lundi 5 décembre 2011

Un opéra baroque au Met : Rodelinda de Haendel !



Une expérience étrange, surprenante, que celle d'écouter un opéra baroque transmis depuis le Met, à New York, au Kinépolis de Mulhouse !

Rodelinda de G. F. Haendel (1685-1759) fut écrit pour la Royal Academy of Music en 1719 et joué pour la première fois à Londres en 1725.
Le livret est d'Antonio Salvi d'après la pièce de Pierre Corneille: "Phertharite, roi des Lombards".
Voir le synopsis (en anglais) ici.

Bien que peu connu actuellement, cet opéra fut à l'époque l'un des plus grands succès de Haendel.
La musique des opéras de Haendel est l'une des plus accomplies de la première moitié du XVIII° siècle.

Ce qui fait que notre expérience, en écoutant Rodelinda, nous laisse un goût d'étrangeté, de surprise, de demi-teinte, c'est que nous nous trouvons face à des conventions musicales et scéniques de l'époque, qui ont été respectées au Met, et qui nous sont en fait totalement étrangères.

Les arias y règnent, avec de très nombreuses reprises (une dizaine de fois pour chaque air) qui, à chaque fois, sur les mêmes paroles, expriment des sentiments différents : la tristesse, l'intention amoureuse, la compassion, le désespoir, la détermination,...

L'intrigue est connue d'avance et ne laisse pas place à la surprise.
Les déplacements scéniques et les gestes des interprètes obéissent à des codes et sont là pour renforcer les sentiments ; ils nous semblent aujourd'hui bien artificiels!

Si nous ajoutons l'interprétation des deux contre-ténors Andreas Scholl, dans le rôle de Bertarido et Iestyn Davies, dans celui d'Unulfo, le "dérangement" est total.
Les castrats étaient follement à la mode à l'époque de Haendel, mais aujourd'hui, les contre-ténors dans un opéra surprennent, c'est le moins qu'on puisse dire!

Andreas Scholl est l'un des spécialistes les plus réputés du baroque ; j'ai trouvé dans sa prestation d'un rôle extraordinairement difficile une technique parfaite, un beau timbre, mais un volume particulièrement faible, certainement du à la virtuosité requise, qui donnait finalement quelque chose d'un peu terne... 
Je me demande ce que pouvaient bien entendre les spectateurs dans la grande salle du Met!


Par contre, Iestyn Davies ci-dessus, nous a offert une interprétation plus "brillante".


Quant à Renée Fleming, Ah, parlons de Renée Fleming, en belle Rodelinda rousse!
Rodelinda exprime à la fois les souffrances et la fidélité, mais aussi une force de caractère au service de la défense de son fils et de la mémoire de son époux : rôle difficile.

Renée Fleming aime chanter le baroque, mais ce n'est pas sa spécialité : elle me semble avoir eu des difficultés tant avec les aigus qu'avec le rythme.
Toutefois son interprétation de "Io t'abbraccio", avec Scholl était magnifiquement émouvante.

Stéphanie Blythe était parfaitement à l'aise dans le rôle d'Eduige.

Un très bel ensemble baroque avec clavecins, flutes à bec et théorbe dirigé par Harry Bicket.
Production de Stephen Wadsworth de 2004.


En résumé, un opéra en trois actes qui peine à démarrer (seulement vers le milieu du 2° acte), une superproduction (à l'américaine avec effets impressionnants de changement de décors), pour un opéra baroque qui devrait être plus intimiste à mon goût : une surprenante mais bonne soirée, finalement!

Ecoutez Andreas Scholl :
http://www.youtube.com/watch?v=t2Q6V4x_mf8&feature=related

1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Il semble que j'ai moins apprécié que toi cette représentation : il est vrai que je n'aime guère CERTAINES musiques baroques (je connais mal).
Je n'ai pas aimé le timbre de la voix de Stephanie Blythe, même si a technique semble excellente.
Ceci dit, bravo pour ton analyse de la soirée.
Trés cordialement.
JCMEMO
Rendez-vous ? samedi avec Kaufman(nous échappons à Alagna.) et René Pape...? Après le calamiteux Faust de l'Opéra Bastille (retransmis il y a quelque temps sur Arte)