mardi 15 septembre 2020

Staufen, au Pays de Bade, est bombardée sans raisons le 8 février 1945


Retour à nouveau vers la jolie petite ville de Staufen, dans le Pays de Bade, dont j'ai déjà parlé dans mes deux notes précédentes.

Staufen im Breisgau

J'ai évoqué l'omniprésence dans la ville de la mémoire du Docteur Faust et peut-être aussi de son maléfique acolyte, Méphistophélès, 500 ans après les faits.

J'ai également évoqué la malédiction récente des forages géothermiques et ce qu'il s'ensuit pour la solidité des bâtiments de la ville.

J'évoque maintenant des faits tragiques qui se sont déroulés le 8 février 1945, 3 mois exactement avant la fin de la 2° Guerre Mondiale : le bombardement tout à fait imprévisible, et sans raisons, de la ville de Staufen.


Cette attaque aérienne surprise fit 79 morts et détruisit une grande partie de la ville, et fut d'autant plus choquante qu'elle n'a été justifié par aucune raison stratégique, puisque Staufen n'avait jamais possédé aucun objectif militaire.

Vers midi, et dans l'après-midi du 8 février 1945, des avions de combat français ont attaqué Staufen en trois vagues. Surprise par l'attaque, la population n'a pu se protéger à temps en se rendant dans les abris.


75% des 470 maisons de Staufen ont été gravement endommagées, dont 50% totalement détruites.


Jusqu'à la fin 2009, l'historiographie locale attribuait cette attaque aérienne surprise à la RAF.

Un panneau, situé sur la place centrale de Staufen, tout près de la maison où Faust aurait été emporté par le Diable, laisse planer un doute sur l'exactitude de cette affirmation.



Des recherches précises ont été entreprises, afin d'élucider ce mystère,  par Thierry Feral, germaniste, historien et directeur-fondateur de la collection "Allemagne d'hier et d'Aujourd'hui" aux Editions L'Harmattan à Paris. 

Je me permets de me référer à son article remarquablement documenté, en accès libre sur internet, qui fait également état de ses correspondances à ce sujet avec la Municipalité de Staufen.

Voir la rubrique "Bombardement de Staufen" sur son site ici.

Il ressort de ces études que le bombardement de Staufen a bien été l'oeuvre d'aviateurs français du Groupe de chasseurs bombardiers 1/5 Champagne, qui avait reçu, le 16 décembre 1944 des avions américains neufs de Type P-47 Thunderbolt.

P-47 Thunderbolt

Ce Groupe était engagé en Alsace et en Forêt-Noire.

Le 4 février 1945, le Commandant du Groupe, Edmond Marin La Meslée, héros de la chasse aérienne, qui doit fêter le lendemain son 33° anniversaire et dont l'épouse va bientôt accoucher de son second enfant, est abattu par la DCA allemande en Haute Alsace (à Dessenheim, Haut-Rhin) et son avion s'écrase dans un champ de seigle.

Un peloton ennemi lui rendra les honneurs militaires.

Le Commandant
Edmond Marin La Meslée
(1912-1945)


Roland Dorgelès présentera ce héros de la chasse aérienne, mort avant la victoire finale,
comme "le Guynemer de la Guerre 1939-1945). Voir ici .


Du 5 au 7 février, le moral du Groupe est au plus bas, d'autant plus que le Commandant était non seulement aimé de ses hommes, mais passait depuis 1940 pour invincible (Campagne de France, Afrique du Nord, débarquement en Méditerranée,...)


Le 8 février 1945 12 chasseurs bombardiers du Groupe partent bombarder Staufen pour une mission qui devait être "un travail facile", et y larguent 12 bombes incendiaires et 12 bombes explosives.

On peut admettre que cet acte de représailles sur la population civile de Staufen a été programmée pour "libérer" les militaires français de leur rancoeur accumulée suite à la mort de leur Commandant, et remonter leur moral qui avait été durement affecté par l'évènement.

Un peu plus tard, dans la journée, une autre formation aérienne cherche un convoi de camions de la Wehrmacht qui se dirige vers Freiburg. 

Ce convoi restant introuvable, Staufen est à nouveau bombardée, sur le chemin du retour, sans réel motif.


La tombe du
Commandant Edmond Marin La Meslée
à Dessenheim (Haut-Rhin)


1 commentaire:

JCMEMO a dit…

Emouvante évocation d'un bien triste événement