L' alphabet glagolitique est le plus ancien alphabet slave : il date du IX° siècle.
Il tire son nom du vieux mot slave "glagoljati" qui signifie "verbaliser".
Inventé sur la base de l'alphabet grec, il a été utilisé dans le Royaume de Grande Moravie par les saints missionnaires byzantins Cyrille et Méthode pour rendre accessibles les Saintes Écritures aux slaves dans le cadre de leur programme d'évangélisation.
Il fut également utilisé lors de l'évangélisation des Balkans.
Cyrille et Méthode |
Cet alphabet glagolitique a donc été couramment utilisé au Moyen-Âge en Croatie, en Bulgarie, au Monténégro, en Bohême. Il a été le précurseur de l'alphabet cyrillique, qui l'a supplanté.
Je ne connaissais auparavant ce nom que par la magnifique "Messe glagolitique" de Leos Janacek.
(Voir ma note ici ).
Des stèles datant du XI° siècle, de nombreux missels et des incunables prouvent l'utilisation de cette écriture glagolitique dans la liturgie en Croatie jusqu'au XVIII° siècle.
Inscriptions en glagolitique sur des stèles vues à Brijuni (Croatie-Istrie) |
Stèle de Baska (XI° s) où apparaît pour la 1° fois la mention de la nation Croate (Hrvatski) |
Le "vieux-slave" est la plus ancienne langue slave attestée, mais qui n'est pas l'ancêtre des langues slaves (cet ancêtre est le proto-slave). Cette ancienne langue slave méridionale s'écrivait en glagolitique .
Ce "vieux-slave" a été adopté comme langue liturgique par l'Eglise orthodoxe dans plusieurs pays de langue slave. On parle alors plutôt de "slavon d'église".
En utilisant le glagolitique, la Croatie catholique était le seul pays qui avait été autorisé par la papauté à utiliser une autre langue que le latin pour la liturgie.
Voir ici pour les détails et variantes, ronde ou carrée, de cette écriture : à l'origine, l'écriture était arrondie, puis est devenue de plus en plus anguleuse au cours des siècles.
Évangéliaire de Reims du XI° siècle écrit en partie en glagolitique |
L'un des plus anciens documents en vieux-slave est l’ Évangéliaire de Reims de Saint Procope (XI° siècle), dit "Texte du Sacre", écrit en partie en glagolitique.
Il aurait été introduit en France par Anne de Kiev, épouse de Henri I° et qui fut donc Reine de France de 1051 à 1060.
Très curieusement, cet Évangéliaire aurait été utilisé lors du sacre des Rois de France, pour leur prestation de serment, mais rien n'est moins sur : beaucoup disent qu'il s'agirait en fait d'une légende...allez savoir. En tout cas, voir ici .
Par contre, une chose est sure, c'est que la liturgie a été célébrée en glagolitique, pendant 600 ou 700 ans, dans les merveilleuses petites églises et chapelles que nous avons pu admirer, telle celle de Hum, "la plus petite ville du monde" (13 habitants)!
L'Eglise de Hum fondée en Croatie au XI°siècle |
3 commentaires:
Tes articles toujours remarquablement documentés m'épatent.
Celui-ci me donne quelque lumière dans un domaine que j'ignore complètement.
Bravo et bon week-end
Extraordinaire cette découverte pour moi du langage "glagolitique" . Serait-ce une incitation à revenir aux langues dites mortes mais encore bien vivantes lorsqu'elles permettent de connaître ce qui n'est pas reconnaissable à l'oeil nu ... peut-être en est-il ainsi depuis l'origine du monde, du monde de l'inconscient ?
Cette langue qui fut vivante pendant des siècles avait comme finalité, comme tu dis, de "connaître l'inconnaissable", et celle qui a pris sa suite et l'a supplantée, le cyrillique, est bien vivante, elle...à la fois dans le cadre de la liturgie orthodoxe, ainsi que dans la vie courante de nombreux pays...
Merci de ta visite : amitié tendasque et à bientôt!
Enregistrer un commentaire