lundi 1 novembre 2010

"Necrology" de Standish Lawder

Standish Lawder a été professeur et responsable du Département des Arts Visuels à l'Université de Californie à San Diego. C'est un passionné de cinéma, de photographie et d'enseignement.

Le film de 12 minutes de Standish Lawder, intitulé "Necrology" et présenté dans le cadre de l'exposition "Anonymes : l'Amérique sans nom, photographie et Cinéma", dans la nouvelle salle du "BAL" à Paris (Voir note précédente) constitue l'un des temps forts du cinéma expérimental américain.

Nous avons là une description magistrale de l'anonymat américain de l'après guerre.

C'est aussi un document marquant, une sorte de paradoxe visuel, et en quelque sorte un traité philosophique sur la représentation des êtres humains.

C'est un plan continu de dizaines de citoyens new yorkais, vraisemblablement des employés de bureau, qui sont face à la caméra et flottent vers le haut de l'image.

C'est un flux de voyageurs défilant sur l'un des quatre escalators qui relient le Pan Am Building à la Gare de Grand Central.

Standish Lawder a chargé sa pelliculle 16mm à l'envers et filme avec un très léger accéléré.
A la projection, l'activité banale consistant à descendre un escalator se métamorphose en une ascension méditative vers un lieu "plus élevé" non spécifié...

L'expression des personnes filmées va du vide de l'épuisement jusqu'à la curiosité ou un intérêt amusé.

"Necrology" signifie "la liste des défunts". Dans le film, les individus sont vivants, mais il nous est proposé de visionner ce film comme une archive enregistrée qui sera regardée par le public dans un avenir indéterminé.
On ne peut s'empêcher, en visionnant ce film, de penser aux attentats du 11 Septembre!

"Je considère Necrology fondamentalement comme une sorte d'étude anthropologique sur la vie et la mort dans le New York d'aujourd'hui. C'est une sorte de capsule temporelle, un objet d'examen pour les générations futures." Standish Lawder en 1973.

Dans la dernière partie du film, une parodie de générique apparaît à l'écran et attribue un titre imaginaire à chaque personnage.
On y trouve nommé un certain Standish Lawder, Film maker : un clin d'oeil à Hitchcock, qui apparaissait quelques secondes dans ses films, par exemple en train de monter dans un bus, dans La mort aux trousses.

(source David Campany & Diane Dufour, commissaires de l'exposition)
L'impact de "Necrology" en 1970 fut stupéfiant, de par sa simplicité formelle et ses résonnances émotionnelles.
On a dit à son sujet que c'était l'un des commentaires les plus puissants et les plus sombres que le cinéma ait jamais produit sur la société contemporaine.


Pour visionner le film :

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