Dirk Braeckman est un photographe belge né à Eeklo en 1958, qui vit et travaille à Gand.
Dirk Braeckman |
Nous avons eu le plaisir d'admirer ses clairs-obscurs à la 57° Biennale de Venise, dans les Giardini, au Pavillon Belge, il y a 15 jours.
Cet excellent artiste a été choisi par la communauté flamande et représentait la Belgique à Venise.
De plus, ce Pavillon Belge, a offert aux visiteurs un moment de calme et de temps suspendu dans l'agitation de la Biennale, et une main tendue à notre sensibilité.
Dans ce beau pavillon Art Déco construit en 1907, tout est pur, blanc, et un éclairage zénithal bien choisi nous permet de nous attarder devant les photographies de Braeckman.
Nous pouvons, tout à loisir laisser surgir, au milieu des ombres qui habitent des espaces clos, des mondes possibles : des tapis persans, des rideaux, des parties de corps, des traces d'un monde enfoui et enfui.
L'artiste utilise la photo comme un outil et la chambre noire comme un laboratoire.
Ses images empruntent leur esthétique au monochrome : elles révèlent des noirs profonds et des gris intenses.
Dans toutes ses images, remplies d'obscurité, l'oeil finit par distinguer des espaces, des choses, des corps, comme des présences fantomatiques.
L'image voilée du réel fait apparaitre, comme derrière un rideau que l'on soulèverait avec prudence, un lieu, ou plutôt un non-lieu, banal et familier, étrange, mystérieux comme le réel, si on veut bien y porter son attention.
Ses photos grand format sont des révélateurs du réel : nous sommes avec l'artiste dans la chambre noire, pour assister à l'émergence magique des traces de lumière.
Si "photographier", c'est, au sens littéral, "écrire avec la lumière", nous sommes fascinés devant son travail par l'émergence d'une "écriture" à propos de ce que nous voyons et de ce que nous sommes.
Ces oeuvres me rappellent le travail, en gravure sur cuivre, appelé "manière noire", tout aussi fascinant.
Dirk Braeckman est un véritable alchimiste du clair-obscur.
Ses images ne racontent rien, ne renvoient à rien, mais nous ouvrent à tous les imaginaires, nous placent face à nous mêmes
Je dois dire que c'est la seule exposition des Giardini qui ait vraiment retenu notre attention, les oeuvres exposées dans les autres pavillons nous ayant franchement déçu...
...mis à part le Pavillon du Japon :
Au Pavillon du Japon |
Par contre les nombreuses oeuvres exposées dans les immenses bâtiments de l'Arsenal de Venise méritaient à mon sens une longue visite, par exemple :
Ernesto Neto |
Sheila Hicks |
Claudia Fontes |
Je mentionne en outre une exposition un peu excentrée par rapport aux deux lieux cités, mais toujours dans le cadre de la Biennale : "Evocative Surfaces" de Beverly Barkat, au Museo di Palazzo Grimani, exposition qui nous a beaucoup plu.
J'y reviendrai dans une prochaine note.
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