dimanche 16 mai 2010

Un Macbeth de Verdi sombre et sanglant

L'Opéra du Rhin nous a offert, à La Filature, à Mulhouse, un Macbeth de Verdi sombre et sanglant.

La noirceur des personnages (Macbeth instrumentalisé par Lady Macbeth) obnubilés par leur désir de pouvoir, est remarquablement bien mise en valeur par un décor sombre et inquiétant, une mise en scène originale(de Francisco Negrin), et une interprétation totalement magistrale.

Tout cela allant de pair avec la puissance musicale de Verdi qui se manifeste en particulier dans des choeurs d'hommes époustouflants, magnifiquement mis en valeur par l'Orchestre Symphonique de Mulhouse, qui resplendit de mille feux sous la direction de Enrique Mazzola et les Choeurs de l'Opéra du Rhin.
Toutes les nuances sont là, des plus suaves aux plus déchirantes!

Et malgré leur puissance formidable, Elisabete Matos, en Lady Macbeth assoiffée de pouvoir, rongée par le remors et la folie, réussit à dominer et les choeurs et l'orchestre.
Sa voix immense et puissante, au format wagnérien est proprement sidérante et assez incroyable!

Belle présence dramatique de Bruno Caproni en Macbeth hésitant, torturé par ses doutes, puis pris totalement par l'engrenage criminel et la folie qui le ronge.

Tous deux perdont totalement le bénéfice attendu de leurs crimes.


Verdi invente là un nouveau langage musical : plus de "bel-canto" pour des âmes si noires et torturées! Des effets vocaux aux antipodes des habitudes musicales de l'époque.

Pour installer une ambiance mystérieuse et angoissante, Verdi n'a laissé aucun temps mort dans le déroulement de sa musique. Elle est conçue pour plonger le spectateur dans un état particulier dont l'intensité dramatique ne cesse de croître.


Macbeth a été représenté pour la première fois au Teatro della Pergola à Florence le 14 Mars 1847.
Macbeth avait été commandé pour le carnaval ; le théatre dut ouvrir ses porte bien plus tôt que prévu, et le public réserva un triomphe à Verdi.

Certains critiques accusèrent Verdi de ne pas connaître Shakespeare.
Cela le rendit furieux, et il écrivit, lui qui était le plus modeste des compositeurs : " Que je n'aie pas su rendre parfaitement l'esprit de Macbeth, passe encore. Mais que je ne connaisse pas, que je ne comprenne pas Shakespeare, non, que Dieu me garde, non! Il est l'un de mes poètes préférés, et je l'ai lu et relu sans cesse depuis ma plus tendre enfance!"

Macbeth était, parmi ses oeuvres, l'une de celles que Verdi préférait.

On peut dire qu'elle résume de façon magnifique cette période de la carrière de Verdi.
Il a réussi pour la première fois la synthèse des trois éléments qui dominent sa musique : le théatre, les personnages, et le patriotisme.
...

Le patriotisme qui domine tout particulièrement dans les choeurs magnifiques de la fin du dernier acte.

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