voyager en Europe et en particulier à Paris, en 1914, puis en 1924-1925.



 

Son travail a été rapidement exposé dans de grandes institutions américaines dont la Corcoran Gallery, à Washington, le Brooklyn Museum, le Musée d'Art de Philadelphie, la Smithsonian National Portrait Gallery,...



" Waring est un modèle parfait pour des petites filles animées de grands rêves. Déterminée et entièrement engagée dans la poursuite de sa passion, la jeune Laura a su rapidement concrétiser ses rêves. Elle avait confiance en elle, croyait en ses dons et saisissait chaque opportunité qui se présentait à elle." (Patricia Tilton, critique d'art)

Portrait par James Weldon Johnson

Voir ici une video (en anglais), consacrée à son œuvre, et intitulée: "Beautiful shades of brown".


vendredi 7 juin 2024

The Brooklyn Museum : premier contact

 

The Brooklyn Museum, fondé en 1823,  est le second plus important musée de New York, après The Metropolitan Museum de Manhattan, et moins connu des touristes : ici.

Le Musée prend place dans un splendide édifice de style néoclassique, avec une façade de plus de 150 m de long et un portique à six colonnes typique des temples grecs, qui a de quoi impressionner les visiteurs.

Il est situé au Nord Est de Prospect Park, à Brooklyn, donc, et accessible par les lignes 2 et 3 du métro.

Avec une superficie de 52 000 m2, il abrite une collection permanente de 500 000 objets tous remarquables et des œuvres d'art de renommée mondiale. 

Le Hall Intérieur
 

Les salles consacrées à l'art égyptien ancien sont absolument phénoménales : après avoir vu le Louvre, le Met, et les Musées de Berlin, on a l'impression d'avoir déjà tout vu. Mais non : en pénétrant au Brooklyn Museum on est absolument saisi.

Note : j'aimerais visiter également le Musée d'Egyptologie de Turin qui, parait-il est exceptionnel : ici.



 

C'est l'une des plus belles et des plus grandes collections au monde: plus de 1200 objets et artefacts dont les plus anciens datent de 4500 ans avant notre ère.







Il y a aussi les collections des Arts d'Asie, des Arts d'Afrique, des Arts de l'Islam, des Arts Assyriens...

On peut également y admirer des collections d'arts décoratifs, de design et des collections consacrées à l'art américain tout au long des 200 ans passés.

Quelques exemples:

Francis Guy, 1760-1820, Winter Scene in Brooklyn


Laura Wheeler Waring, 1887-1948, Woman with Bouquet

Harry C. Edwards, 1868-1922, Handsome Morning

Maurice Kish, 1898-1987, Job Hunters

Frederic S. Remington, 1861-1909, The Outlier

Albert Bierstadt, 1830-1902 , A Storm in the Rocky Mountains

Au dernier étage, on trouve, pour changer d'ambiance,  une exposition temporaire consacrée aux photographies de Paul McCartney et des Beatles : ici.

The Brooklyn Museum est un univers magnifique et étonnant, qui a forcément un goût de "revenez-y".

Ma visite n'était forcément qu'un premier contact ... éblouissant.

Voir ici, pour en savoir un peu plus, et suivre une visite virtuelle.

A noter que, récemment The Brooklyn Museum , fermé à cette occasion, a été le lieu de manifestations pro-palestiniennes importantes: ici .