lundi 13 décembre 2010

Don Carlos de Verdi au Met : somptueux!

Ce samedi 11 Décembre, le Met de New York nous a offert, en live à Kinépolis/Mulhouse, un Don Carlos somptueux, en 4h 30 de grand bonheur.

C'est pour moi l'oeuvre majeure de Verdi, que j'ai vue plusieurs fois déjà, et dont je ne me lasse pas : profonde, ambitieuse, la quintessence de l'Opéra.

Cet oeuvre magnifique traite de grandes passions alliées à de puissants intérêts politiques et exprime magnifiquement le cheminement implacable d'un destin tragique.
Le spectateur est entraîné dans une intrigue et des situations spectaculaires qui donnent lieu à une mise en scène fastueuse.

Cet Opéra en 5 actes a été créé en français à l'Opéra de Paris le 11 Mars 1867.
Il nous a été présenté samedi soir dans sa version en italien.

Après avoir hésité entre différents livrets, Verdi s'enthousiasma pour un scénario tiré du drame de Friedrich Schiller, Don Carlos.

Roberto Alagna interprète l'infant d'Espagne Don Carlos avec la puissance et la présence qu'on lui connait, même si par moments son visage m'a semblé manquer un peu d'expression. Alagna chante magistralement un infant qui vacille entre la dépression et la lutte politique au service des Flandres.


Il donne la réplique à Marina Poplavskaia qui nous offre une Elisabeth de Valois toute en force et en finesse, touchante et digne dans sa retenue, bouleversante de ce drame intérieur contenu par la force des choses et des conventions.

Ils sont tous les deux tragiquement contraints de renoncer à leur amour.
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Ferrucio Furlanetto (basse) en Philippe II lorsqu'il s'ouvre au Marquis de Posa, puis dans son long monologue vers la fin de l'oeuvre, campe à merveille un roi d'Espagne écrasé par les doutes, les remords, et le désespoir, après avoir épousé la fiancée de l'infant.

Simon Keenlyside, en Rodrigo, Marquis de Posa, l'ami de toujours de Don Carlos, quant à lui m'a absolument transporté, par son jeu scénique, sa présence d'acteur, et sa voix de baryton chaude et expressive. Il campe un idéaliste qui accepte de se sacrifier à la raison d'Etat.

Je l'avais déjà fort apprécié dans Hamlet d' Ambroise Thomas, retransmis également du Met (Voir ma note du 27 mars 2010)

On ne peut pas ne pas mentionner Eric Halfvarson en Grand Inquisiteur terrifiant, Grand Manipulateur devant l'Eternel.

Quelle fascinante polyphonie de destins!

Verdi ne cessa de réviser cette oeuvre afin de parvenir à sonder les âmes toujours plus profondément...

Vraiment, une soirée mémorable!

Ecoutez ici  un duo Alagna/Poplavskaya également au Met, en novembre 2010 :

2 commentaires:

JCMEMO a dit…

Remarquable analyse !
J'ai passé également une excellente soirée, malgré quelques réserves que je m'efforce d'oublier...
Cordialement

JCMEMO a dit…

Merci beaucoup pour votre commentaire : tout comme vous je place "Don Carlo" au sommet aux cotés de "Rigoletto"
Vous semblez apprécier également Keenlyside : à propos de Hamlet (vu également en mars) vous connaissez peut-être le DVD (un must) enregistré au Liceu (2004) avec ce même chanteur, Uza-Monzon, et Nathalie Dessay (beucoup plus à l'aise dans le rôle d'Ophélie que Petersen) dans la même mise en scéne que celle donnée au Met.

Cordialement. JCM