mardi 23 novembre 2010

Caterpillar de Hawa Demba Diallo

Il faut féliciter Hawa Demba Diallo pour ce texte et ce spectacle, simples en apparence, qui livrent aux spectateurs, sans concessions, les tabous de la société malienne.

Caterpillar nous parle de viols, d'exclusion, de précarité urbaine et des drames humains au quotidien.
La langue que Hawa Diallo met en oeuvre est populaire, débridée, chantante ; c'est celle de la rue, celle qui exprime la violence faite aux laissés pour comptes dans le Mali d'aujourd'hui.
Sa langue est triturée, déformée : c'est un cri, un rire sec, celui du "petit nègre" et de l'argot des gens d'"en bas".

Ce spectacle, vu lundi 22 novembre à la Comédie de l'Est, à Colmar, en Alsace, nous parle de Séba (Alimata Baldé), la "petite bonne" chassée parce qu'elle est enceinte, de la famille bamakoise aisée où elle a été placée.
Craignant la réprobation générale, si elle retourne au village, elle s'installe dans la précarité dans un dépôt d'ordures à la périphérie de Bamako.

Son destin croise celui d' Aliou (Korotoumo Sidibé), expulsé de France, conducteur d'engins, chargé de nettoyer avec son Caterpillar le terrain vague où s'est réfugiée Séba.
Ce laissé pour compte a un coeur gros comme ça.

Il y a aussi Bijou (Tiéblé Traoré), une enfant de la rue, qui vient chercher là chaleur et réconfort.

Ces trois là vont tenter de recréer une famille improbable, baignée de rude tendresse et de rêves impossibles.
Cette histoire tragique est rythmée par une musique allègre et des moments comiques salutaires.

Les trois acteurs donnent à leurs personnages une authenticité et une vérité poignantes, sans démonstration inutile.

Bref, j'ai aimé cette pièce, qui m'a touché, compte tenu aussi du fait que j'étais au Mali en Janvier et que j'y retourne début 2011!

Hawa Demba Diallo porte un regard acerbe sur la société malienne, sans pour autant tomber dans le misérabilisme.
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Née dans la région de Kayes en 1970, elle a déjà à son actif un nombre impressionnant de publications (poésie, nouvelles, essais, romans, théatre) éditées au Mali (Ed Jamana, Traoré du Mali, Acte Sept,...)

La mise en scène de ce spectacle est de Claude Yersin.

1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Certainement que si vous connaissez le Mali et les Maliens vous avez du d'autant plus apprécié ce spectacle qui parait fort intéressant à la lecture de votre chronique...
qui a d'autant retenu mon attention que nous connaissons bien un jeune malien du pays des Dogons qui est marié et travaille en France.
Cordialement